Pour la santé et l'avenir des abeilles

Les 9, 10 et 11 octobre au lycée agricole du Valentin à Bourg-lès-Valence, les premières « Journée à la ruche » ont accueilli quelque 300 participants. Ces journées nationales pour la santé et l'avenir des abeilles s'adressaient aux apiculteurs (professionnels et amateurs), aux autres acteurs de la filière et au monde agricole. La fédération nationale des organisations apicoles départementales (FNOSAD) est à l'origine de cet évènement. Elle l'a organisé en partenariat avec la section apicole du GDS (groupement de défense sanitaire) de la Drôme et le GDS apicole de l'Ardèche.
Abeilles en danger, apiculture en difficulté
Pourquoi cette initiative ? « Les abeilles sont en danger et le secteur d'activité de l'apiculture en difficulté », constate la FNOSAD. Depuis plusieurs années, l'apiculture vit une crise sévère liée essentiellement à une forte mortalité des colonies d'abeilles. Cette situation fragilise l'équilibre économique du secteur apicole. Le nombre d'apiculteurs décroît. Par conséquent, en France, la production de miel (10 000 tonnes en 2014) recule alors que la consommation est quasiment stable depuis dix ans (autour de 40 000 tonnes par an). En quinze ans, les importations ont triplé. La disparition des abeilles fait aussi peser une menace sur la pollinisation des cultures assurée naturellement et la biodiversité des plantes sauvages. Les experts avancent plusieurs causes de mortalité : problèmes sanitaires (avec le varroa comme principal accusé), intoxication par des pesticides, raréfaction du potentiel mellifère de l'environnement.
Condamnés à être bons
Le président de la FNOSAD ainsi que de la section apicole du GDS de la Drôme, Jean-Marie Barbançon, considère que « l'art d'élever des abeilles est devenu un métier. Les apiculteurs qui veulent durer sont condamnés à être bons. Il faut gérer la varroase, lutter contre le frelon asiatique, contrecarrer la venue éventuelle du petit coléoptère des ruches aethina tumida(1)... Si dans la ruche le milieu est dégradé, les colonies subissent un stress qui les affaiblit à tel point que, même si des ressources se présentent, les abeilles ne sont plus en capacité de les exploiter valablement. Cela explique la pénurie de miel. On arrive à des pertes annuelles de 30 % en moyenne. C'est énorme. » Aussi, ces journées "A la ruche", Jean-Marie Barbançon les a estimées « primordiales pour que les soucis majeurs soient bien connus des apiculteurs. » Elles se sont entre autres et surtout intéressées à la lutte contre le varroa, au frelon asiatique, à aethina tumida, au diagnostic des intoxications...
Affiner le diagnostic
Côté perspectives, « il faut avancer en précision dans l'identification des causes de mortalité des abeilles, note Jean-Marie Barbençon. La Drôme a été département pilote pour une étude épidémiosurveillance mise en place avec la DDPP(2). Des prélèvements ont été faits chez 66 apiculteurs pour recherche de toxiques (traitements médicamenteux ou pesticides) et bioagresseurs (varroa, noséma, loque américaine...). « Ce travail mérite d'être affiné. Des multicontaminations sont retrouvées dans les résultats d'analyses, remarque le président de la FNOSAD. Mais on n'est pas encore capable, pour des doses faibles, d'établir le lien entre ces multicontaminations et les pathologies observées. Il reste encore du chemin à faire. »
Annie Laurie
(1) : présent en Italie.
(2) DDPP : direction départementale de la protection des populations.
La section apicole du GDS et le Valentin partenaires
