Pourquoi les vignerons de Nyonsais attendent leur appellation

Une demande avait été déposée en 1998. Et depuis, le dossier n'avait pas vraiment évolué. Les vignerons en verront-ils un jour la fin ? Cela pourrait en effet être le cas. En ce début d'année, la commission d'enquête de l'Institut national de l'origine et de la qualité (Inao) se serait en tout cas prononcé en faveur de la création d'un Côtes-du-Rhône villages avec le nom géographique « Nyons ». Les vignerons concernés pourraient ainsi s'en revendiquer dès 2019. « C'est la reconnaissance d'un territoire, d'une qualité », indique Maxime Laurent, vice-président du Syndicat des vignerons du Nyonsais. Pour autant, rien n'est encore acquis. Une enquête publique doit encore, par exemple, être organisée sur le territoire.
Une AOC Côtes-du-Rhône villages Nyons
Le vignoble du Nyonsais, qui s'étend sur les communes de Mirabel-aux-Baronnies, Nyons, Piégon et Venterol, compte près de 200 exploitations. Le volume annuel en Côtes-du-Rhône villages est estimé à 11 500 hl (sur 350 ha, 70 exploitations concernées). Du Côtes-du-Rhône générique est également produit, tout comme quelques IGP, au bord des rivières telle l'Eygues. Environ 15 % des surfaces sont en agriculture biologique. L'ensemble des couleurs est représenté (rouge, blanc, rosé). Le Côtes-du-Rhône villages Nyons ne serait en tout cas disponible qu'en rouge.
Grâce au mistral, le vignoble est moins sujet aux maladies cryptogamiques, contrairement à d'autres. « On a également la chance d'être bordé par les Préalpes. Nous avons ainsi des vins qui restent frais, tout en ayant du corps », précise aussi le vigneron. Mais la chance ne suffit pas forcément et c'est également un travail qualitatif qui a été mené depuis plusieurs années. Des sélections parcellaires ont en effet été réalisées, tout comme la recherche de maturité. L'obtention d'un Côtes-du-Rhône villages Nyons ne sera donc pas forcément synonyme d'une montée en gamme, au regard des efforts déjà fournis. Une possible montée des prix n'est pas non plus forcément un but recherché, bien qu'elle serait la bienvenue.
Des vignes et des hommes
« Nos olives sont déjà reconnues, on veut en faire autant pour notre vin. La demande de cette appellation, c'est vraiment une histoire d'hommes. Tous les vignerons du Nyonsais sont aujourd'hui réunis dans cette démarche », souligne encore Maxime Laurent. Il faut dire que cela n'a en effet pas toujours été le cas, deux syndicats de part et d'autre de la rivière ayant par le passé existé. Mais si l'appellation est obtenue, ils savent que le travail s'annonce encore long. « Il va falloir communiquer, travailler sur la commercialisation qui est pour l'heure très locale, faire connaître notre démarche environnementale... Mais on attend vraiment la décision finale, on ne veut pas se réjouir avant », explique-t-il.
Nyons deviendrait ainsi la 21e dénomination géographique au sein de l'appellation d'origine contrôlée Côtes-du-Rhône villages. Et la sixième dans le seul département de la Drôme, aux côtés de Suze-la-Rousse, Saint-Pantaléon-les-Vignes, Saint-Maurice, Rochegude et Rousset-les-Vignes. À noter que le périmètre de certains noms géographiques situés dans le Vaucluse concernent également des communes drômoises, à l'instar de Sainte-Cécile (Suze-la-Rousse et Tulette) et Puyméras (Mollans-sur-Ouvèze et Mérindol-les-Oliviers).
A. T.