Accès au contenu
Négociations

Un contrat de progrès entre l'AOP pêches et abricots de France et Mousquetaires

La signature d'un accord avec le groupement Mousquetaires visant à promouvoir la production française de fruits d'été s’est déroulée le 27 mai sur l’exploitation de Régis Aubenas, président du comité régional d’Interfel, à Châteauneuf-sur-Isère. 

Par M.E.
Un contrat de progrès entre l'AOP pêches et abricots de France et Mousquetaires
©ME-AD26
« Cet accord n'a rien de révolutionnaire mais il vise à promouvoir la production française et permettre d’être plus réactifs quand l’AOP nous donne le coup d’envoi pour basculer sur la production française », a expliqué Fabien Dubost, représentant du groupement Les Mousquetaires.

La signature de trois contrats de progrès est en cours entre l'AOP pêches et abricots de France et les enseignes Les Mousquetaires, System U et Carrefour. Ces contrats de progrès viennent en réponse à la crise survenue en 2024 notamment en pêches nectarines. Objectif : promouvoir la production française de fruits d'été dans les étals de la grande distribution. 

« Nous étions montés fortement au créneau sur les origines et la guerre des prix. Un rapport de force s’était créé entre la grande distribution et le syndicalisme agricole, dont la FNSEA. Nous avions lancé des actions et Arnaud Rousseau, président de la FNSEA, était monté à la charge pour que l’on puisse trouver un système au sein duquel nous ne soyons pas dans la confrontation mais dans l'anticipation des choses, a rapporté Régis Aubenas, lors de la signature de l’accord sur son exploitation. C’est une première avancée que trois enseignes s’engagent. Nous allons regarder si les engagements sont tenus et comment cela se passe avec les autres enseignes. Pour nous, c’est plutôt positif mais nous restons vigilants et les enseignes sont toujours sous surveillance ». 

Cette rencontre s’est déroulée en présence de plusieurs responsables de services à Intermarché, des entreprises telles que HDC Lamotte, Betton fruits ou Metral fruits, des grossistes comme Fruits et compagnie ou Comptoir Rhodanien, des coopératives à l’image de Rhoda-Coop ou Valsoleil, des producteurs et des acteurs de la filière comme Interfel et l’AOP pêches et abricots de France et le label Vergers écoresponsables. ©ME-AD26

Sur place, le partenariat a été signé par Fabien Dubost, président de la société en commandite par actions Fruits, légumes et fleurs d’Intermarché (SCAFLF), et Bruno Darnaud, président de l'AOP pêches et abricots.

Basculer sur la production française

Avant de signer ce contrat de progrès, les opérateurs ont été invités à visiter la station de conditionnement des Vergers des Seyvons, à Granges-les-Beaumont, et les vergers du Domaine des Grands Chaux de la famille Aubenas. L’occasion de rappeler les attentes des producteurs. « L’année dernière, l’entrée de saison fut très difficile avec une météo affreuse. Nous avons beaucoup souffert en pêches, nectarines et abricots. Il manquait 35 % de récolte, rappelle Bruno Darnaud. Cette année en pêches et nectarines, nous sommes sur une récolte à peu près normale. Entre les produits espagnols qui ont souffert, notamment en abricots, et l’Union européenne qui n’a pas une récolte exceptionnelle, le message c’est que nous sommes plutôt bien partis. Nous avons une météo avec nous, une qualité de fruits qui est au rendez-vous. Nous sommes présents avec deux ou trois jours de retard par rapport à l’année dernière. Nous avons ramassé les premiers abricots il y a une dizaine de jours et les premières pêches commencent à arriver. Nous comptons sur les enseignes pour basculer le plus rapidement possible sur notre production française ».

Un discours largement applaudi par les participants. De son côté, Fabien Dubost est revenu sur les objectifs de cet accord de progrès. « Nous avons décidé d’avancer. Nous discutions, nous discutions et, pour la première fois, nous avons décidé d’écrire. J’espère que cela va contribuer à entretenir cette relation avec la filière. Cet accord n’a rien de révolutionnaire mais il vise à promouvoir la production française et permettre d’être plus réactifs quand l’AOP nous donne le coup d’envoi pour basculer sur la production française. Cela va aussi jouer sur l’amélioration de la qualité et la volonté d’inculquer à nos plus de 2 000 magasins en France, à nos chefs de rayons, un meilleur fonctionnement. Les guides métiers vont nous aider car les collaborateurs ne savent pas toujours comment bien stocker les produits, les mettre en rayon… Enfin, ce partenariat nous engage à acheter au plus près des opérateurs et d’expédier au plus prés de nos bases pour limiter nos émissions de CO2, a déclaré le représentant de la SCAFLF. Intermarché fait plus de 80 % de pêches nectarines et abricots français, le but c’est de monter encore, de faire le début de campagne sur l’Espagne et basculer sur le français dès que la production est là ». 

Mettre en avant les Vergers écoreponsables

Bruno Darnaud a souligné l’importance du label Vergers écoreponsables dans ces échanges. « Nous avons souffert de la guerre des distributeurs. Ces contrats de progrès peuvent éviter ces guerres-là et les démarrages poussifs. Nous avons parfois l’impression qu’il y a des écarts entre le marketing et l’achat et les enseignes oublient parfois le contact direct avec les producteurs. Lorsque nous souhaitons alerter sur des problèmes de récolte ou qualitatifs, l’échange reste un bon point. Ce contrat de progrès c’est vendre des produits français au bon prix. Le but, c’est de se rapprocher pour éviter les distorsions surtout en décalage. Nous ferons des bilans pour suivre ces contrats ».

« Un mot sur l’actualité phytosanitaire très importante : nous avons beaucoup participé à ce débat. Nous sommes très inquiets sur la protection des vergers et les impasses sanitaires. Nous avons vraiment besoin de cela aujourd’hui pour vous emmener des fruits de qualité », a défendu Bruno Darnaud, faisant le lien avec la proposition de loi Duplomb (lire notre précédente édition). ©ME-AD26

Le label Vergers écoresponsables a mi en avant la création d’outils concrets pour promouvoir la production dans les enseignes : un document à destination des responsables et chefs de rayon afin d’optimiser les rayons, de bien les tenir et de les réapprovisionner. Une carte pourra aussi être accolée autour de l’étiquette de prix pour valoriser la production labellisée Vergers écoresponsables. Côté producteur, cet engagement laisse entrevoir quelques attentes, comme en témoigne Adrien Patouillard, 32 ans installé depuis l’année dernière à Châteauneuf-sur-Rhône : « J’attends aussi de ce contrat que nous ayons une plus juste rémunération afin d’investir. En tant que jeune producteur, un verger nous engage sur 15-20 ans. Il faut que nous puissions compter sur les clients pour valoriser notre production. C’est important de prendre en compte nos coûts de revient qui ont fortement augmenté ces dernières années avec le gel, la grêle et les renouvellements variétaux. Ces engagements sont importants pour encourager les jeunes générations qui se lancent en arboriculture. »