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Ppam - tournée agricole avec le préfet

Ppam : assouplir les réglementations

Le Gaec des 4 Vallées a constitué la deuxième étape de la tournée organisée par la FDSEA en présence du préfet de la Drôme. Ici, ont été évoquées la concurrence, tant sur le plan national qu’international, et les réglementations de plus en plus inadaptées.
Ppam : assouplir les réglementations

A une dizaine de kilomètres de la cave de Die Jaillance, la délégation conduite par Grégory Chardon, président de la FDSEA de la Drôme, a emmené le préfet Hugues Moutouh et la nouvelle sous-préfète de Die, Camille de Witasse-Thézy, à Chamaloc. La visite s'est déroulée au Gaec des 4 vallées. L'exploitation compte aujourd'hui une centaine d'hectares avec principalement de la lavande en rotation avec du foin et des céréales. Les trois associés (Alain et Cécile Aubanel, Maxime Méjean) produisent leur lavande depuis le semis jusqu'à la distillation, grâce à la présence de serres et d'une distillerie implantée sur l'exploitation. Le Gaec élève également des moutons et des chèvres. Ses principaux atouts sont la vente directe et l'agrotourisme, grâce à la proximité d'une route touristique qui permet de donner une valeur ajoutée non négligeable aux produits.
« Aujourd'hui, économiquement, la filière Ppam* est intéressante, contrairement à la filière céréalière ou à l'élevage. On peut installer des jeunes avec peu d'hectares et gagner correctement sa vie, a expliqué Alain Aubanel. La contrepartie, c'est que la France entière veut désormais en faire. De grosses distilleries ont été installées dans les Yvelines, en Champagne... Cela va déstabiliser le marché. S'il s'effondre, que ferons-nous en zones montagneuses et dans l'arrière-pays si nous ne pouvons plus faire de lavande ? Les producteurs en plaine s'en sortiront toujours quoi qu'il arrive, mais nous ? »

Diversifier pour contrer la concurrence

« Aujourd'hui, économiquement, la filière Ppam* est intéressante, contrairement à la filière céréalière ou à l'élevage. On peut installer des jeunes avec peu d'hectares et gagner correctement sa vie, a expliqué Alain Aubanel. La contrepartie, c'est que la France entière veut désormais en faire. De grosses distilleries ont été installées dans les Yvelines, en Champagne... Cela va déstabiliser le marché. S'il s'effondre, que ferons-nous en zones montagneuses et dans l'arrière-pays si nous ne pouvons plus faire de lavande ? Les producteurs en plaine s'en sortiront toujours quoi qu'il arrive, mais nous ? »
© journal L'Agriculture Drômoise

Pour contrer ce phénomène, la diversification des Ppam est la seule solution envisagée. « L'avantage, c'est que nous disposons de 120 à 130 variétés différentes dans le département », a fait remarquer Alain Aubanel, par ailleurs président de la Fédération des producteurs de lavandes, lavandins et Ppam de Drôme et Ardèche. C'est sans compter sur l'explosion du marché du lavandin à l'étranger, « conséquence de la hausse du pouvoir d'achat de pays émergents tels que l'Argentine, le Brésil, l'Inde, etc. », a-t-il expliqué. En revanche, les pays de l'Est continuent de faire du tort au territoire français en développant les cultures avec 80 % de subventions pour l'achat de leurs plants, bineuses, récolteuses, etc.
Par ailleurs, si la filière Ppam vit relativement bien le changement climatique, quelques inquiétudes émergent. Avec la suppression du glyphosate, Alain Aubanel a soulevé une interrogation : « Nous voulons faire baisser le bilan carbone à travers des méthodes alternatives, comme l'agroforesterie, le compostage, etc. En revanche, on est en droit de s'interroger : vaut-il mieux mettre 200 grammes de produit phytosanitaire ou faire cinq ou six passages en tracteur ? ».

« Une aberration »

Le préfet a aussi été interpellé sur les réglementations européennes et françaises, de plus en plus lourdes, notamment en termes d'étiquetages. « 90 % des gens ne sont pas en règle car la réglementation n'est pas adaptée, a lâché Alain Aubanel. Nous acceptons les contrôles mais c'est une aberration d'avoir, par exemple, l'obligation d'afficher des pictogrammes de danger chimique sur nos flacons d'huiles essentielles naturelles. Il faut que l'on obtienne des assouplissements. » Jordan Magnet, président des Jeunes Agriculteurs de la Drôme, en a profité pour rebondir sur le sujet : « Ce problème d'adaptation de la réglementation est présent sur toutes les filières. Nous disposons de beaucoup de petites structures qui sont finalement exposées au même titre que les normes industrielles. »

Rendre obligatoire la vente de plants sains

La maladie du dépérissement est également un problème majeur, avec les dégâts causés, entres autres, par la bactérie Xylella fastidiosa. « Aujourd'hui, il y a tellement de demandes pour planter que les gens achètent les plants n'importe où, a déploré Alain Aubanel. D'ici cinq ans, il faudrait rendre obligatoire la commercialisation de plants sains et certifiés de lavande et lavandin afin d'enrayer le dépérissement. Car celui-ci peut coûter très cher à la filière puisque la démarche sanitaire impose de détruire les surfaces sur un périmètre de dix kilomètres. »

Amandine Priolet

* Ppam : plantes à parfum aromatiques et médicinales.