Préserver à la fois santé des salariés et activité

Agrial-Eurial
« Tout le lait de chèvre est collecté et transformé, on n'en a pas jeté, signale Pierre Degabriel, directeur de région pour Agrial. En ce moment, on vend moins de picodons et davantage d'autres produits "chèvre". Les consommateurs se sont détournés des AOP, temporairement je pense. Des transferts se sont faits. »
Vis-à-vis du Covid-19, à la collecte, « on essaie de faire en sorte que les chauffeurs soient bien protégés, reprend Pierre Degabriel. Et, dans l'usine Agrial-Eurial de Crest, le travail s'est bien compliqué à cause des barrières sanitaires. Les salariés doivent être protégés, s'espacer les uns des autres. Du temps est perdu. On a quelques absents pour arrêt de travail classique ou garde d'enfants, cela ajoute à la difficulté. Mais c'est jouable. Tout le monde est sur le pont et met de la bonne volonté, c'est important car on est au pic de lait. » La directrice de l'usine, Aurélie Houel, complète : « La crise sanitaire complexifie le travail. Mais, globalement, ça se passe bien dans le sens où il y a assez peu d'absentéisme et où des contraintes d'hygiène sont déjà respectées en temps normal (lavage des mains, désinfection, tenue de travail...). La distanciation sociale a été ajoutée. Ces changements sont sans doute moins difficiles que pour une entreprise non agroalimentaire. » Le reste « est compliqué, reconnaît-elle. Les prévisions de vente sont très approximatives. Nos fournisseurs et partenaires divers sont pour la plupart soit fermés, soit en continuité d'activité très limitée. L'ensemble de la chaîne logistique est perturbée. »
Top Semence
L'union de coopératives Top Semence « a engagé très tôt un plan de prévention contre le Covid-19 », explique son directeur, Didier Nury. Elle a mis en place des mesures d'hygiène et de distanciation dès fin février. Puis le télétravail à partir du 9 mars et l'a par la suite intensifié. Actuellement, tous les salariés pouvant être en télétravail le sont. Le personnel administratif se relaie afin qu'il n'y ait jamais plus de trois personnes en même temps au siège, ni plus d'une par bureau. La direction fonctionne aussi par rotations de présence. Les réunions en présentiel ont été remplacées par des visioconférences. Dans l'usine, les postes de travail ont été aménagés afin d'éviter tous contacts. La cantine et la salle de pose ont été fermées. L'usine fonctionnant en trois huit, normalement deux équipes sont présentes en même temps pendant une demi-heure pour se passer les informations. A présent, elles ne se croisent plus. « On est impactés car le travail est plus difficile. Mais, jusqu'à aujourd'hui, on a réussi à maintenir l'activité tout en protégeant au mieux les salariés en fonction des connaissances et des conseils des autorités sanitaires », disait le directeur, le 10 avril. Un nombre assez important de salariés sont en arrêt de travail, notamment pour garde d'enfants ou si leur conjoint est suspecté d'être atteint par le coronavirus (Top Semence leur demande alors de rester chez eux). « Préférant jouer la carte de la sécurité, on a pris très tôt des mesures rigoureuses et on ne le regrette pas. »
Pour la campagne industrielle qui vient de finir, Top Semence « a pu mener à bien ses expéditions », signale son directeur. Et pour la mise en place du plan de production de l'été prochain, « à cette heure tout est organisé de notre côté pour assurer les prochains semis. On est en train de recevoir les semences de base, on a pu s'organiser pour leur préparation. Et les agriculteurs multiplicateurs ont été prévenus des précautions de sécurité à prendre pour leur livraison. »
Lorifruit
A la coopérative Lorifruit, quand le confinement s'est mis en place, « le conditionnement et la commercialisation des kiwis venaient de s'achever », indique sa présidente, Katia Sabatier-Jeune. Les opérations de maintenance et de préparation de la saison à venir, elles, « se poursuivent avec un effectif restreint et en respectant les mesures de prévention en vigueur, ajoute le directeur, Florent Germon. Le recrutement du personnel saisonnier pour la saison d'été a démarré classiquement fin février avec des inscriptions à la coopérative. Il a été suspendu de façon temporaire et devrait être réactivé prochainement. La durée du confinement et le déconfinement à venir remettent en cause la planification et nous contraignent à un pilotage à court terme. L'ensemble des services supports reste mobilisé pour assurer une continuité d'activité grâce au télétravail ou à l'organisation des postes en interne ». Quant au bureau commercial Fruits Union, « son activité a été réorganisée pour permettre une continuité des opérations commerciales, notamment en légumes ».
Annie Laurie