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Portrait

Pascal Monier, près de 40 ans à la cave de la Vinsobraise

Entré en 1981 à la Vinsobraise en tant qu'œnologue, Pascal Monier en a pris la direction en 1988, succédant à son père. Sa carrière, ses satisfactions, sa vision de l'avenir.
Pascal Monier, près de 40 ans à la cave de la Vinsobraise

Pascal Monier « baigne » dans le vin, si l’on peut dire, depuis sa naissance en 1958. Son père, alors directeur de la Vinsobraise, disait : « Mon fils est né le 3 novembre quand on décuvait la cuve numéro trois ». Dans son enfance, le petit Pascal habite l’appartement de fonction de la cave avec sa famille. Pendant ses études, après un BTA au lycée agricole du Valentin à Bourg-lès-Valence, il poursuit avec un BTS viticulture-œnologie à Montpellier. Et en 1980, année de son service militaire, « je viens donner un coup de main à mon père pendant un mois pour la vinification car les vendanges se sont finies sous la neige le 11 novembre, se souvient-il. C’est une grosse récolte : 110 000 hectolitres (hl) et l’une des années les plus tardives depuis la création de la cave. »

Récoltes : le grand écart

Après l’armée, Pascal Monier travaille six mois au laboratoire Laco, à Suze-la-Rousse, avant d’être embauché en février 1981 comme œnologue à la Vinsobraise. 1981 est une année de gel où la cave vinifie seulement 53 000 hl. La moitié moins, donc, que la vendange précédente. Ça commence mal pour le jeune Pascal ! Heureusement, « depuis, on n’a jamais rentré une récolte aussi basse ». Et une petite satisfaction pour la Vinsobraise : elle obtient le grand prix du concours des grands vins de Mâcon (ce prix n’existe plus à présent) en Vinsobres rouge Côtes-du-Rhône village millésime 1981. Donc, Pascal Monier est entré à la cave une année de faible production. En revanche, l’année où il devient son directeur, en 1988, elle enregistre sa plus grosse récolte : 139 000 hl. Depuis, les années ont passé... et l’heure de la retraite approche pour lui : ce sera en novembre prochain.

Des satisfactions

Parmi les plus grandes satisfactions de sa carrière, Pascal Monier cite : « avoir su mener tous les dossiers d’investissement à terme techniquement, administrativement et financièrement ; avoir toujours géré la cave comme ma propre entreprise et en ayant comme ultime but la meilleure rémunération des adhérents, valoriser au maximum leur travail ; avoir mis en place différentes animations à la cave(1)  ; mes relations avec le personnel toutes ces années car, sans eux, la cave ne peut pas fonctionner »...
Le directeur de la Vinsobraise se plaît aussi à raconter sa rencontre, sur une piste de ski de fond dans le Vercors, avec les biathlètes Raphaël Poirée et Liv Grete Skjelbreid. Un peu plus tard, ces deux champions créent un lieu de séminaires en Norvège où des entreprises envoient leurs salariés décompresser en pratiquant le biathlon. Depuis quelques années, la Vinsobraise fournit en vins ce lieu. En plus, en tant que consultante d’une chaîne de télévision norvégienne, Liv Grete est venue à Vinsobres dans le cadre d’un projet de mise en avant du vin. L’équipe a filmé la commune, ses vignes, la Vinsobraise... « J’ai sympathisé avec ces deux sportifs, confie Pascal Monier. Ce sont des relations simples et fortes. Au cours de ma carrière, j’ai aussi noué des liens humains forts avec des clients, des fournisseurs et des collègues de la filière. »

Regard sur le futur

« La coopération est l’un des meilleurs moyens d’aborder la filière agricole, que ce soit techniquement ou commercialement, estime Pascal Monier. Mais l’individualisme met à mal ce système alors que des scop(2) se créent. C’est paradoxal. Le marché du vin est de plus en plus complexe. Il faut être réactifs pour répondre aux demandes des consommateurs, qui deviennent de plus en plus ponctuels ». Il prend comme exemple l’explosion du marché des rosés, « qui a imposé à la Vinsobraise de retravailler ses sélections parcellaires et son mode de vinification » pour ces vins-là. Et d’insister : « Il faut savoir s’adapter, ne pas vinifier uniquement les vins que l’on aime. Les consommateurs sont de plus en plus sensible aux méthodes de travail, aux pratiques environnementales. Les vignerons devront être plus proches des attentes de la société sur le bio, la certification haute valeur environnementale (HVE)... Une vingtaine d’adhérents de la Vinsobraise ont leur exploitation en cours de certification HVE dans le cadre de la démarche collective du syndicat des vignerons des Côtes-du-Rhône. A mon avis, cette certification va devenir incontournable ».
Annie Laurie
(1) Animations : la fête de la vigne et du vin, des soirées « Vino’concerts » l’été, des visites de la cave et dégustations. Mais aussi le « week-end  Vinsobraise et Coops » : chaque année (en fin novembre), la  Vinsobraise invite des coopératives d’autres régions viticoles de France à présenter leur savoir-faire et leurs productions (animations, dégustations et ventes de vins et fromages).
(2) Scop : société coopérative et participative.