Poser une clôture électrique permanente

Dans une parcelle de Frédéric Demeule (lire encadré), Philippe Jolivet de la société Patura a montré comment poser, dans les règles de l'art, une clôture électrique permanente, alternative possible aux fils barbelés. Bien plus rapide à installer que la clôture classique, la clôture électrique permanente ne doit cependant pas être conçue à la légère.
En préambule, le démonstrateur a rappelé les bases du bon fonctionnement d'une clôture électrique : « la clôture est avant tout un circuit électrique qui doit, et c'est très important, être fermé. L'électrificateur envoie le courant dans le circuit. Ce dernier doit avoir une très bonne conductibilité, de sorte que l'animal ressente la même décharge où qu'il soit, même loin du poste. Lors de la décharge, le courant traverse l'animal et descend dans le sol avant de retourner systématiquement à l'électrificateur ».
Une bonne prise de terre
La qualité de la prise de terre du poste est « très importante », précise Philippe Jolivet. Une bonne prise de terre, c'est un piquet d'environ un mètre de long galvanisé ou en inox. La prise de terre d'une clôture électrique peut nécessiter jusqu'à six piquets suivant les conditions d'humidité et le type de sol, indique le technico-commercial. Ces derniers sont espacés de 3 mètres l'un de l'autre ou 10 mètres s'ils sont munis d'un « mélange de batonite au pied », détaille l'expert. Ces prises de terre sont reliées au poste, non pas par un morceau de cuivre à l'air libre qui s'oxyde, mais par un câble isolé haute tension. Aucune décharge ne doit être ressentie sur la prise de terre. En aucun cas, une clôture électrique ne peut être branchée sur la prise de terre d'un bâtiment. En termes d'importance, la qualité du circuit, la conductibilité des fils et les prises de terre viennent avant l'électrificateur. Si l'un de ces facteurs est défaillant, alors c'est toute la clôture électrique qui est compromise.
Electrificateurs de plus en plus perfectionnés
Dans la gamme des électrificateurs, certains modèles ont la capacité de monter en puissance dès que des pertes provoquées par le contact avec la végétation apparaissent. Les végétaux en contact avec le fil sont alors détruits par le courant. Ces électrificateurs sont capables d'alimenter jusqu'à 50 km de clôtures sur des estives du Massif central. Les électrificateurs peuvent également être munis de télécommandes. Ces dernières servent de testeur, de détecteur de perte et de commande des postes à distance.
Technique de pose
Devant les participants, Philippe Jolivet a installé un tronçon de clôture en détaillant chaque étape. Présenté en bobines de 625 mètres, le fil est en acier recouvert d'un alliage très conducteur d'une durée de vie d'au moins 40 ans. Les isolateurs sont en porcelaine. Des ressorts posés tous les 600 mètres environ donnent de la souplesse à la clôture notamment face à une chute d'arbre, un passage de gibier ou de bovin... Démontables, ces ressorts peuvent également servir d'issue de secours. Outre les composants proposés par la marque Patura, Philippe Jolivet s'est aussi attaché à montrer les gestes et les astuces de la pose. En dépit de l'épaisseur du fil, il existe des techniques pour l'attacher et le nouer sans outil. Simple et rapide, le geste a aussi pour avantage de procurer des jonctions et des nœuds dépourvus de bavure, donc sans danger pour les animaux.
Dernier point important : les poignées de passage. Il ne faut jamais faire passer le courant uniquement par la poignée. La continuité du circuit électrique doit être assurée par un câble enterré.
Marc Labille
Frédéric Demeule à Rigny : Pâturage tournant depuis trois ans
Sur son exploitation de Rigny-sur-Arroux, Frédéric Demeule pratique le pâturage tournant depuis 2011. Objectif : « optimiser le chargement au printemps pour libérer de la surface pour faire du foin ou de l’enrubannage », explique l’éleveur. Le pâturage tournant constitue un levier « pour arriver à l’autonomie fourragère ». Après un essai sur une première parcelle en 2011 avec des génisses, Frédéric Demeule a étendu le pâturage tournant à une surface supplémentaire de 17 hectares l’année suivante avec des vaches à veaux. « La conduite du pâturage tournant consiste à faire manger les animaux entre 5 et 7 cm de hauteur d’herbe. Il s’agit d’ajuster pour être toujours dans le bon créneau », précise l’éleveur. Vers le 10 avril, les animaux changent de parcelle tous les deux ou trois jours. « Un pâturage continu ne permet pas de garder autant d’animaux du 15 avril au 15 novembre », constate Frédéric Demeule.
L’herbomètre permet de quantifier l’herbe présente en jours d’avance. « C’est comme ça que j’ai pu récupérer 2,5 hectares, confie l’éleveur. L’herbomètre offre un guide qui permet de prendre la bonne décision. Visuellement, on croit souvent qu’il n’y a plus d’herbe, alors que pourtant il y a de quoi nourrir les animaux », fait remarquer Frédéric Demeule.