Poulettes en volières : une première dans la région

Au sein de l'EARL Les bruyères à Hostun (créée en 1998), Bruno et François Terpant (frères) sont aviculteurs, nuciculteurs (35 hectares de noyers) et ont aussi une vingtaine d'hectares en grandes cultures. Le premier se charge plus particulièrement des cultures, le second des volailles. Leur père, Georges, était déjà aviculteur. Bruno (43 ans) et François (39 ans), eux, ont actuellement quatre poulaillers en service. Ils élèvent 140 000 poulettes en cages, dont 60 000 dans trois bâtiments en fin de vie. Mais ils viennent d'en construire un nouveau avec volières d'une capacité de 60 000 poulettes.
L'idée de leur projet remonte à 2011. En 2016, après plusieurs années de réflexion donc, ils optent pour des volières. Le bâtiment, dont la construction a démarré en mars 2018, a été inauguré le 19 décembre. Ils ont un contrat en intégration avec Les fermiers du Sud-Est, une structure d'Envie d'œufs Sud-Est (filiale du groupe Dauphinoise). Seront ainsi élevées 2,4 bandes de poulettes par an. Les premiers poussins (provenant d'un couvoir du Grand-Ouest à l'âge d'un jour) doivent arriver ce mois de janvier (en semaine 3).
Plus près des besoins naturels
« C'est le premier élevage de poulettes en volières créé en Rhône-Alpes/Paca, explique François Terpant. Nous avons fait ce choix après avoir visité des bâtiments en Vendée, Alsace et Allemagne. Ce mode d'élevage apporte plus de confort aux animaux, correspond mieux à leurs besoins naturels. Pour nous, ce sera une autre manière de travailler, en observant davantage nos poulettes. Nous avions déjà un salarié à plein temps. Nous venons d'en recruter un deuxième. »
L'EARL Les bruyères a investi 1,277 million d'euros dans ce nouveau poulailler. Elle bénéficie d'une aide à hauteur de 6,5 % de la Région et de 2,3 % des Fermiers du Sud-Est. Le contrat d'intégration est de douze ans. L'intégrateur fournit les poussins, l'aliment, assure un suivi technique et la commercialisation des poulettes en interne dans le groupe ou en dehors.
Les poulettes grandissant en volières sont habituées à se déplacer, voler, se percher (voir ci-...). Elles sont adaptées à tous les types d'élevage de poules pondeuses (bio, plein air, volières, au sol). A savoir, pour les poules pondeuses en volières, les poulettes doivent avoir été élevées de cette manière. Sinon, elles ne s'adaptent pas. Stelly Ferranto, responsable marketing à Envie d'œufs Sud-Est, souligne les avantages de ce mode d'élevage : « Il facilite la manipulation pendant les interventions, diminue les coûts de chauffage, permet une meilleure gestion de la litière et du paillage, réduit les risques d'étouffement et limite l'emprise agricole ».
Des équipements au top
De quelque 1 500 m2, le nouveau bâtiment de Bruno et François Terpant est isolé des autres poulaillers de l'exploitation pour des raisons de sécurité sanitaire. Il est équipé d'une colonne de lavage d'air : de gros ventilateurs envoient les poussières dans un bassin rempli d'eau qui les retient. Grâce à la brumisation, le bâtiment pourra être rafraîchi pendant les fortes chaleurs. Elle sera aussi utilisée pour la désinfection pendant les vides sanitaires. Afin d'éviter les nuisances olfactives et le dégagement d'ammoniac, un système séchera les fientes dans les volières (à plus de 80 % de matière sèche). Ces fientes seront évacuées du bâtiment toutes les semaines. La ventilation est de type dynamique longitudinal. « L'été, un courant d'air rafraîchira l'intérieur du bâtiment. L'hiver, nous ventilerons un peu moins », explique François Terpant. Le bâtiment sera chauffé avec quatre canons à gaz en air pulsé. Un système de rinçage automatique équipe les pipettes, pour une eau plus attirante, donc un meilleur démarrage des animaux. Une régulation pilotera la lumière dans tout le bâtiment. Le perchage est automatique, il se déplie dans les allées... Voilà, tout est prêt pour accueillir les petites poulettes.
Annie Laurie
Elevage en volières / Les jeunes gallinacées apprendront à manger, boire puis à sortir de leur module, déambuler dans le bâtiment, voler... Toute une éducation en plusieurs étapes.Des volailles éduquéesLe nouveau bâtiment d'élevage de poulettes de Bruno et François Terpant est équipé de quatre rangées de volières à trois étages, composées de 1 600 modules. Le jour de leur arrivée, 70 poussins seront mis dans chaque module situé à l'étage du milieu seulement. Etant à hauteur d'homme, les manipulations seront ainsi facilitées. Pour leur apprendre à manger, l'aliment sera posé sur des alvéoles en carton et dans la mangeoire (chaîne automatique). Pour boire, ils disposeront de pipettes et godets. Le neuvième jour, la moité des poussins de chaque module sera déplacée au niveau inférieur. Les alvéoles et godets seront enlevés. Les pipettes seront surélevées à cette étape et à la suivante.
Le vingt-neuvième jour, les séparations des modules seront retirées et les portes ouvertes. En plus, des marche-pieds et des échelles seront installés pour apprendre aux volailles à se déplacer dans le bâtiment. Elles seront alors libres d'aller d'un module à l'autre, d'un étage à l'autre, d'un côté ou de l'autre de l'allée. Elles pourront ainsi avoir un comportement naturel : gratter, voler, se percher.


Des leds blanches puis jaunes
Le bâtiment est obscur. Du premier au cinquante-sixième jour, les volières seront éclairées avec des leds blanches pour inciter les animaux à manger et boire. Ensuite, elles le seront avec des leds jaunes pour favoriser le système hormonal et la ponte à 17 semaines. Le soir, les lumières au plafond seront éteintes. Par contre, les volières resteront éclairées : attirées par la lumière, les poulettes y retourneront toutes seules et se percheront. Une fois toutes rentrées, la lumière sera automatiquement éteinte. 17 semaines (119 jours), c'est l'âge de transfert des poulettes en élevage de ponte. Leur éducation sera alors achevée : elles auront appris à déambuler dans le bâtiment, voler...A. L.
Chiffres clés
Bâtiment de poulettes en volières de l'EARL Les bruyères :1 544 mètres carrés de surface (dimensions : 96,5 mètres x 16).
Volières à trois niveaux.
Plus de 8 000 pipettes.
Plus de 4 000 mètres de mangeoires et de 8 000 mètres de perchoirs.Envie d'œufs Sud-Est :
- Filiale du Groupe Dauphinoise, Envie d'œufs Sud-Est (créée en 2016) rassemble Les fermiers du Sud-Est, qui est la société d'intégration des élevages (130 éleveurs de poulettes et poules pondeuses), six centres de conditionnement (répartis dans le grand Sud-Est, de Nice à l'Auvergne et en Saône-et-Loire), une casserie.
- 370 collaborateurs.
- Production d'un œuf sur trois vendus dans les magasins du Sud-Est.
- 107 millions d'euros de chiffre d'affaires.