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Sanitaire en PPAM

Piéger l’insecte vecteur du dépérissement sur lavandes et lavandins

Alors que les premières captures de Hyalesthes obsoletus sont observées en Drôme, le point sur les bonnes pratiques à mettre en œuvre pour lutter contre le dépérissement des lavandes et lavandins.
Piéger l’insecte vecteur du dépérissement sur lavandes et lavandins

Le dépérissement des lavandes et lavandins est dû à une sorte de bactérie : le phytoplasme de Stolbur. L'insecte vecteur de cette bactérie est Hyalesthes obsoletus appelé couramment - mais à tort - cicadelle. Le cycle comprend une phase souterraine et une phase aérienne (voir schéma en bas de page et photo). Pondu au niveau du collet de la plante, l'œuf se transforme en larve, laquelle va se nourrir en ponctionnant la sève sur les racines de l'automne jusqu'au printemps. Si les larves sont sur des racines de plants contaminés par le phytoplasme du Stolbur, alors elles vont l'acquérir à ce moment-là. A partir de juin, la larve se transforme en adulte ailé dans le sol, puis émerge de terre et peut disperser la maladie sur d'autres plants de la parcelle et des parcelles des alentours, lors de piqûres nutritives.

Symptômes

Les symptômes du dépérissement des lavandes sont, d'une part, le jaunissement complet des feuilles, évoluant progressivement vers un desséchement de la plante (voir photo ci-contre). A noter, il ne faut pas confondre ces symptômes avec ceux de cécidomyies qui sont des dessèchements sectoriels sur la plante. D'autre part, une baisse de rendement progressif jusqu'à un arrachage précoce de la parcelle.

Le réseau de piégeage

Pour connaître les effectifs et les dates précises d'émergence de la cicadelle, un réseau de pièges jaunes englués est mis en place dans la Drôme. Cette action est menée par la chambre d'agriculture, l'Iteipmai(1) et la coopérative Valsoleil sur les communes suivantes : Savasse, Valaurie, Mévouillon, Chamaloc, Solaure-en-Diois, Puygiron, Montségur-sur-Lauzon et Montjoux. Ce réseau de piégeage est financé par FranceAgriMer et le CIHEF.

Piège jaune englué
Les premières captures dans la Drôme ont eu lieu vendredi 22 juin à Puygiron. Elles devraient se généraliser dans toutes les zones d'altitude supérieures à 500 m cette semaine. Ces piégeages se font également dans toute la Provence selon un protocole commun en partenariat avec le Crieppam(2) et la chambre d'agriculture du Vaucluse.

Des liens avec les couverts végétaux inter-rangs

A Savasse et Valaurie, les relevés de pièges jaunes servent aussi à évaluer l'intérêt des couverts végétaux inter-rangs pour limiter les effectifs de H. obsoletus et les symptômes de dépérissement. De très bons résultats ont été obtenus en 2017 sur la parcelle de Valaurie avec moins de captures de cicadelles dans la partie avec couvert végétal inter-rangs, 30 % de plants symptomatiques en moins et 17 % de rendement en huile essentielle de plus, comparé au témoin.

Hyalestes et larves.

Les bonnes pratiques

La lutte par insecticide n'étant ni efficace ni homologuée contre H. obsoletus, il est important d'user de méthodes préventives pour limiter ou retarder l'apparition du dépérissement sur ses parcelles. Ainsi, il est primordial de favoriser des rotations longues et le plus diversifiées possible : prairie de deux ans et plus (sainfoin, luzerne ou mélange), céréale primaire (blé dur) ou secondaire (orge, épeautre), cultures sur lesquelles l'insecte ne peut faire son cycle.
L'utilisation de plants sains certifiés (garantis sans phytoplasme) lors de la plantation assure de démarrer avec des plants indemnes de maladies, et cela évite la propagation de celle-ci. Il est conseillé de privilégier des variétés tolérantes au dépérissement comme Diva en lavande clonale et Grosso en lavandin.
Dans la mesure du possible, évitez de planter juste à côté de parcelles présentant déjà des symptômes, sinon les jeunes parcelles seront vite colonisées par l'insecte. Par ailleurs, il est fortement recommandé d'arracher les parcelles très dépérissantes pour éviter qu'elles servent de réservoir aux ravageurs.
Il est également recommandé d'appliquer sur les variétés sensibles de l'argile kaolinite l'année d'écimage et la première année de récolte : Sokalciarbo WP (ou Baïkal WP) à 15 kg/ha sur les rangs puis 12 kg/ha en renouvellement en cas de pluie supérieure à 25 mm. L'utilisation d'un pulvérisateur équipé d'une pompe à membrane est impératif. 

Tamara Palluel-Burnet, stagiaire à la chambre d'agriculture de la Drôme
1 Iteipmai : institut technique des plantes à parfum aromatiques et médicinales.
2 Crieppam : centre régional interprofessionnel d'expérimentation en plantes à parfum, aromatiques et médicinales.