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Arboriculture

Pommes : le menace d'un « Brexit dur » inquiète les producteurs français

La production française de pommes est annoncée en hausse, une quasi-exception en Europe, indique l’association nationale pommes poires (ANPP) dans ses prévisions de récolte. Une opportunité, selon elle, pour « reconquérir des parts de marché » perdues l’année dernière à l’export, notamment face à la Pologne qui voit sa production chuter cette année. Seul ombre au tableau pour les producteurs de pommes français : la menace d'un « Brexit dur ».
Pommes : le menace d'un « Brexit dur » inquiète les producteurs français

Vagues de froid puis sécheresses et canicules ont produit leurs effets sur la production européenne de pommes. Selon les prévisions dévoilées par le Wapa(1), elle est annoncée en retrait de 20 %, soit 10,5 millions de tonnes (très loin derrière les 13,2 Mt de la campagne précédente). La baisse est de 8 % par rapport à la moyenne triennale. L'essentiel de ce recul est dû aux pays de l'Europe de l'Est. Ainsi, la Pologne, frappée par une vague de froid en mai, perdrait la moitié de sa récolte (- 44 % - 2,7 millions de tonnes). Au cours des dix dernières années, seules deux campagnes (2010 et 2011) ont connu des volumes inférieurs. Tous les pays de la partie orientale de l'Europe sont en recul : Croatie (- 30 %), République Tchèque (- 22 %), Hongrie (- 42 %), Lettonie (- 21 %), Lituanie (- 65 %), Roumanie (- 25 %), Slovaquie (- 18 %), Slovénie (- 35 %). L'Autriche (- 22 %), l'Allemagne (- 17 %) et les pays scandinaves (- 38 % pour le Danemark et la Suède) sont également concernés par cette forte baisse.
La situation est meilleure pour les pays d'Europe de l'Ouest. Seuls la Belgique (- 1 % à 229 000 tonnes), l'Italie (- 3 % à 2,2 millions de tonnes) et le Royaume-Uni (- 4 % à 210 000 tonnes) devraient être en léger recul. Les Pays-Bas (+ 7 % à 285 000 tonnes), le Portugal (+ 15 % à 305 000 tonnes) et l'Espagne (+ 14 % à 542 000 tonnes) connaissent une hausse plus que sensible.

+ 12 % en France

Cette baisse de la production en Europe de l'Est et du Nord et de hausse relative en Europe de l'Ouest pourrait profiter à la France qui annonce une production en hausse de 12 % (1,65 million de tonnes), ce qui ferait de la production 2019 la troisième meilleure campagne des dix dernières années. La hausse atteint 6 % par rapport à la moyenne des récoltes 2015-2016-2018, l'année 2017 étant sortie du calcul car marquée par un gel atypique. Les opérateurs devront faire face toutefois à un environnement commercial complexe. Les stocks mondiaux sont encore importants mais pourraient être en partie résorbés par une entrée en campagne tardive.
Le calibre des pommes pourrait cependant être légèrement inférieur à l'année dernière, notamment en raison des canicules, qui ont ralenti la croissance des fruits. « Nous sommes plutôt en bonne position, explique Josselin Saint-Raymond, directeur de l'association nationale pommes poires (ANPP), qui fédère 1 350 producteurs (représentant 60 % de la production française). Nous avons un potentiel pour permettre de servir nos clients français et, en même temps, reconquérir les parts de marché que nous avons pu perdre à l'export l'année dernière. »

L'obstacle d'un « Brexit dur »

Seul ombre au tableau pour les producteurs de pommes français : la menace d'un « Brexit dur ». Le Royaume-Uni représente à lui seul 23 % des exportations françaises de ce fruit, soit un peu plus de 100 000 tonnes chaque année. « Nous sommes leaders sur ce marché », rappelle Josselin Saint-Raymond. En cas de sortie sans accord du Royaume-Uni le 31 octobre, « nous pouvons craindre des problèmes logistiques, avec un ralentissement des flux qui impactera les volumes vendus », pronostique-t-il. Une éventuelle récession pourrait ensuite « amener les consommateurs à rechercher le produit le moins cher possible », un obstacle pour les pommes françaises qui parient notamment sur l'adhésion à des démarches comme les « Vergers écoresponsables » pour pallier un manque de compétitivité face à leurs concurrents européens. « 10 % de la production française pourraient disparaître si nous perdions ce marché », estime Josselin Saint-Raymond. Au final, c'est l'ensemble de la production qui pourrait être affectée, « les pommes qui n'iraient pas en Angleterre se retrouvant sur les autres marchés et les poussant à la baisse », précise-t-il. 
(1) Wapa : World apple and pear association (association mondiale des producteurs de pommes et de poires)

 

Opération « Vergers ouverts » / Bientôt la 9e édition
Pour la 9e année consécutive, les pomiculteurs de l’association nationale pommes poires ouvrent les portes de leurs vergers labellisés « vergers écoresponsables ». Cette année, l’opération « Vergers ouverts » se tient les deuxième, troisième et quatrième week-ends de septembre selon les régions pour permettre au public de cueillir et déguster des pommes à maturité. Près de 50 exploitations arboricoles accueilleront le public à travers toute la France. Cette opération permet aux consommateurs de prendre le temps d’observer la nature, la biodiversité du verger et de découvrir les méthodes respectueuses de l’environnement utilisées par les « vergers écoresponsables ». 
Poires / Une récolte « historiquement basse » en Europe
La récolte de poires est annoncée à 2 millions de tonnes (- 9 % par rapport à la moyenne triennale). Tous les pays sont en recul, sauf l’Espagne (+ 4 % à 311 000 tonnes) et la Pologne (stable à 70 000 tonnes). Premier pays producteur européen, l’Italie perdrait presqu’un tiers de sa production (- 30 % à 511 000 tonnes). Les Pays-Bas chuteraient de 6 % (379 000 tonnes) et la Belgique de 10 % (311 000 tonnes). La France continue de voir son potentiel en poires se dissoudre. La récolte est annoncée à 115 000 tonnes (- 14 %), soit la plus mauvaise campagne des dix dernières années. Les tentatives en cours de relance de la production nationale de poires ne portent pas encore leurs fruits.