Peste porcine africaine : une maladie très contagieuse chez les suidés

La peste porcine africaine (PPA) est une maladie animale due à un virus qui touche exclusivement les porcs domestiques et les sangliers. L'homme n'y est pas sensible, il n'y a donc aucun risque de contamination des humains par contact avec des suidés porteurs ou en consommant des produits d'origine porcine.
Les pays européens infectés à ce jour sont les Pays Baltes (Estonie, Lettonie, Lituanie), la Pologne, la République Tchèque, l'Ukraine, la Russie, la Moldavie, la Roumanie, l'Italie (Sardaigne), la Hongrie et la Belgique. Dans ce pays, trois nouveaux cas viennent d'être confirmés sur des sangliers sauvages dans la région d'Etalle, non loin de la frontière française. Le 17 septembre, le ministère de l'Agriculture a ainsi demandé aux préfets des Ardennes, de la Meuse, de la Moselle et de la Meurthe-et-Moselle d'activer le plan d'action renforcé spécifique à cette maladie.
Un virus résistant
Le virus de cette maladie est très contagieux et résistant. Les animaux malades ou morts de PPA ainsi que les porteurs asymptomatiques sont des sources potentielles de virus. Par ailleurs, les produits issus de porcs ou de sangliers porteurs (produits de salaison, viandes réfrigérées et (ou) congelées, eaux grasses, déchets alimentaires...) sont également des sources pour les autres suidés. Les véhicules, les personnes ou le matériel peuvent également être source de contamination. La transmission peut se faire par contact direct d'un animal malade ou porteur vers un animal sain, ou bien de manière indirecte par la consommation d'aliments contaminés ou de détritus. La propagation de la maladie est facilitée par la résistance du virus, son excrétion précoce, sa longue persistance et les voies de pénétration variées (voies respiratoires, digestive, et transcutanée).
Une maladie grave pour les porcs
La maladie se caractérise par une forte fièvre hémorragique d'apparition brutale accompagnée de symptômes généraux et (ou) locaux (prostration, affaiblissement, cyanose, toux, troubles respiratoires, saignements de nez, diarrhées sanglantes, vomissements, mouvements désordonnés, avortements, malformation...) et suivis par une forte mortalité (jusqu'à plus de 80 % des animaux morts). Les porcs et sangliers de tout âge peuvent être atteints.
Une lutte difficile
Il n'existe actuellement ni traitement, ni vaccin. La seule prophylaxie pour lutter contre cette maladie est sanitaire :
- dans un foyer, abattage de tous les porcs, destruction des carcasses, désinfection des locaux, non-utilisation des eaux grasses ;
- dans un pays indemne, interdiction d'importation de suidés, viandes, produits de charcuterie, provenant de pays infectés.
GDS Isère
Des mesures de précaution en France
La France est préparée à l’apparition de la PPA. Son arrivée via la faune sauvage avait été présagée. Elle n’est actuellement présente qu’en Belgique (parmi les pays limitrophes) et la filière domestique n’est pas atteinte. La France met en place des mesures de précaution (surveillance de la faune sauvage, communication et formation des acteurs de terrains concernés) en particulier dans la zone frontalière avec la Belgique. L’État, les éleveurs, les chasseurs et les vétérinaires se coordonnent pour prévenir l’apparition de cette maladie sur notre territoire.Recommandations
Pour éviter l’introduction de la PPA, les recommandations à suivre pour tous :
• éviter tout contact avec des porcs lorsque vous êtes dans un pays à risque.
Lors de votre retour ou de votre arrivée d’un pays infecté :
• pendant 48 h, éviter de vous rendre dans une exploitation porcine ;
• après ce délai, nettoyez soigneusement vos vêtements et vos chaussures avant d’approcher des porcins ;
• éviter de ramener de la viande ou (et) des produits à base de porcs ou de sangliers.
Si cette dernière recommandation n’est pas respectée, vous devez éviter :
• d’utiliser vos déchets pour nourrir des porcins ;
• de jeter les restes de vos produits dans la nature ;
• de composter ces produits.
PPA / La Belgique s’apprête à interdire la chasse sur 63 000 ha
Suite à la confirmation de trois cas de peste porcine africaine (PPA) en Belgique, les autorités sanitaires fédérales et l’administration wallonne annoncent, à la suite d’une réunion d’urgence le 14 septembre, qu’il sera « proposé au gouvernement wallon d’interdire toute forme de chasse jusqu’au 15 octobre pour la zone de 63 000 ha infectés afin d’éviter la dispersion du gibier ». Ce communiqué rappelle qu’en Belgique, une « task force » a été mise en place fin mars 2018 pour « implanter des mesures de lutte » contre la PPA au sein de la faune sauvage et des « mesures de prévention » dans les élevages porcins.
La Pologne, un « véritable réservoir viral » pour la PPA
La lutte contre la peste porcine africaine (PPA) en Pologne est un « échec », a déclaré Jean-Louis Büer, conseiller agricole à l’ambassade de France à Varsovie. La maladie, « apparue en 2014, s’est emballée à l’été 2017, surtout dans les petits élevages de l’est du pays ». La sensibilisation des éleveurs n’a vraiment démarré que « fin 2016-début 2017 ». À ce jour, 207 cas de PPA ont été recensés en élevages et plus de 2 000 dans le milieu sauvage. Le foyer situé le plus à l’ouest se trouve à 380 km de la frontière avec l’Allemagne, laquelle « coopère étroitement avec la Pologne » et conduit des « battues cynégétiques intenses ». En Pologne, « les mesures de biosécurité sont bien appliquées uniquement dans les grands élevages » alors que les « petits élevages » et les « sangliers » constituent un « véritable réservoir viral ». « La Pologne aura du mal à contenir la propagation du virus même si celle-ci ralentit », estime Jean-Louis Büer ; elle « n’a pas les moyens de contrôler tous les élevages ». Le ministre polonais de l’Agriculture, Jan Krzysztof Ardanowski, éleveur de porcs de profession, semble « plus sensible » à l’épizootie que son prédécesseur, Krzysztof Jurgiel. Les chasseurs polonais peuvent bénéficier de 5 jours de congés payés pour traquer le sanglier, payé 50 € pièce – une somme conséquente au regard du salaire moyen : 1 000 €.
FNSEA et FNP demandent davantage de mesures de protection
Suite à la découverte de deux cas de peste porcine africaine en Belgique, non loin des frontières françaises, la FNSEA et la FNP rappellent la nécessité de tout mettre en œuvre pour protéger l’élevage français et ses débouchés à l’export. Les deux organisations réitèrent leurs propositions, demeurées pour l’instant sans suite vis-à-vis des pouvoirs publics : suspension des mouvements d’animaux en provenance des pays non indemnes, interdiction des échanges de sangliers, demande d’une stratégie européenne offensive, et surtout mise en place d’une politique d’abattage de sangliers à travers des tirs à l’affut en zone frontalière et une intensification de la pression de la chasse sur le reste du territoire. « L’arrivée de la maladie dans l’Ouest de l’Europe doit servir d’électrochoc aux pouvoirs publics, estiment la FNSEA et la FNP. Il devient plus que nécessaire d’accélérer les contacts politiques pour discuter du principe de la régionalisation dans les certificats sanitaires qui régissent les échanges commerciaux avec les pays tiers », ajoutent les organisations.