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Sécurité

Patrice Rousset, un gendarme « agricole »

Suite à la mise en place du dispositif Vigi Agri 26 dans le département de la Drôme, la compagnie de gendarmerie de Pierrelatte a créé une cellule de contact du monde rural. Patrice Rousset, agent de police judiciaire à la brigade de Montélimar, en est le principal interlocuteur.


Patrice Rousset,  un gendarme « agricole »

En octobre dernier, la chambre d'agriculture de la Drôme et la préfecture ont uni leurs compétences pour mettre en place un dispositif d'alertes entre les agriculteurs, appelé Vigi Agri 26, pour lutter contre les vols, dégradations, intrusions et autres agressions au sein des exploitations agricoles. De là a émergé l'idée de la Compagnie de gendarmerie de Pierrelatte de créer une cellule de contact du monde rural. « L'objectif est de renforcer les liens avec le monde rural et d'assurer une proximité avec les agriculteurs », souligne Patrice Rousset.
Agent de police judiciaire, en poste à la brigade de Montélimar depuis 2016 après avoir longtemps exercé sur la plaine agricole de La Valdaine, ce gendarme connaît mieux que personne le domaine de l'agriculture. « Je suis issu du milieu puisque mes parents étaient agriculteurs en polyculture-vaches laitières dans le Sud-Ouest, entre Agen et Montauban, d'où je suis originaire, explique-t-il. J'ai même effectué quatre ans d'études agricoles par alternance et obtenu un brevet d'études agricoles professionnelles puis un brevet de technicien agricole, option élevage. »
Si l'ambition première était de reprendre l'exploitation familiale, il a finalement changé d'orientation pour se consacrer à une carrière militaire... C'est donc tout naturellement qu'il s'est porté volontaire pour assurer le rôle d'interlocuteur privilégié des agriculteurs... Un retour à ses premiers amours en quelque sorte.

Un maillage de surveillance accrue

« Je suis un passionné d'agriculture et de machinisme depuis tout petit. Dès mon arrivée à la brigade de Marsanne, en 2002, j'ai pris contact avec tous les agriculteurs que je pouvais rencontrer à l'occasion de mes services de surveillance générale, premièrement par pure passion, mais également pour leur apporter mon soutien et leur témoigner qu'en tant que fils d'agriculteur, ils pourraient compter sur mon aide en cas de soucis divers », indique Patrice Rousset.
Il n'est pas sans savoir qu'en zone rurale, les agriculteurs constituent le meilleur maillage de surveillance du territoire. « Ils sont journellement dans leurs champs, sur la route, sur leurs exploitations et sont donc des agents de renseignements essentiels. Les contacts avec ces derniers sont primordiaux. Ainsi, la création de la cellule de contact du milieu rural m'a permis d'accentuer mes relations avec eux car les missions principales de la gendarmerie sont entre autres la surveillance du territoire, la protection des personnes et des biens, et le recueil du renseignement. En plus des patrouilles de surveillances, je rencontre plusieurs fois par mois des aviculteurs, viticulteurs, apiculteurs, sociétés agricoles, semenciers, concessionnaires en machinisme..., afin de leur montrer l'implication de la gendarmerie dans le milieu agricole et recueillir les difficultés et problématiques qu'ils peuvent rencontrer », poursuit-il.

Une écoute attentive

Être à l'écoute des agriculteurs, gérer leurs éventuels problèmes avec le voisinage, répondre à leurs diverses questions sur les réglementations ou leur apporter des conseils, telles sont les différentes missions portées par la cellule.
De plus, depuis la montée en puissance de l'agribashing, les exploitants agricoles ont pris conscience de la nécessité d'avoir recours à des systèmes de vidéosurveillance ou d'alarme pour protéger leurs exploitations. « La gendarmerie de la Drôme dispose d'une cellule dénommée Demeter 26 qui est dédiée à cette mission. Lorsqu'un agriculteur est intéressé, je sollicite cette cellule qui effectue, sur place, une consultation sureté. Cela permet d'apporter une solution de sécurité et de prévention des actes malveillants en cohérence avec la configuration de l'exploitation. »

La Compagnie de gendarmerie de Pierrelatte souhaite, par le biais de la cellule de contact du monde rural, accompagner et soutenir au mieux les agriculteurs dans la gestion de leurs conflits.

Le monde agricole sans cesse bafoué

Grâce aux actions de la gendarmerie, l'agribashing a cependant quelque peu diminué. Malheureusement, d'autres soucis viennent contrarier le quotidien des agriculteurs. « Ils me font remonter des problèmes nouveaux comme des pétitions lors de l'implantation de bâtiments agricoles ou d'élevage, des nuisances et conflits liées aux bruits générés par des activités agricoles, où l'épandage d'intrants et pulvérisations, etc, note Patrice Rousset. La charte des riverains, qui est actuellement en phase de consultation et qui devrait être mise en œuvre dans le dernier semestre 2020, ne rassure pas nos agriculteurs, même si son but est d'encadrer une nouvelle réglementation d'utilisation des produits phytosanitaires (zone de non traitement) afin de pouvoir résoudre les conflits entre riverains et agriculteurs. »
Et ce dernier de conclure : « Nos agriculteurs avouent se sentir délaissés et incompris de la société : ils sont bafoués par les associations animalistes, écologistes, sont confrontés à des problèmes de plus en plus nombreux avec les riverains, des difficultés grandissantes (réchauffement climatique, attaques de loups, concurrence étrangère, problème de recrutement de main-d'œuvre, baisse des revenus, normes de plus en plus exigeantes, etc.). Malgré ces contraintes fortes, ils cherchent en permanence à améliorer leurs techniques de production et consacrent toute leur énergie à nous nourrir et entretenir nos territoires ». Plus que jamais, le rôle de la gendarmerie sera donc essentiel pour protéger ces femmes et ces hommes qui travaillent, sans relâche, pour assurer la souveraineté alimentaire. 

Amandine Priolet