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Bout de champ

Ppam : l’intérêt des couverts végétaux inter-rangs

Couviver est un projet de développement des couverts végétaux inter-rangs d’hiver en plantes à parfum, aromatiques et médicinales (Ppam) pérennes. Le point sur les essais en cours.

Ppam : l’intérêt des couverts végétaux inter-rangs
©DV-CA26

Couviver est un projet de développement des couverts végétaux inter-rangs d’hiver en Ppam pérennes. Piloté par le Crieppam, avec comme partenaires techniques les chambres d’agriculture de la Drôme, du Vaucluse et des Alpes-de-Haute-Provence, AgriBio04, le PNRV, le GIEE Essen’sol et la SCP, il est financé par le fonds Casdar et la participation du Fonds SPLP (sauvegarde du patrimoine lavandes en Provence). C’est un essai multi-local avec quatre parcelles comparatives.
Les avantages potentiels à l’étude sont la gestion de l’enherbement, l’amélioration de la qualité des sols et la réduction des intrants (notamment de produits phytos) ainsi que l’appréciation de l’amélioration de l’état sanitaire de la culture.
Les couverts végétaux hivernaux n’entraînent pas de concurrence pour la culture, à condition de les détruire en sortie d’hiver. A contrario, les couverts végétaux inter-rangs permanents peuvent entraîner une concurrence selon plusieurs facteurs… Pour un producteur souhaitant implanter des couverts végétaux inter-rangs, il est donc plus facile de s’initier avec des couverts hivernaux.
Deux couverts différents ont été comparés :
- un couvert fourni gracieusement par le Fonds SPLP composé d’ers, de pois fourrager d’hiver et de printemps, de vesce pourpre, de moutarde et de radis chinois ;
- le couvert « Chlorofiltre mix+ UAB » du semencier Cérience, très bien adapté à la zone de la vallée du Rhône et composé d’avoine rude, de vesce de printemps, de trèfle d’Alexandrie, de radis chinois et de phacélieCouvert Chlorofiltre Mix+. ©DV_CA26 

Couvert Chlorofiltre Mix+. ©DV_CA26 

Couvert SPLP. ©DV_CA26 

Une modalité « témoin biné » complète le dispositif expérimental. Sur les autres parcelles du projet, seul le couvert du Fonds SPLP est identique. Les autres couverts mis en place sont différents car les résultats doivent être reproductibles et avoir un intérêt pour les producteurs avoisinants.
Lors de la réunion Bout de champs organisée le 19 décembre dernier à Saoû, les participants ont pu constater que le couvert Chlorofiltre Mix+ UAB présente une meilleure couverture de sol par rapport au couvert du Fonds SPLP, ce qui laisse suggérer un meilleur contrôle des adventices. Mais le couvert du Fonds SPLP a produit davantage de biomasse (voir ci-dessous l’analyse des restitutions).
L’essai a été mis en place chez un lavandiculteur qui souhaite compenser au maximum les exportations qui sont faites lors des récoltes. Le constat est qu’à la récolte, avec une ensileuse à lavandin, ce sont deux caissons de 28 m³ par hectare qui sont exportés. Soit 56 m³ de matière végétale par ha et par an. Sur une lavanderaie conservée dix ans, en comptant neuf récoltes, il y a donc une exportation de 504 m³ de matière végétale par ha, ce qui est énorme.
C’est dans une logique de compenser cette perte de matière organique, et d’autant plus dans le contexte de changement climatique, que le producteur s’est décidé à semer ces couverts hivernaux.
La parcelle, en bio, a été plantée début 2023. Les couverts végétaux ont été semés le 14 septembre. Idéalement, mieux vaut implanter les couverts fin août pour maximiser la réussite du semis en profitant des pluies de septembre. Cela n’a pas été possible mais le mois de septembre 2023 ayant été pluvieux, cela n’a pas été pénalisant.
Le mélange du Fonds SPLP a été semé à 20 kg/ha sur l’inter-rang, le mélange Chlorofiltre Mix+ à 25 kg/ha. Le couvert n’a pas été roulé car il faut un équipement spécial que le producteur ne possède pas.

Évaluation de la biomasse

La destruction des couverts est prévue fin février, avant la reprise de la végétation des lavandins, au risque de voir le rendement et la croissance des plantes impactée.
Deux possibilités s’offrent alors : laisser le couvert coupé en surface qui va alors en premier lieu servir de paillage ou alors l’enfouir directement dans les quinze premiers centimètres du sol pour accélérer la minéralisation.
L’évaluation de la biomasse (et donc les éléments minéraux qui seront restitués) a été faite à grâce à la méthode Merci. Cette méthodologie est utilisable gratuitement via le site dédié : https://methode-merci.fr
Les résultats obtenus sur cette parcelle montrent que, malgré une moins bonne couverture par le couvert du Fond SPLP, celui-ci reste plus intéressant pour les éléments minéraux qu’il va restituer. La densité de semis réelle étant un peu inférieur aux recommandations, il faudrait rehausser les valeurs du tableau suivant pour ce couvert.
Pour affiner les résultats, une analyse de sol type fractionnement de la matière organique (MO) a été effectuée. Le prélèvement sera réalisé à nouveau après trois années.     
En considérant que les besoins moyens du lavandin sont de 45-14-87-14 unités N-P-K-Mg (source Crieppam), on constate que le couvert du Fonds SPLP couvre environ les deux tiers des besoins en phosphore et potassium de la culture ! Et ce malgré la densité de semis, ce qui permet donc de fortement réduire sa facture d’engrais de fond.
De plus, sur trois ans, le couvert du fond SPLP apporte presque 1 tonne de MO par hectare.
Une problématique reste en suspens : il est plus difficile de semer un couvert hivernal dans une parcelle qui a déjà plusieurs années car un semoir à céréales classique peut ne plus passer au-dessus des plants s’ils sont bien développés. Cela n’empêche pas d’implanter des couverts hivernaux les premières années pour profiter de leurs avantages. n

Pour plus d’informations et si vous souhaitez tester les couverts végétaux inter-rangs dans la Drôme, n’hésitez pas à contacter Dorian Vanzulli (06 20 56 66 22 - [email protected]

Gestion des couverts

Gestion des couverts
Broyeur Ferotin spécifique inter-rangs de PPAM. ©DV_CA26

Claude Ferotin (Ets Ferotin) a témoigné de son expérience : il laisse dans ses parcelles un couvert permanent spontané entre rangs qu’il gère avec son broyeur spécifique pour les inter-rangs et avec sa bineuse à disques pour les rangs. Les éléments sont flottants, ils s’adaptent si le sol n’est pas plat et passent au-dessus des pierres. L’avantage de cet outil est le branchement simple sur le distributeur d’huile du tracteur. Pas besoin de centrale hydraulique ni de prise de force avant, contrairement à d’autres modèles existants. Un tracteur de 90 CV suffit. L’outil travaille sur 90 cm de large sur deux inter-rangs en un seul passage. Cela lui permet de gérer son couvert et donc son enherbement en seulement quatre passages par an : trois au printemps et un à l’automne
Coût à l’achat : 10 500 € HT neuf – Éligible aux aides FranceAgriMer ou Feader.