Pêche et abricot : regard sur l'été 2015 et le verger

Nourrir la réflexion des acteurs de la filière pour construire des stratégies en abricots, pêches et nectarines, telle était l'ambition des quatrièmes Rendez-vous de l'arbo en Rhône-Alpes, organisés par l'association Fruits Plus le 15 décembre à Valence. Son président, Régis Aubenas, l'a souligné en ouverture, avant que Raphaël Martinez, de l'AOP(*) pêches et abricots de France, tire les enseignements de la saison 2015 et analyse l'évolution des vergers.
Du positif en pêches
En pêches et nectarines, sont à retenir de la saison 2015 : une récolte moyenne (cliquer sur ce lien) démarrée avec 10 jours de retard, des rendements faibles, une excellente qualité jusqu'à fin août, des résultats corrects pour la majorité des producteurs. La chaleur a boostée la consommation (hausse en volume et valeur). L'origine France a bien été valorisée : les GMS ont joué le jeu et ne se sont pas livrées à une guerre des prix. Comparée à l'origine espagnole, la production française a bénéficié d'un différentiel de prix intéressant, grâce à sa qualité. Les importations ont atteint un record (près de 140 000 tonnes). Les exportations ont difficilement résisté (40 000 tonnes). L'Allemagne n'est plus que la troisième destination, derrière la Suisse à présent en tête et la Belgique.
Les prix à l'expédition se sont révélés nettement meilleurs qu'en 2014, avec toutefois une fin de saison difficile. « La différence de prix entre les calibres A et B n'avait jamais été aussi grande que cette année. » En termes de rémunération, 2015 est une année positive pour la plupart des producteurs, sauf accidents. « La filière a connu une année relativement satisfaisante, grâce à son positionnement sur le créneau qualitatif et son organisation, a résumé Raphaël Martinez. Cela donne de l'espoir. Mais la situation reste fragile. »
Des disparités en abricots
En abricots, débutée assez tard également, la récolte (cliquer sur ce lien) a été déficitaire en variétés précoces. Elle a reculé sur les bassins Languedoc-Roussillon, Rhône-Alpes et Paca. La consommation a peu progressé (elle n'est pas dopée par la chaleur). Des problèmes qualitatifs, de tenue des fruits (liées aux températures élevées) ont été observés, notamment sur Bergeron. Le marché français du frais a été fluide. Une valorisation différente selon les variétés a été constatée. Les dépenses des ménages ont continué à croître, du fait des prix. Les importations (à 90 % en provenance d'Espagne) ont encore augmenté, surtout en juin. A l'export, le marché a été stable en Allemagne, difficile en Italie et en recul dans les pays de l'Est. L'industrie a constitué un bon complément de débouchés. Les résultats sur les exploitations sont globalement positifs mais cachent des disparités entre régions et producteurs.
Pêches : suivre la demande
En pêches et nectarines, 5 841 hectares sont recensés au niveau de l'AOP dont 10 % en Rhône-Alpes. Totalisant 328 hectares (43 % en nectarines jaunes) dont 25 dans notre bassin (58 % en nectarines sanguines), les plantations ont également été en retrait l'hiver passé. Le potentiel de production global à trois ans (2018) augmenterait de 9 % (hors arrachages liés à la sharka). Selon Raphaël Martinez, si l'offre 2015 correspond à un marché français équilibré, elle doit cependant s'adapter à l'évolution de la demande. Celle-ci est ferme en nectarines, notamment blanches, s'érode en pêches jaunes, poursuit sa croissance en pêches plates et les sanguines progressent dans certaines enseignes. Au niveau du producteur, le choix doit intégrer période, sous-espèce, circuit de commercialisation, prise de risque...
Abricot Anegat : bientôt 150 hectares
Côté vergers, l'AOP compte 4 190 hectares d'abricotiers, dont 45 % en Rhône-Alpes (où les plantations sont plus âgées que la moyenne). L'hiver 2014-2015, les plantations ont reculé. Elles ont concerné 76 variétés pour 204 hectares sur l'AOP et 40 sur 50 hectares dans notre bassin de production. En Rhône-Alpes, elles sont plus sur des variétés de cœur et fin de saison. La liste des variétés plantées reste large, même si quelques-unes émergent. Les plantations de l'hiver 2015-2016 s'annoncent plus élevées. L'élargissement du calendrier variétal se poursuit. Totalisant 936 hectares cette année, Bergeron a perdu 17 % de surface comparé à 2012. Quant à la variété Anegat, 150 hectares sont déjà en place ou vont être plantés cet hiver. « Elle risque de peser sur l'offre à moyen terme, a remarqué Régis Aubenas. Nous avons intérêt à bien observer son évolution et à anticiper. » Les caractéristiques d'Anégat : résistante à la sharka, autofertile, régularité de production, fort potentiel de charge et calibre, présentation lumineuse, bonne tenue et qualité gustative du fruit mais sensible à la bactériose.
En termes de recommandations, Raphaël Martinez a mis en garde vis-à-vis de la concurrence espagnole sur le créneau des variétés précoces, a invité à ne pas négliger le cœur de saison et noté des attentes en tardives. Il a encore constaté de la confusion dans l'offre (pléthore de variétés plantées) et appelé à « travailler » le nouveau segment des abricots rouges, afin de ne pas le galvauder.
Annie Laurie
(*) AOP : Association d'organisations de producteurs.
Variétés d'abricot / L'association stratégique abricot Rhône-Alpes (Asara) préconise une liste de variétés d'abricot adaptées. Evolutive, elle s'enrichit.Des préconisations et des évolutions


Dans le calendrier, reste encore des créneaux à pourvoir. Deux variétés à l'étude devraient permettre de combler des « trous » après Bergeron. Des abricots rouges pourront venir compléter la gamme dans les années à venir. Selon Christophe Chamet, tous les hybrideurs ont des programmes aboutis sur le marché des abricots à épiderme rouge. « Un train arrive, a-t-il remarqué. La question n'est pas de savoir s'il faut y monter mais comment on va y monter. »
Quant aux abricots à chair blanche, de son point de vue, ils correspondent plus à un marché de niche. Et ce, dans la mesure où les variétés se démarquent par leur qualité mais, étant plus fragiles que les variétés traditionnelles, ils demanderont davantage d'attention pour la récolte et la commercialisation. S'annoncent aussi des évolutions en termes de résistance ou tolérance aux bioagresseurs (tels que sharka, bactériose). Elles seront un moyen d'améliorer la durabilité des vergers et de répondre aux demandes sociétales et environnementales, qui s'accroissent.A.L.(*) Sefra : station d'expérimentation fruitière Rhône-Alpes.
Rénovation des vergers : 692 dossiers retenus pour un montant d'aide de 4,35 millions d'euros
L'appel à projet concernant la rénovation des vergers expirait le 15 septembre pour les fruits à noyaux et le 31 juillet 2015 pour les autres fruits. Au terme de l'instruction, 692 dossiers ont pu être retenus par FranceAgriMer pour un montant d'aide global de 4,35 millions d'euros. Un abondement de 350 000 euros au budget initial a permis de sélectionner 118 dossiers de plus.