Point d'étape avant la sortie du glyphosate

Les principaux usages du glyphosate devraient être interdits dès le 1er janvier 2021 et l'ensemble des usages au 1er janvier 2023. Si le monde agricole est prêt à s'en passer, les professionnels demandent qu'on leur donne le temps qu'il faut pour ne pas se retrouver dans une impasse notamment dans les pentes ou encore dans le cadre de l'agriculture de conservation. Agriculteurs et instituts techniques se sont d'ores et déjà mobilisés pour trouver des alternatives. C'est l'un des constats dressés par le président et les co-rapporteurs de la mission d'information commune sur le suivi de la stratégie de sortie du glyphosate dans le rapport d'étape présenté le 12 novembre dernier aux commissions des affaires économiques, du développement durable et des affaires sociales et lundi 9 décembre à des membres du bureau de la chambre d'agriculture du Rhône. « Nous sommes conscients de la dynamique qui est enclenchée dans le monde agricole pour répondre à cette transition. Nous faisons confiance aux agriculteurs qui n'ont de cesse de s'adapter aux demandes des consommateurs ! Nous avons pris conscience des difficultés auxquelles ils devaient faire face. Nous les avons pointées dans le rapport », explique Jean-Luc Fugit.
Des alternatives recensées
Afin d'accompagner les agriculteurs, un centre de ressources est désormais opérationnel. Plus de soixante alternatives à son utilisation, toutes filières confondues, ont d'ores et déjà été recensées sur le site internet du centre national de ressources glyphosate. Cet outil à destination des conseillers agricoles et des agriculteurs a été mis en place par trois partenaires : l'Inra, l'Acta - les instituts techniques agricoles - et l'APCA, le réseau des chambres d'agriculture. Cette mise en ligne constitue l'une des premières étapes du plan d'actions dont l'animation a été confiée à une « Task Force » réunissant les ministères chargés de la Transition écologique et solidaire et de l'Agriculture, l'Inra, l'Acta et l'APCA et présidée par le préfet Pierre-Étienne Bisch, coordinateur interministériel du plan de sortie du glyphosate. La mission a ainsi réaffirmé que l'année 2020 sera la dernière pour une majorité des usages du glyphosate*.
Délai face aux impasses
Jean-Luc Fugit a cependant souligné que la mission avait conscience que, pour certains, des alternatives n'existeront pas à la fin de l'année prochaine. « Les agriculteurs qui travaillent en agriculture de conservation ne pourront pas sortir de manière abrupte du glyphosate. Nous avons essayé de faire le bilan le plus objectif possible. Notre objectif était bien de remettre de la rationalité scientifique et technique dans ce débat. Il faudra une durée plus importante dans ce cadre », confirme Jean-Luc Fugit. Ainsi, la mission a demandé conjointement à l'Inra et aux instituts techniques agricoles d'identifier, d'ici la fin du premier semestre 2020, les situations culturales et pédoclimatiques qui ne pourront supporter un arrêt du glyphosate dès le 1er janvier 2021 ; ainsi que les délais qu'il faut raisonnablement envisager pour préparer leur sortie définitive. Jean-Luc Fugit a également souligné que la sortie du glyphosate nécessitera « un accompagnement à la fois technique et économique » des agriculteurs. Enfin, la mission préconise également la création d'une plateforme nationale d'enregistrement des produits phytopharmaceutiques utilisés et du glyphosate. La mission se poursuivra en 2020.
Marie-Cécile Seigle-Buyat
*Source : synthèse du rapport d'étape de la mission d'information commune sur le suivi de la stratégie de sortie du glyphosate.
Débouchés / Les démarches bas intrants, HVE ou sans glyphosate, n’ont pas encore trouvé leur voie de valorisation contrairement à l’agriculture bio. C’est l’une des conclusions que l’on peut tirer après une table ronde organisée lors du séminaire « Préparer la sortie du glyphosate » à Lyon.