Pêches, nectarines, pavies : une baisse de 10 % annoncée

Avec 215 864 tonnes pour la récolte 2017 de pêches, nectarines et pavies, la France reste derrière l'Espagne (1 514 200 t) et la Grèce (829 000 t). Par bassin, la répartition est la suivante : 91 555 t en ex-région Languedoc-Roussillon, 68 443 t en Paca, 35 700 t en Rhône-Alpes, et 20 166 t dans les autres régions. A la différence de l'Espagne, la France est « concentrée sur son propre marché », avec une capacité d'exportation limitée, analyse Raphaël Martinez, directeur de l'AOP pêches et abricots de France. Le marché est approvisionné à 70 % par la production française. Moins soumis aux aléas économiques européens, le marché français reste « positif pour la quatrième année consécutive pour les producteurs français », malgré la baisse attendue.
« S'ouvrir à de nouveaux clients »
Forte de volumes importants, l'Espagne a cependant connu « la pire campagne de son histoire », estime Manel Simón, directeur général d'Afrucat (Catalogne). Si les chiffres de prévisions de l'Espagne et de l'Italie ne sont pas encore dévoilés, le salon Medfel ayant lieu trop tôt pour ces pays, la saison espagnole de l'an dernier a connu une « production pleine », notamment à Murcie et en Catalogne, mais avec des « prix terribles », la faute à une précocité exceptionnelle et un marché engorgé dès le départ.
Idem pour l'Italie. La grêle, une très longue floraison et « un retard de production de 8 à 10 jours » en Catalogne augurent d'une production moindre que l'an dernier, prévoit Manel Simón. « En France, la situation est différente, plus intérieure. Le veto russe a réduit notre marché. On doit s'ouvrir à de nouveaux clients. L'export vers la Chine est une possibilité, mais c'est trop loin. La France et l'Europe restent les principaux marchés. »
L'impact du gel
Par rapport à 2017, cette année accuse déjà un retard de végétation important. Les températures basses (entre - 9 °C et - 12 °C) fin février ont causé des dégâts sur les fleurs, ce qui laisse présager un potentiel inférieur à la normale. Les variétés à floraison précoces, alors en plein stade de floraison, ont été les plus atteintes.
En vallée du Rhône, le froid du 10 mars (- 8 °C, - 9 °C) peut avoir des effets « potentiellement graves », ajoute Raphaël Martinez, qui relativise par ailleurs la « valeur des chiffres ». Des données qui servent à maîtriser l'information auprès des distributeurs et « donner une couleur à la saison ».
Une érosion des surfaces
Dans une note de conjoncture publiée le 16 mai, Agreste estime la production annuelle de pêches, nectarines, brugnons et pavies en France à moins de 200 000 tonnes, soit un niveau « inférieur de 10 % à celui de l'an dernier et de 9 % à la moyenne 2013-2017 ». Des chiffres encore provisoires et qui seront actualisés en juin. A ce stade, « c'est la plus faible récolte des cinq dernières années », note Agreste. Elle est notamment la conséquence de la succession de vagues de froid et de gelées ayant affecté les variétés à floraison précoce, notamment en Occitanie et en Paca, deux des trois principales régions productrices. En Paca, le rendement est ainsi attendu en baisse de 10 % par rapport à 2017, année de récolte importante. A cela s'ajoute la baisse continue des surfaces (environ - 8 %) sur ces cinq dernières années, ce qui contribue à la baisse du potentiel de récolte.
En Auvergne-Rhône-Alpes, la troisième région productrice, la baisse sur un an de 5 % des surfaces contribue ainsi pour moitié à la baisse de la production
(- 10 %). Sur cinq ans, les surfaces sont d'ailleurs en baisse de près de - 17 % dans cette région, le chiffre le plus important à l'échelle nationale.
Philippe Douteau et Agra