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Plantes à parfum (Ppam)

Ppam : la qualité comme priorité

L'important développement de la filière des plantes à parfum, aromatiques et médicinales (Ppam) a été évoqué lors de la visite par le préfet de la Drôme du Gaec des quatre vallées à Chamaloc.
Ppam : la qualité comme priorité

Dans le cadre d'une tournée de visites d'exploitations organisée par la FDSEA le 26 juillet (lire notre édition précédente), le préfet de la Drôme, Eric Spitz, s'est aussi rendu au Gaec des quatre vallées, à Chamaloc. Il était accompagné, entre autres, de Clara Thomas (sous-préfet de Die), Didier Beynet (président de la FDSEA), Jean-Pierre Royannez (vice-président de la chambre d'agriculture) et d'Anne-Claire Vial (présidente de la chambre d'agriculture). Le maire, Michel Vartanian, a accueilli le groupe dans les effluves d'une distillation de lavande et parlé des six exploitations (dont deux Gaec) qui occupent 110 hectares sur la commune. « La moyenne d'âge des exploitants est de 40 à 45 ans, c'est jeune ! », a-t-il souligné. La conseillère départementale Martine Charmet, qui cultive des plantes aromatiques, a souligné l'importance de la filière Ppam dans la région où l'on dénombre trois entreprises de transformation employant au moins quarante personnes.

Une filière qui va bien, mais...


Alain Aubanel, l'un des trois associés du Gaec des quatre vallées, a présenté rapidement l'activité, axée essentiellement sur le domaine des parfums, avant de se lancer dans le vif du sujet. « La filière va bien, mieux que les autres. Elle est en plein développement mais il y a un problème : tout le monde veut aller sur les plantes aromatiques..., a-t-il déclaré. Par exemple, des vignes sont arrachées pour y planter du lavandin... » Alain Aubanel et ses associés ont anticipé pour faire face à l'augmentation de la production. Ainsi, le Gaec distille aussi pour d'autres producteurs. « Cet hiver, nous avons investi pour multiplier par deux le volume, a-t-il indiqué. Pour l'instant, nous avons le potentiel pour absorber. Tout va bien donc mais il faudrait que ça dure. »
Président de la fédération départementale des producteurs de Ppam et vice-président de la fédération nationale, il pointe en effet du doigt une autre inquiétude, celle de la concurrence étrangère. « Les Espagnols et les pays de l'Est sont en train de planter. Les Suisses et les Anglais vont investir là-bas. Mais au niveau qualité, ils ne nous arrivent pas à la cheville, a-t-il fait remarquer. Le bas de gamme, pour les lessives et les adoucissants notamment, va nous échapper. Nous, nous misons sur la qualité. »

Un marché colossal

La question de la réforme de la Pac a été soulevée par un participant, notamment au regard des pays de l'Est. « Ces pays sont considérés comme émergents. Ils reçoivent d'importantes subventions pour les investissements ! ». Mais l'engouement de certains pour la lavande induit aussi un marché en développement, qu'Alain Aubanel qualifie de « colossal ». En particulier vers l'Amérique du Sud où l'on peut désormais se payer des machines à laver (avec comme conséquence un besoin pour les lessives), vers l'Inde pour l'encens, vers la Chine dont la production locale est insuffisante.
L'évolution du métier et de la clientèle a été évoquée également. L'activité touristique, en croissance significative chaque année, assure au Gaec un revenu prépondérant. Les touristes étrangers adaptent leur itinéraire pour venir, pour s'informer et observer... Cette présence dans la région n'est parfois pas sans gêner les agriculteurs. « Il n'y a pas d'aménagements spécifiques. Les gens se garent n'importe où et les camping-cars empêchent parfois les moissonneuses de circuler. Sans compter les déchets qu'il faut ramasser ou les enfants qui coupent les ficelles des ballots ! »

Un réseau de piégeage

Le problème de la surface disponible, avec la nécessité de se diversifier, a été un autre sujet abordé. De même que la présence de la noctuelle qui dévaste les champs à grande vitesse. « D'habitude, le papillon est amené par le vent du sud. Mais cette année, la chenille a passé l'hiver ici », s'est inquiété Alain Aubanel. Il a parlé du réseau de piégeage mis en place avec la chambre d'agriculture. Sa présidente a salué l'engagement de la famille Aubanel pour la filière. « Alain rend service à l'ensemble des producteurs », a-t-elle assuré. Il s'est investi en particulier pour infléchir la règlementation Reach, qui voulait que la lavande soit considérée comme un produit chimique !

Elisabeth Voreppe

Gaec des quatre vallées /
« La chaîne est assurée de A à Z »

Le Gaec des quatre vallées cultive 30 hectares de plantes aromatiques (lavande, lavandin et sauge) auxquels il faut ajouter un peu de céréales pour la rotation et un peu d'élevage ovin. Depuis vingt ans, des chevaux et des ânes sont pris en pension l'hiver.
En plantes à parfum, « la chaîne est assurée de A à Z, a expliqué Alain Aubanel : serres pour les plants, culture, distillation, transformation et vente des produits à la boutique (ou via le site internet) de la ferme. Ici, nous distillons également pour les autres, notamment les gros volumes, pour des producteurs de Crest jusqu'au Haut-Diois mais aussi jusqu'à Romans, Puy-Saint-Martin ou Saint-Gervais-sur-Roubion...
L'extraction est réalisée grâce à la vapeur d'eau chauffée par une chaudière automatique au fuel.