Accès au contenu
Piégeage

Piégeurs de la Drôme : des interventions très encadrées

Créée en 1992, l'association de piégeurs agréés de la Drôme (Apad) regroupe près de 450 piégeurs actifs, répartis sur différentes communes du territoire départementale. Elle intervient à la demande des agriculteurs ou des particuliers en cas de dommages sur leurs propriétés.
Piégeurs de la Drôme : des interventions très encadrées

A l'image des lieutenants de louveterie, les piégeurs sont régulièrement attaqués de tout côté par les défenseurs de la biodiversité. Pour autant, leurs actions s'avèrent bien souvent essentielles afin de limiter les dégâts causés par des animaux appartenant à la liste des espèces dites « nuisibles ». Parmi elles, sont cités entre autres les renards, fouines, corneilles noires, ragondins et rats musqués. « Nous pouvons également être amenés à détruire des ratons laveurs, des chiens viverrins... », ajoute Etienne Pascal, président de l'association de piégeurs agréés de la Drôme (Apad) depuis plus de vingt ans.
Créée en 1992, l'Apad regroupe aujourd'hui près de 450 piégeurs actifs, tous bénévoles. « Il faut être âgé au minimum de 16 ans et obtenir un agrément délivré par le préfet. Cela nécessite de suivre une formation d'au moins 16 heures, réalisée par la fédération départementale des chasseurs », poursuit-il. Durant cette formation, divers points sont abordés : connaissance des espèces recherchées, des différents types de pièges, de leur condition d'utilisation et manipulation, connaissance des mesures propres à diminuer les souffrances des animaux capturés et application de ces différents éléments d'apprentissage.

Plus de 1 500 renards prélevés en 2019

Si la fonction peut sembler être quelque peu méconnue, Etienne Pascal indique que les piégeurs de la Drôme interviennent à la demande des propriétaires ou des agriculteurs, ces derniers connaissant ce service par la direction départementale des territoires de la Drôme ou par le bouche-à-oreille : « Nous répondons à tout type de besoin. Certaines personnes nous appellent pour des dégâts dans les poulaillers, d'autres pour des dommages dans les combles des maisons... Mais nous travaillons aussi avec les chasseurs qui ont parfois besoin de nous pour réguler les espèces nuisibles dans la nature, à savoir les renards, chevreuils ou petits marcassins ». Pour exemple, en 2019, les piégeurs de la Drôme ont prélevé près de 1 500 renards.
Les pièges utilisés à cette occasion sont homologués par le ministère de l'Environnement et spécifiques à chaque espèce. « Quand nous sommes sur une zone où l'on risque d'attraper des chats ou des chiens, nous utilisons plutôt des cages pièges, permettant de neutraliser l'animal sans lui porter atteinte, souligne Etienne Pascal. Certaines personnes utilisent le poison à leur domicile mais ce n'est pas sélectif selon l'animal. Le piégeage est donc essentiel ». Ainsi, en cas de capture accidentelle d'animaux non visés, ceux-ci sont relâchés immédiatement.

Des préjudices nombreux... pour peu de dédommagement

Lors des diverses interventions, l'association des piégeurs agréés de la Drôme doit respecter un certain nombre de restrictions, notamment quant aux horaires de piégeage. « Tous les pièges doivent être visités chaque matin, au plus tard à midi. Pour certains, cette visite doit intervenir au plus tard dans les deux heures qui suivent le lever du soleil. »
D'autre part, les piégeurs agréés ont l'obligation de tenir à jour un relevé quotidien de leurs prises, mentionnant par commune les espèces et le nombre d'animaux capturés. « Nous devons envoyer un bilan annuel, avant le 30 septembre de chaque année, au préfet du département et à la fédération départementale des chasseurs. A défaut, le piégeur peut se voir retirer son agrément pour une durée de cinq ans », explique Etienne Pascal. A noter, la pose de pièges doit faire l'objet, de la part du titulaire du droit de destruction ou de son délégué ou du piégeur chargé des opérations, d'une déclaration en mairie de la commune où est pratiqué le piégeage. Une autorisation écrite par le propriétaire des lieux est également obligatoire, sous peine de verbalisation. Par la suite, les déclarations de dégâts sont étudiées par la préfecture qui décide de classer telle ou telle espèce en animaux « nuisibles ». Pour autant, si les préjudices causés par les renards et les sangliers font l'objet d'un dédommagement pour les forestiers et les agriculteurs, ce n'est pas le cas pour les « particuliers » ayant des dégâts dans leur habitation. « Heureusement que nous avons le droit de piéger ! », conclut Etienne Pascal.

Amandine Priolet