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Aviculture

Poulets bio : une ferme pilote éco-conçue

Le 6 septembre à Soyans, Valsoleil a inauguré une ferme expérimentale éco-conçue dédiée aux volailles de chair biologiques. Une première.
Poulets bio : une ferme pilote éco-conçue

Pour trouver l'élevage de volailles bio de Nicole Branco, au quartier « Petit Quinson » à Soyans, il faut être bien renseigné. Niché sur une parcelle boisée, il se compose de deux poulaillers bien différents des constructions avicoles classiques.

Du bio et du bois

 

« Produire du bio dans des bâtiments en bois étaient deux conditions sine qua non pour moi », a confié lors de l'inauguration cette jeune femme qui s'est installée hors cadre familial. Valsoleil cherchait à développer sa production de volailles bio. « Cela a été une opportunité pour moi d'accéder au monde agricole, a confié Nicole. Elever des volailles, c'était un peu un défi. Mais j'ai la chance que Sylvain, mon conjoint, est technicien avicole à Valsoleil. » Yannick Charroin, le responsable développement volailles de chair de cette coopérative, a ajouté : « Son projet arrivait à point nommé. A l'époque, on réfléchissait à faire du financement total de projets, pour aider des jeunes à s'installer. Celui de Nicole nous a servi d'expérience. On s'est aperçu que ce n'est pas si simple. »
Le parcours a en effet été compliqué. Mais Nicole est tenace. Malgré les embûches et à force de persévérance, son projet s'est concrétisé. Les terrains ont été achetés en 2010 via la Safer. Le premier bâtiment est entré en activité en avril 2014 et le second en octobre 2015.

 

«Vu les difficultés rencontrées et le surcoût, je n'aurais pas pu réaliser ce projet sans le soutien de Valsoleil », confie Nicole Branco.

Un concept novateur

Novateur, le concept de ces bâtiments est basé sur les principes de l'éco-construction, a expliqué Yannick Charroin. Leur coque est en bois. Ils ont été conçus avec une entreprise locale, Sud-Est Charpentes (à Cléon-d'Andran), qui a fortement développé son activité dans les constructions bois. La charpente est en pin noir du Diois, les panneaux de bardage en bois avec une isolation en laine de bois de 60 millimètres d'épaisseur. Un bilan sera réalisé afin de comparer ce concept à celui d'un bâtiment traditionnel en termes de vieillissement des matériaux, résistance au lavage, étanchéité, capacité isolante des panneaux...
Si les deux bâtiments ont la même coque, les équipements intérieurs sont différents. C'est entre autres le cas des échangeurs récupérateurs de chaleur (ERC), grâce auxquels la consommation de gaz dans les salles d'élevage peut être réduite de 25 à 30 %. Une étude comparative sur les économies sera faite. Un système de récupération des eaux pluviales a aussi été installé (capacité de stockage de 60 m³) pour abreuver les poulets et nettoyer les bâtiments. Un bilan sera également réalisé afin de quantifier les économies et le retour sur investissement. Quant aux arbres en place sur les parcours et aux abords, il en a été conservé un maximum.
« Biovallée nous a aidé sur le concept et l'organisation, a indiqué Yannick Charroin. Le résultat est sympa. Le seul hic, c'est un surcoût de 40 % pour la coque des bâtiments, comparé aux constructions classiques. Sans les aides, cette réalisation aurait été impossible. »

 

Le premeir bâtiment est entré en activité en avril 2014, le second en octobre 2015.

Une ferme de références

Peu de références sont aujourd'hui disponibles sur l'élevage de volailles de chair bio. Certes, il y a celles de l'Itavi (données nationales), et des chambres d'agriculture du Grand Ouest mais elles sont peu transposables à notre région. Aussi, Valsoleil a voulu profiter de l'élevage de Nicole Branco pour en faire une ferme expérimentale, un centre d'essais pour la production bio. Les bâtiments sont d'ailleurs équipés de systèmes ne se retrouvant qu'en élevages industriels pour relever et enregistrer les consommations d'eau, de gaz, d'électricité, d'aliments, de pesage des animaux, ainsi que de caméras dans les salles d'élevage. Ainsi pourront être acquises des références technico-économiques. Nicole a pu observer, par exemple, que « le pesage sous silos aide la gestion des plans de distribution de l'aliment ».

De la formation...

Vision sur l'une des salles d'élevage à travers une baie vitrée.

 

L'idée de Valsoleil est aussi, avec cet élevage, de favoriser la diffusion et le transfert d'informations sur l'éco-construction, les techniques d'économie d'énergie, d'eau..., la formation des éleveurs de Valsoleil et autres sur la production de volailles bio, d'accueillir des futurs aviculteurs, des élèves et étudiants... Le site a donc été aménagé pour des visites, la tenue de réunions, l'observation (à travers une vitre) des animaux dans le respect des exigences sanitaires.
Le projet est porté financièrement à 100 % par Valsoleil, avec une cession-vente à Nicole Branco prévue prochainement. La coopérative a pris en charge la partie technique du sur-investissement (54 000 euros). Actuellement, elle compte 16 élevages de volailles bio et s'est fixé l'objectif d'en doubler le nombre d'ici 18 mois. Elle recherche donc des éleveurs dans cette filière mais aussi dans d'autres types de production.

Annie Laurie

Données chiffrées /

- 2 bâtiments, chacun de 480 m² de surface avec 19 200 m² de parcours, et 4 silos d'aliment.
- une capacité d'accueil de 9 600 poulets bio au total (densité : 10 par m²).
- 83 jours d'élevage en moyenne (3,5 rotations par an).
- un investissement total de 450 000 €.
- 150 250 € de soutiens financiers : subventions Pep (50 000 €), CDRA (17 500 + 9 000 pour le suivi), Biovallée (18 750), PMBE (25 000), aides Valsoleil-Ucabio-Capag (24 000), Valsoleil ERC (3 000) et partenaires gaz (3 000).

 

Ils ont dit / Paroles entendues lors de l'inauguration de l'élevage de Nicole Branco.
Un élevage innovant, performant...
 
L'inauguration de l'élevage pilote de poulets bio éco-conçu. Les invités pendant l'inauguration.
 
Christian Veyrier, président de Valsoleil, a qualifié l'élevage de Nicole Branco d'« innovant et de performant ». Valsoleil a suivi techniquement et financièrement ce projet « car il va dans le droit fil de ce que nous voulons faire. [...] Nous nous sommes dit qu'il fallait en faire un outil pour donner des références techniques aux agriculteurs ». Et de rappeler que cette coopérative a choisi de s'orienter vers des filières locales le plus resserrées possible et des outils performants. Son but est d'obtenir un maximum de valorisation sur le secteur pour ramener de la valeur aux céréaliers et aux éleveurs.
Cette réalisation « est l'illustration d'une dynamique collective », a confié Philippe Allimant, directeur de la DDT, avant de revenir sur les difficultés qu'a dû surmonter Nicole Branco. Et de constater : « Tout est compliqué, maintenant : avec l'Europe, l'accès au foncier, l'urbanisme, le mitage du territoire, le voisinage, la protection des forêts, de la ressource en eau... Le rôle de la DDT est d'appliquer la réglementation mais dans un esprit d'accompagnateur ». Alors il a conseillé, pour les futurs projets, de « faire une expertise en amont auprès des services de la DDT, qui ont des compétences dans un large domaine ».
Serge Krier, vice-président en charge de l'agriculture à la CCVD, a considéré ce projet pilote comme un exemple de collaboration réussie entre la profession agricole et le territoire. Il l'estime exemplaire à plusieurs titres, notamment par son concept d'éco-construction, l'approche énergétique...
Geneviève Moulins-Dauvilliers, maire de Soyans, a souligné l'intérêt de ce type d'élevage « pour le bien-être de ceux qui y travaillent, des volailles et l'environnement ».
A.L.