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Aviculture

Pondeuses bio : un poulailler avec jardins d'hiver

Valsoleil vient d'inaugurer un nouveau bâtiment d'élevage, de deux fois 12 000 poules pondeuses bio avec jardins d'hiver. Celui de Mathieu Bonnard (EARL de Satayas), à Solaure-en-Diois.
Pondeuses bio : un poulailler avec jardins d'hiver

Le nouveau bâtiment avicole de Mathieu Bonnard surplombe la route menant de Die à Gap (un kilomètre et demi après Pont-de-Quart) et fait face à la montagne de Glandasse. Sa construction a démarré début août 2018 et il va accueillir ses 24 000 premières poules ces jours-ci. Ce projet s'est déroulé sans encombres. Le 23 août lors de l'inauguration avec la coopérative Valsoleil, l'éleveur a d'ailleurs remercié « ceux qui ont bien voulu lui céder du terrain » (11 hectares étaient nécessaires). Sur la commune voisine de Montmaur-en-Diois, le Gaec Gatta s'est lancé dans un projet identique. Les démarches, « nous les avons faites ensemble, a expliqué Jérémy Gatta (associé à son père et son oncle). Nos bâtiments sont les mêmes mais la construction du nôtre a deux mois de décalage. Pour nous, c'est une restructuration de l'exploitation. Nous arrêterons l'élevage de vaches laitières lorsque nous aurons les poules pondeuses. »

Isabelle Béguet (responsable développement volailles de ponte au sein de Valsoleil) a présenté ce nouveau poulailler lors de son inauguration, le 23 août.

8 lots de 3 000 poules

Le nouveau bâtiment de Mathieu Bonnard, signé BFC Constructions & AS Elevage, comporte deux salles d'élevage (4 000 m2 en tout). Chacune d'elles est divisée en quatre lots de 3 000 poules. Donc huit lots en tout, séparés (la réglementation bio l'impose) à l'intérieur (par des cloisons grillagées), ainsi qu'à l'extérieur du bâtiment. Dedans, la densité est de six volailles par m2 (hors nids). Dehors, la surface est de 4 m2 par poule (9,6 hectares au total).

L'une des deux salles d'élevage.

Le parcours sera arboré (plantation de noyers). S'ajoutent des jardins d'hiver, de chaque côté du bâtiment le long des salles d'élevage (les poules les traversent pour aller sur le parcours et sortent par des trappes). Pour le moment, en France, rares sont les élevages avicoles ainsi équipés. Isabelle Béguet, responsable développement volailles de ponte au sein de Valsoleil, a mis en avant l'intérêt de ces jardins d'hiver : permettre aux poules de profiter au maximum de l'extérieur, limiter la ponte sur les zones de grattage, pouvoir curer facilement en cours de lot « sans déranger » les poules.

 

Confort, commodité, automatisme

L'intérieur de l'un des quatre jardins d'hiver.

Pour le confort des volailles l'été, les salles d'élevage sont équipées de ventilateurs avec couronnes de brumisation, qui font baisser la température de 4°C par rapport à l'air extérieur (6 à 8°C de moins en température ressentie). En sous-plafond ont été installés des panneaux sandwiches en tôle laquée pour plus de fluidité dans la ventilation mais aussi de facilité de lavage et une meilleure résistance aux nuisibles (rongeurs et ténébrions). Autre commodité : le treuillage au plafond du matériel d'élevage (perchoirs, chaîne d'aliment et pipettes) pour le nettoyage pendant le vide sanitaire. A noter encore, la purge automatique des pipettes. Et le pesage de l'aliment sous les silos, afin de pouvoir contrôler « au jour le jour ce que mangent les poules, si elles consomment suffisamment... », a précisé Isabelle Béguet. Pour ce qui est du temps de travail dans cet élevage, elle l'estime à environ huit heures par jour.
L'emballage des œufs, lui, sera automatique. Un tapis roulant les acheminera jusqu'à l'emballeuse (d'une capacité donnée de 18 000 œufs à l'heure), située dans la partie centrale du bâtiment (entre les deux salles d'élevage). Et un robot palettiseur va prendre place dans cette salle d'emballage.

1,7 million d'euros

La salle d'emballage des œufs.

L'investissement total s'élève à 1,752 million d'euros hors taxes dont un tiers pour la coque du bâtiment, autant pour le matériel d'élevage comme pour le reste (terrassement, viabilisation, maçonnerie et autres). Mathieu Bonnard a bénéficié de 116 900 euros de subvention PCAE* (49 331 € du Feader** plus 67 568 € du ministère de l'Agriculture). Ainsi que du soutien de Valsoleil : 40 000 € d'aide à l'investissement (10 € x 4 000 m²) et un prêt à taux 0 sur 15 ans de 20 % de l'investissement HT. L'amortissement de la coque est prévu sur 15 ans, celui de l'équipement intérieur sur 12 ans. Et, comme revenu net annuel, Isabelle Béguet a annoncé le chiffre de 100 000 euros avant cotisations MSA.
« Un outil performant », a noté le maire de la commune, Maurice Mollard, lors de l'inauguration de ce nouveau poulailler. « Un énorme chantier mené à bien, avec courage, énergie », a complété la conseillère départementale (canton du Diois) Martine Charmet. « Un gros investissement », a ajouté le gérant de BFC Constructions & AS Elevage, Jean-Marc Frobert. Quant au président de Valsoleil, Christian Veyrier, il a souligné les possibilités de développement de cette production dans la région. Avant de lancer un appel : « Nous sommes preneurs d'autres élevages de volailles de ponte et de chair. On est prêts à les aider... » En comptant l'EARL de Satayas et le Gaec Gatta, 33 élevages produiront des œufs de poule bio avec Valsoleil.

Annie Laurie

* PCAE : plan de compétitivité et d'adaptation des exploitations agricoles.
** Feader : fonds européen agricole pour le développement rural.

La ferme de Mathieu Bonnard

Mathieu Bonnard (EARL de Satayas).
Mathieu Bonnard (34 ans aujourd'hui) s'est installé en 2016 à Solaure-en-Diois, en reprenant le poulailler de ses parents (3 000 poules pondeuses bio). Auparavant, il était salarié sur leur exploitation. Il vient de se doter d'un deuxième bâtiment avicole, d'une capacité de 24 000 poules pondeuses bio. En plus, il va récupérer les vigne de ses parents (11 hectares) après les prochaines vendanges et embaucher un salarié à partir de septembre.