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Productions spécialisées

Parfum de croissance pour les Ppam

Des rendements qui s’améliorent, une récolte en croissance, des prix à la hausse dans un marché porteur, la filière drômoise des plantes à parfum, aromatiques et médicinales (Ppam) affiche un dynamisme que seules les contraintes réglementaires en matière d’huiles essentielles viennent troubler.
Parfum de croissance  pour les Ppam

Cette année encore, le Syndicat des distilleries de la Drôme et la Fédération des producteurs de lavande, lavandin et plantes à parfum de la Drôme et de l'Ardèche ont organisé en commun, le 18 avril au CFPPA de Nyons, leurs assemblées générales respectives. A ces réunions, présidées par Philippe Soguel pour le syndicat et Alain Aubanel pour la fédération, on notait la présence, entre autres du conseiller régional Didier-Claude Blanc, de la conseillère départementale Pascale Rochas et de Bert Candaele, du Crieppam(1).
Une filière lavandicole dynamique
Tirant le bilan de l'année écoulée, « 2015 a été atypique à plus d'un titre », a indiqué Alain Aubanel. Des conditions météorologiques favorables ont permis, en Drôme, une augmentation moyenne de récolte de 14 % pour le lavandin et de 22 % pour la lavande. Des bons résultats qui sont à tempérer pour les exploitations ayant subi des attaques de noctuelles, heureusement peu nombreuses.
Au niveau des prix, la tendance est globalement à la hausse, légère sur le grosso qui représente la majorité de la production, d'environ 10 % sur les lavandes clonales et de 20 à 30 % sur les variétés abrial et super, qui deviennent malheureusement marginales. Le cours de la lavande de population est resté relativement stable suite à une très grosse récolte.
En ce qui concerne les stocks, ils sont au plus bas. On peut considérer que toute la production 2015 de lavande est vendue, à l'exception de la lavande de population où il commence à y avoir des excédents. La récolte 2015 de lavandin, qui a dépassé les 1 500 tonnes, s'est vendue à un prix rémunérateur.

Un bond de 50 % pour la sauge sclarée

Dans les zones traditionnelles mais aussi dans de nouvelles régions voire de nouveaux pays, les surfaces de Ppam(2) continuent d'augmenter. Le summum a été atteint par la sauge sclarée avec une récolte et un prix tous deux en hausse de 50 %. « Une situation qui aura fait le bonheur des producteurs mais aussi accéléré les semis en France et surtout relancé cette culture en Europe, notamment en Roumanie, et en Chine », a expliqué Alain Aubanel. Il s'est inquiété de « voir arriver de grosses difficultés de mise en marché dans les années à venir ».
En conclusion, Alain Aubanel a constaté le dynamisme de la filière : « Probablement une des plus dynamiques de la région. Le marché mondialisé des Ppam est en forte croissance et offre des débouchés à fortes plus-values : parfumerie, parfum pour lessive, cosmétique, médecine douce, aromathérapie, compléments alimentaires pour l'alimentation humaine et animale. Tout cela assure une croissance du marché à deux chiffres. Cela bénéficie autant à l'agriculture qu'aux entreprises de négoce et de transformation. Sans oublier l'impact touristique qui ramène cent fois plus de richesses sur nos régions. »

Des avancées sur la réglementation

Faisant le point sur la réglementation Reach(3), Philipe Soguel a constaté que les choses vont plutôt dans le bon sens. « Ce qui est positif, c'est que nous sommes devenus des interlocuteurs incontournables des discussions et tables rondes. Nous avons une réelle écoute tant à Bruxelles que dans les différents ministères français. Depuis que nous avons réussi l'exploit d'amener les membres de la Commission européenne dans les champs de lavande et des distilleries, ils ont enfin compris qu'ils étaient allés trop loin et que cette réglementation devait intégrer les spécificités de nos produits naturels, a-t-il souligné. Il faut aussi remercier FranceAgriMer pour son soutien technique et financier sur ce dossier ainsi que le Cihef(4) qui a confié à Charlotte Bringer-Gerin, chargée d'affaire réglementaire, le soin de travailler et de représenter la filière dans ces négociations. »
Suite aux actions syndicales, un comité interministériel, conduit par Robert Tessier, a été mis en place. Il est composé d'un représentant de chaque organisation professionnelle, du conseil spécialisé Ppam et des ministères compétents sur ces sujets (l'agriculture, l'environnement, l'économie, le travail et la santé). La première réunion s'est déroulée en février et des groupes de travail ont été créés. Philipe Soguel y défend les dossiers « réglementations distilleries » et « valorisation des produits d'origine naturelle ». Alain Aubanel porte tout ce qui concerne « l'étiquetage dans le cadre de la vente aux consommateurs ».

« Le dogmatisme écologiste remplace le bon sens »

L’assemblée des lavandiculteurs et distillateurs s’est réunie à Nyons le 18 avril.

S'agissant de l'homologation des produits phytosanitaires, Alain Aubanel constate que chaque année la situation est de plus en plus difficile. « Malgré le travail de nos organismes techniques, le Crieppam(4) et l'Iteipmai(5), tout est devenu compliqué et cher. Chaque fois que nous réussissons à obtenir un produit, on nous en supprime un autre, voire deux autres. Je pense que nous sommes tous d'accord sur la nécessité d'utiliser le moins possible de produits chimiques ou bio en protection des cultures. Mais il faut prendre en considération les impasses techniques que nous subissons, le manque de méthodes alternatives et le fait que nous avons à lutter contre de plus en plus de ravageurs de nos cultures et que les variations climatiques ne nous simplifient pas la tâche, a-t-il fait remarquer. Le pire est que de plus en plus souvent, chez nos décideurs, le dogmatisme écologiste remplace le bon sens et les raisons techniques et agronomiques, ce qui est catastrophique ».
La réunion s'est poursuivie l'après-midi avec l'intervention de Pierre-Yves Mathonnet, conseiller Ppam à la Chambre d'agriculture de la Drôme, sur le thème « Comment accéder aux nouveaux marchés en Ppam ? ». 

Alain Bosmans
(1) Crieppam : Centre régionalisé interprofessionnel d'expérimentation en plantes à parfum, aromatiques et médicinales.
(2) Ppam : plantes à parfum, aromatiques et médicinales.
(3) Reach : acronyme de enRegistrement, Evaluation, et Autorisation des produits CHimiques.
(4) Cihef : Comité interprofessionnel des huiles essentielles françaises.
(5) Iteipmai : Institut technique interprofessionnel des plantes à parfum, aromatiques et médicinales.

 

 Les chiffres de la filière PPAM en Drôme
- 787 producteurs soit 13 % des agriculteurs drômois.
- 6 569 hectares dont 85 % en plantes à parfum (lavandin, lavande ou sauge sclarée), 11 % en plantes aromatiques (coriandre, basilic, aneth, persil...) et 4 % en plantes médicinales (une trentaine d’espèces).
- Les surfaces cultivées en bio ont progressé de 400 % en dix ans et représentent un quart de la sole.
- Quatre groupements de producteurs.
- 30 distilleries : 12 en cuma, 18 sous forme privée (dont 1 ambulante).
- 14 négociants ou transformateurs-négociants.
- Environ 30 entreprises utilisatrices de Ppam (agroalimentaire, parfumerie, cosmétique et pharmacie.