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Sylviculture

Pouvoir continuer à gérer la forêt drômoise

Les forestiers privés de la Drôme (Fransylva 26) mènent des actions pour une meilleure exploitation de la forêt. Cependant, ils s'inquiètent de la baisse des moyens humains alloués au CRPF ainsi que des achats de domaines par des fondations privées.
Pouvoir continuer à gérer la forêt drômoise

A l'échelle d'Auvergne-Rhône-Alpes, « la Drôme est le deuxième département en surface forestière, » a rappelé André Aubanel lors de l'assemblée générale de Fransylva 26 (ex-Union drômoise des forestiers privés). Cette association, qu'il préside, regroupe quelque 800 des 38 000 propriétaires forestiers que compte le département. Elle mène des actions variées notamment la mobilisation, la constitution et l'appui aux associations syndicales libres de gestion forestière (ASLGF). Mais aussi dans le domaine de la myco-sylviculture (intégrer la production des champignons dans la gestion forestière), de la trufficulture, du sylvopastoralisme ou encore en matière de défense des forêts contre les incendies (DFCI).

Des propriétaires à regrouper

Aux côtés d'André Aubanel, président de Fransylva 26, la présidente du Département de la Drôme Marie-Pierre Mouton et le sénateur Bernard Buis.

« La surface forestière drômoise s''accroît de 1 500 hectares. Mais ne sont prélevés que 30 % de cet accroissement naturel », a fait remarquer André Aubanel. Cette faible exploitation a des conséquences, comme la prolifération de gibiers. De plus, « quand la forêt se referme, la biodiversité recule, a-t-il ajouté. Et les nouvelles demandes de biomasse - pour le papier, la production d'énergie avec la co-génération - ne sont pas satisfaites ».
Le président a mis en avant l'organisation départementale, régionale et nationale de Fransylva et ses lien avec les centres régionaux de la propriété forestière (CRPF). « Nos objectifs vont dans le sens d'un regroupement des propriétaires et des surfaces et ce, pour une meilleure gestion économique et environnementale des forêts privées », a-t-il souligné. André Aubanel a aussi parlé des partenariats menés avec Fibois (interprofession de la filière bois et forêt), la fédération des chasseurs (afin de limiter les dégâts des cervidés) ou encore le parc naturel régional du Vercors (partage d'un technicien forestier avec le CRPF). Sur ce dernier point, il pourrait en être de même avec le parc des Baronnies provençales, que préside le conseiller régional Claude Aurias.

« Un formidable potentiel économique »

Par ailleurs, André Aubanel a fustigé l'achat « à fort prix » de domaines fonciers (dans la vallée de la Gervanne, à Boulc-en-Diois, Léoncel, Vesc, Châteauneuf-du-Rhône) par des fondations voulant créer « des réserves de faunes sauvages et faire disparaître la gestion forestière. C'est le contraire de ce que nous souhaitons, a-t-il déploré. Car la gestion forestière est bonne pour l'économie, le bilan carbone ou la qualité de l'eau. » Ce sujet préoccupe le conseil départemental. « On a l'impression d'être dépossédés d'un territoire, a dit sa présidente, Marie-Pierre Mouton, qui s'interroge sur le fondement des fondations et associations à l'origine de ces initiatives. Par ailleurs, elle a souligné le « formidable potentiel économique de la forêt » ainsi que la nécessité de son aménagement et entretien. C'est d'ailleurs tout le sens des différents « plans bois » du Département. L'actuel, doté de 3 millions d'euros sur la période 2018-2022, poursuit l'objectif de rendre la forêt plus productive dans le respect de sa multifonctionnalité, ainsi que de structurer une filière bois énergie. « Il faut faire comprendre qu'une coupe de bois a pour but de régénérer la forêt, a indiqué Bernard Buis, sénateur de la Drôme. Le travail d'aménagement foncier est important pour exploiter efficacement nos forêts. » Encore faut-il que les CRPF puissent conserver certains de leurs techniciens forestiers, ce qui semble compromis aujourd'hui du fait de restrictions budgétaires et d'une réglementation spécifique sur les contrats de travail à durée déterminée (CDD). Le parlementaire s'est engagé à étudier ce point, notamment dans le cadre de l'examen de loi sur la fonction publique territoriale. La présidente du CRPF Auvergne-Rhône-Alpes, elle, a fait part de sa volonté de conserver les effectifs présents en Drôme et Ardèche (2 CDI et 2 CDD), en recherchant notamment des partenariats et des conventionnements sur des missions telles que l'adaptation de la forêt face au changement climatique.

Christophe Ledoux

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La forêt drômoise

A l'échelle d'Auvergne-Rhône-Alpes, « la Drôme est le deuxième département en surface forestière, » a rappelé André Aubanel lors de l'assemblée générale de Fransylva 26.
© journal L'Agriculture Drômoise
- 320 000 hectares d'espaces forestiers, soit la moitié de la superficie du département.
- Une forêt aux trois quarts privée appartenant à 38 000 propriétaires, soit 5,5 hectares en moyenne.
- Des formations végétales variées depuis la hêtraie-sapinière jusqu'aux pinèdes à pin d'Alep.
- Un capital sur pied de 26 millions de mètres cubes.
- Une récolte proche de 151 000 mètres cubes par an (56 % de résineux, 44 % de feuillus).