Partez du bon pied avec un colza vigoureux et bien enraciné !

La réussite de l'implantation du colza repose sur deux points essentiels : la capacité à anticiper les travaux en interculture au plus près de la récolte du précédent et semer sans attendre dès le 20 août, même dans le sec. Les pluies récentes, dans certains secteurs, offrent des conditions idéales pour réaliser le travail préparatoire dès que les sols vont redevenir portants : l'humidité accumulée offre une large palette de possibilités de préparations. Attention toutefois à éviter de travailler le sol en conditions trop humides, ce qui aurait des conséquences négatives irréversibles sur l'état structural. La rapidité des interventions et un bon rappuyage restent à privilégier en sols à comportement argileux, soit plus de 18 à 20 % d'argile.
Sol argileux : intervenir deux jours après la récolte du précédent
En sol à tendance argileuse, préparer le sol en juillet dès la récolte du précédent avec un premier déchaumage dans les deux jours qui suivent. Afin de limiter l'assèchement du sol et l'évaporation, un roulage après chaque intervention est indispensable afin de favoriser la germination d'éventuelles repousses de céréales et des graines de mauvaises herbes. Si les pailles sont enfouies, elles doivent être finement broyées et bien réparties, comme les menues pailles. Par la suite, et selon la pluviométrie, un travail plus profond (10 à 20 cm) pourra être réalisé et conditionnera alors un bon enracinement en limitant notamment l'effet semelle du déchaumage. En dernier lieu et sans attendre une pluie aléatoire, il s'agira de réaliser le dernier affinage du lit de semences.
Sol léger : travaillez le sol avant le semis
En sol léger, notamment les limons et sables, le travail du sol type labour repris à la dent pourra être réalisé plus tardivement, c'est-à-dire juste avant le semis : l'humidité remontée par le labour devrait faciliter ainsi la germination du colza. Il convient d'éviter les préparations de sol uniquement à base d'un déchaumage à moins de 10 cm et de passage(s) de herse rotative. Cela entraîne un risque élevé de défaut d'enracinement du colza avec un pivot court de moins de 15 cm ou coudé à cause de la rupture de structure du sol aux environs de 8-10 cm entre la zone travaillée par la herse rotative et la zone non travaillée juste au-dessous.
Semis direct : observez la structure du sol
Le semis direct est possible en sols bien structurés. Ce choix, parfois lié à la volonté d'implanter le colza sans assécher l'horizon de surface dans un contexte de sécheresse, peut être une alternative intéressante lorsque le risque d'enherbement en dicotylédones est important.
Au préalable, un diagnostic de la structure est nécessaire et le coup de bêche reste le meilleur indicateur pour s'assurer que le sol est facilement exploitable par les racines. Il s'agit de vérifier d'abord l'absence de zones compactées par les passages d'engin, puis l'absence de rupture de structure trop brutale en lien avec l'emploi d'outils de travail du sol inappropriés. L'installation de chasse débris ou d'une fine dent libérant la ligne de semis des résidus est fortement conseillée pour conserver une levée homogène.
Semez dès le 20 août même dans le sec
En semant au 20 août, les agriculteurs augmentent la probabilité de profiter de pluies suffisantes pour assurer une levée des colzas dans de bonnes conditions avant le 20 septembre et ainsi viser le stade quatre feuilles avant début octobre : 6 à 7 mm en une seule pluie suffisent sur un sol bien préparé (affiné, sans mulch de paille trop important). La graine de colza se conserve très bien dans le sol. Ceux qui attendraient la pluie courent le risque de passer à côté de celle qui fera lever la culture au plus tôt.
Semez tôt pour réduire les phytos
Des semis plus précoces, dès le 15 août, sont recommandés dans les secteurs les plus au nord (Ain et l'Allier), en particulier sur les situations en terres argileuses. Une stratégie qui permet d'esquiver les attaques de la grosse altise. Une levée avant le 20 septembre permet en effet au colza de dépasser le stade quatre feuilles au moment du pic de vol de la grosse altise qui se situe généralement autour du 10 octobre. Dès quatre feuilles, le colza peut faire face aux attaques (morsures) de la grosse altise sans perdre de vigueur. La protection insecticide peut ainsi dans la plupart du temps être évitée, ou très fortement réduite. Au contraire, si la phase levée – stade trois feuilles se déroule fin septembre début octobre au moment des vols, les dégâts seront très préjudiciables.
Rouler après le semis pour perturber la grosse altise
Le roulage après le semis est une technique complémentaire pour limiter les attaques de la grosse altise. Le roulage après semis provoque un effet de perturbation de l'habitat de la grosse altise et de ce fait en limite les attaques. Cette technique offre des résultats positifs exceptés en sols trop motteux, après un labour par exemple.
A. Micheneau - Terres Inovia Sud - [email protected]
Guide colza Terres Inovia – édition juin 2017 - Gratuit sur demande : E.Broquet Tel : 05 62 71 79 36 ou à télécharger sur www.terresinovia.fr
Fertilisation : un apport de phosphore au semis pour un colza vigoureux
Dans le Sud, la teneur en phosphore des sols est souvent inférieure au seuil critique alors que le colza est particulièrement exigeant en P2O5 dès le stade plantule car il stimule notamment la croissance des racines. Ainsi, des carences en phosphore plus ou moins marquées sont fréquentes. Elles pénalisent le colza dès le début de la culture. L’apport de phosphore au semis peut être combiné à un apport modéré d’azote en plein ou en localisé (dans la ligne de semis ou juste à côté). Cet apport, dans tous les cas, doit être inférieur à dix unités N*, comme par exemple 50 kg/ha d’engrais 18-46-0 avec localisateur. Cet apport pourra permettre une croissance précoce, un peu plus vigoureuse et réduisant la nuisibilité des altises adultes.
Dans un contexte économique « tendu », bon nombre de producteurs envisagent de faire l’impasse sur la fumure de fond : ce serait un mauvais calcul ! Une mauvaise alimentation phosphatée peut coûter 5 q/ha, voire plus, en situation de carence sévère. Un minimum de 30 à 50 unités de P2O5 est nécessaire dès l’automne dans les sols pauvres et les sols argilo-calcaires.
(*) Attention, dans les zones vulnérables liées à la directive nitrates : ce conseil doit être adapté à la réglementation qui fixe des périodes d’interdiction d’apport des fertilisants azotés (le plus souvent du 1er septembre au 30 janvier) et des conditions d’apports (localisation, dose). Reportez-vous impérativement à la réglementation.
Choisir des variétés à bon comportement
Quand vient la question du choix variétal, il est conseillé de privilégier les variétés à bon comportement vis-à-vis de l’élongation automnale, de la verse et du phoma. Toutes les références des variétés commercialisées en France et évaluées par Terres Inovia sont disponibles sur www.myvar.fr
Récolte 2017 / Fin juin, début juillet, les récoltes de colza ont démarré dans le Sud-Est. Les premiers résultats sont encourageants avec des rendements corrects compris entre 35 à 45 q/ha.
Dans le Sud-Est, les rendements en colza sont satisfaisants
Les températures caniculaires du mois de juin ont accéléré la maturation des colzas et les récoltes ont démarré dans la plupart des secteurs. L’état d’avancement des récoltes est très variable : récoltes terminées dans le Sud-Est (Languedoc-Roussillon et Paca), à venir dans les prochains jours en Auvergne et au nord de Rhône-Alpes et en cours dans les autres secteurs. Les pluies récentes ont interrompu les chantiers de récolte, mais la majorité d’entre eux devraient être achevés d’ici la mi-juillet.Des premiers résultats très encourageants !
Globalement, les premiers échos de rendement affichent des résultats satisfaisants voire très satisfaisants : 35 à 45 q/ha dans le Sud-Ouest, Sud-Est et Sud de la région Rhône-Alpes, avec des records jusqu’à 50q/ha. Les aléas climatiques (gel tardif) et dégâts de méligèthes ont été parfois très pénalisants (dans la vallée de la Durance notamment). Cette campagne montre, une fois encore, les capacités de compensation exceptionnelles du colza avec une production de siliques sur les ramifications secondaires ! La faible pression maladie et le très bon état sanitaire des parcelles sont les points marquants de cette campagne.
Terres Inovia
