Pois chiches : des surfaces recherchées
La société Hari&Co recherche des producteurs de pois chiches. Lors d’une réunion d’information à Anneyron, des données technico-économiques ont été apportées à d’éventuels futurs intéressés.

Poussées par une demande croissante des transformateurs et distributeurs de produits bio, les cultures de légumes secs - notamment lentilles et pois chiches - ne cessent de se développer dans notre région. Ces légumineuses d’origine méditerranéenne sont assez résistantes au stress hydrique et peuvent, par exemple, remplacer le soja sur des zones non irriguées ou à plus faible potentiel. De plus, elles laissent un reliquat d’azote pour la culture suivante.
Assez résistant au stress hydrique, le pois chiche peut valoriser des terres en sec ou à plus faible potentiel.
Depuis 2016, les deux fondateurs de la société agroalimentaire lyonnaise Ici & Là (marque Hari&Co) ont misé sur les atouts nutritionnels de ces légumineuses pour proposer une gamme de plats cuisinés, le tout dans une démarche vertueuse (bio, local, réduction de l’empreinte carbone…). « Aujourd’hui, nous sommes distribués dans plus de 3 000 points de vente des rayons frais et bio de la grande distribution ainsi que dans tous les restaurants universitaires de France », a indiqué Benoît Plisson, cofondateur d’Hari&Co, le 13 janvier à Anneyron. Devant une vingtaine d’agriculteurs venus à la réunion publique d’information organisée par la communauté de communes Porte de DrômArdèche – laquelle accompagne le développement de nouvelles pratiques agricoles – il a indiqué sa volonté de consolider durablement son approvisionnement local en pois chiche bio. « Nous travaillons principalement avec deux coopératives – la Cavac en Vendée et Qualisol dans le Tarn et Garonne - et un tout petit peu avec La Dauphinoise (groupe Oxyane à, présent – ndlr). Mais nous avons très peu de légumineuses produites à proximité de notre atelier de transformation situé à Donzère, a-t-il expliqué. C’est pourquoi nous avons créé en 2020 une filière légumineuses en Auvergne-Rhône-Alpes et souhaitons contractualiser en direct avec des producteurs locaux. »
1 800 € la tonne net livrée
En 2021, 20 hectares (ha) de pois chiche et 7 de lentilles bio ont été produits par des agriculteurs drômois pour Hari&Co. « Pour 2022, nous recherchons une dizaine d’hectares de plus en pois chiches bio », a annoncé Benoît Plisson. Afin que les producteurs perçoivent l’intérêt de cette culture, des données technico-économiques ont été apportées par Anthony Girard, représentant la Société de conseil en agriculture Rhône Alpes (Scara). Ces données s’appuient sur la récolte 2020 de l’EARL Les champs bio (Beausemblant) et les prix d’achat Hari&Co de 2022. Avec un rendement après triage de 15 quintaux par ha (18 qx avant triage) et un prix d’achat de 1,80 euro le kilo, le chiffre d’affaires ressort à 2 700 €/ha. En comptabilisant les diverses charges (voir encadré 1), le coût de production atteint 1 262 €/ha (sans tri et sans fermage). « Soit une marge nette de 1 238 €/ha en comptabilisant 200 € de fermage sur un équivalent de rendement très acceptable de 2020 », a souligné Anthony Girard. A noter, les récoltes de 2021 pour des cultures situées au dessus de Montélimar ont été un échec en raison des conditions climatiques trop humides.
Afin de s’approvisionner au plus près de son atelier de transformation situé à Donzère, « nous avons créé en 2020 une filière légumineuses en Auvergne-Rhône-Alpes et souhaitons contractualiser en direct avec des producteurs locaux », a indiqué Benoît Plisson, cofondateur d’Hari&Co.
Sur la rémunération, « nous proposons 1 800 € la tonne net livrée à Pierrelatte chez Mistral semence qui assure le triage des graines », a complété Benoît Plisson. Le coût du transport est à la charge du producteur, l’étape du tri à la charge d’Hari&Co. « Comme tout est cuisiné, nous n’avons que très peu de contrainte sur la qualité visuelle et le calibre des grains, les brisures étant aussi valorisées », a-t-il précisé.
« Avoir un esprit grandes cultures »
Dans la salle, difficile de percevoir combien de producteurs seraient partants pour contractualiser avec Hari&Co. « Ce n’est pas évident de convaincre car il faut avoir un esprit grandes cultures pour faire du pois chiche, a estimé un technicien de Valsoleil. Ceux en arboriculture et cultures légumières n’ont pas assez de temps disponible. » Les frais de transport semblent aussi freiner les producteurs, d’autant qu’ils paraît difficile de les mutualiser en raison de la réactivité nécessaire après récolte pour livrer. Bien qu’exceptionnelle sur le plan climatique, la saison 2021 a aussi marqué les esprits avec l’envahissement d’adventices sur certaines parcelles. Peu concurrentielle, l’espèce se laisse vite dépasser par les adventices malgré le désherbage mécanique tardif. Enfin, la volatilité des cours des céréales et oléoprotéagineux complique sans doute un peu plus les prises de décisions. Pourtant, comme indiqué plus haut, cultiver du pois chiche présente plusieurs attraits, la plante étant peu gourmande en eau, en intrants et intéressante dans les rotations, entre autres.
Christophe Ledoux
Rentabilité de la culture du pois chiche
-> Rendement net : 15 quintaux/ha.
-> Prix d’achat Hari&Co en 2022 : 1 800 €/tonne net.
-> Chiffre d’affaires : 2 700 €/ha.
-> Coût de production / ha (Les champs bio en 2020) :
- travail du sol : labour (90 €), faux semis (40 € pour 2 passages), préparation (40 €) ;
- Implantation : semis (80 €), semences (400 €) ;
- Fertilisation : 0 € ;
- Désherbage : herse étrille, houe, binage x4 (105 €), désherbage manuel (197 €) ;
-> Irrigation : 70 € ;
-> Récolte et transformation : moisson par tiers (140 €), transport (100 €).
soit 1 262 €/ha sans tri et sans fermage.
Source : Scara.
Préparation du sol et semis
- Sol structuré en profondeur.
- Lit de semence fin qui facilite le développement racinaire et l’installation des nodosités.
- Semis à 4-5 cm de profondeur pour un objectif de 50 plants/m² levés :
- au semoir en ligne : 12-17 d’écartement, 65-70 grains/m² ;
- au semoir monograine (disque à soja) : 30-60 d’écartement, 55-60 grains/m².
- Roulage sur parcelles à cailloux et/ou si fauchage prévu avant récolte.
Source : Scara.