Accès au contenu
Recherche

Passer à une alimentation 100 % biologique en aviculture

Le règlement européen de l’agriculture biologique impose le passage à une alimentation 100 % biologique en 2018 (5 % d’aliment non bio est encore autorisé).
Passer à une alimentation 100 % biologique en aviculture

La filière avicole doit se préparer à maintenir les performances technico-économiques tout en maximisant la valorisation des matières premières locales. Un enjeu capital pour les éleveurs alors que l'alimentation représente 60 à 65 % du coût de production (références Itavi). En outre, le nouvel impératif réglementaire risque d'accentuer la dépendance de la filière française au tourteau de soja, majoritairement importé. Cinq programmes de recherche, dont le projet Casdar Avialim Bio (2011-2015), se sont associés pour trouver les premières réponses à cet enjeu technique majeur. En présentant certains résultats, Christel Nayet de la chambre d'agriculture de la Drôme a rappelé les enjeux : équilibrer les formules (lysine, méthionine, etc), limiter l'utilisation du tourteau de soja, trouver des matières premières protéiques alternatives. Les recherches ont permis aussi de mieux identifier les besoins des volailles de chair au démarrage, en croissance et à la finition.

Multiplier les matières premières

A compter de 2018, certains composants riches en lysine et méthionine ne pourront plus être utilisés. Aussi, l'Inra a testé 22 matières premières substituts
(11 tourteaux, concentrés protéiques de riz et luzerne, concentrés partiels ortie et luzerne, l'ortie fourrage, ou bien des larves d'insectes ou crépidules(*). Les caractéristiques chimiques et la digestibilité des produits ont été analysées. Christel Nayet a pointé quelques conclusions. Il apparaît difficile de passer outre le tourteau de soja, qui s'avère indispensable pour sécuriser le démarrage. Des taux élevés de concentré protéique de luzerne ou de tourteaux de tournesol dégradent les résultats. L'ortie montre des performances acceptables (5 % des mélanges), mais la maîtrise de sa culture n'est pas assurée. Il apparaît sage de multiplier les matières premières et de s'adapter à l'approvisionnement. Les éleveurs réaliseront leurs choix en tenant compte des prix et de l'efficacité des matières disponibles. Le passage au 100 % bio ne sera pas aisé ; la recherche-développement va devoir se poursuivre sur la diversification des productions végétales et les fabricants d'aliments devront travailler sur l'incorporation d'enzymes et de micro-ingrédients. 
L. G.


* coquillage qui envahit les élevages d'huîtres et moules et adhère aux coques de bateaux.
Les résultats : un cahier technique à destination des éleveurs et techniciens fait la synthèse des connaissances des partenaires et des nouvelles informations acquises via les 5 programmes de recherche. http ://www.paysdelaloire.chambagri.fr/uploads/media/cahier_alimentation_volailles_bio_2015_complet_01.pdf

 

Commerce / Les éleveurs français s’inquiètent de l’issue des négociations du partenariat transatlantique sur le commerce et l’investissement (TTIP*).

Faut-il craindre  les filets américains ?

L’inquiétude repose sur des hypothèses : si l’UE cédait sur des mesures sanitaires et qu’un système de reconnaissance mutuelle de normes soit adopté, le filet de poulet congelé américain pourrait alors entrer en compétition avec son homologue brésilien exporté en Europe, mais les poulets labels et bio de l’UE pourraient trouver des niches outre-Atlantique.
Cependant, actuellement, le premier producteur (20,3 Mt en 2014) et exportateur mondial (19 % de sa production) de volailles ne vend pas en Europe. Les États-Unis s’intéressent avant tout au marché asiatique, plus facile d’accès et sur lequel la concurrence en volailles de chair est moins forte qu’en Europe. La filière américaine dispose d’outils de production compétitifs qui s’adaptent rapidement aux changements de la demande des consommateurs. Elle est soumise à bien moins de contraintes en termes de bien-être animal et d’utilisation d’antibiotiques qu’en Europe. De plus, la décontamination chimique des carcasses (chlore et acide paracétique) est habituelle et constitue un obstacle majeur aux échanges avec l’UE.
Parmi les différences entre les deux continents, il faut noter qu’aux États-Unis le poids moyen d’une volaille à l’abattage est de 2,5 kg afin de satisfaire les goûts des Américains qui consomment 45 kg/an/habitant de poulet et de préférence des morceaux, filets et cuisses (41 % en découpe) et de la volaille cuisinée (47 % du poulet est transformé). Par ailleurs, 45 % des ventes sont destinées à la restauration, dont 56 % à des chaînes de fast-food. Les principaux clients importateurs des Etats-Unis qui permettent à la filière de valoriser tous les morceaux sont le Mexique (413 000 t de découpes fraîches et 148 000 t de cuisses congelées), la Russie (248 000 t de cuisses congelées en 2013 avant l’embargo), la Chine (150 300 t de pattes congelées et 65 500 t de découpes congelées) et le Canada (118 700 t de découpes fraîches). 
L. G.
* Tafta ou TTIP : Transatlantic trade and investment partnership.