Céréales
Le petit épeautre de Haute-Provence,  une filière organisée en fort développement

La demande en petit épeautre de Haute Provence augmente et la filière recherche des volumes supplémentaires, et donc des producteurs.

Le petit épeautre de Haute-Provence,  une filière organisée en fort développement
Le petit épeautre de Haute-Provence bénéficie d’une indication géographique protégée (IGP), depuis 2009 pour le grain et depuis 2010 pour la farine. La récolte 2021 a concerné 520 hectares soit environ 1 000 tonnes de grains bruts et 600 de grains décortiqués.

Le petit épeautre (Triticum monococcum), couramment appelé engrain, est une graminée annuelle originaire d’Asie Mineure. Elle constitue la première céréale domestiquée par l’homme. C’est une céréale panifiable à grains vêtus qui nécessite une opération de décorticage avant consommation. Le petit épeautre présente une faible teneur en gluten et fait partie des espèces végétales comportant des protéines complètes assurant l’apport de tous les acides aminés.
Le petit épeautre de Haute Provence bénéficie d’une indication géographique protégée (IGP), depuis 2009 pour le grain et 2010 pour la farine. Son aire géographique s’étend sur 228 communes aux confins de la Drôme, des Hautes-Alpes, des Alpes-de-Haute-Provence et du Vaucluse. En 2021, sa culture a concerné 520 ha entièrement en agriculture biologique ou en conversion à l’AB. Malgré une augmentation régulière du nombre d’adhérents et des surfaces cultivées, la demande reste supérieure à la production et la filière recherche des volumes supplémentaires.
Pour pouvoir être valorisé en IGP, le petit épeautre doit avoir été produit, stocké et décortiqué au sein de cette zone dans le respect d’un cahier des charges qui impose notamment une implantation au-dessus de 400 mètres d’altitude.

Une céréale rustique à cycle long

Le petit épeautre est une céréale rustique, à faible rendement, peu sensible aux maladies et haute en paille, pouvant atteindre 1,5 mètre. Sa culture est adaptée aux climats froids de montagne et son cycle de végétation est long (10 à 12 mois). Il valorise bien les terres pauvres et superficielles et se plaît mieux sur les parcelles bien exposées que dans les terres de bas-fonds.
Le petit épeautre de Haute-Provence doit être intégré à une rotation de trois ans minimum. Les céréales à paille sont interdites comme précédent. Il est majoritairement placé après la destruction d’une prairie temporaire de légumineuse (luzerne, sainfoin, trèfle).
Son implantation est relativement lente, le semis doit donc être le plus précoce possible, dès le mois de septembre pour les zones d’altitude. Grâce à son fort pouvoir couvrant et ses effets allélopathiques, il concurrence fortement les adventices. Le désherbage ne constitue donc pas une problématique majeure pour cette culture.
Espèce à cycle long, la récolte du petit épeautre a lieu entre fin juillet et fin août selon l’altitude. Le rendement brut moyen se situe autour de 18 à 22 q/ha, soit 11 à 13 q/ha après décorticage.

Une plus-value économique apportée par l’IGP

L’IGP permet une très bonne valorisation économique du petit épeautre. Le prix de base est de 840 €/t brut, avec des bonifications possibles en fonction du taux de décorticage. Le prix moyen de la récolte 2021 se situe ainsi à 890 €/t brut, ce qui permet de dégager une marge semi-directe à l’hectare supérieure à 1 200 €/ha, comme le montre le tableau. Ces chiffres ne sont pas à prendre pour argent comptant mais ont un caractère informatif.

Une filière bien organisée

Créé en 1997, le syndicat du petit épeautre de Haute-Provence regroupe aujourd’hui plus de 90 adhérents dont des producteurs, des organismes stockeurs, des décortiqueurs, des meuniers et une entreprise de transformation et de conditionnement.
Le petit épeautre est souvent une culture de diversification pour des exploitations aux orientations très variées. Certains producteurs sont équipés d’outils de transformation (décortiqueur, moulin) et valorisent eux-mêmes leur production sous forme de grain, farine et/ou pâtes. D’autres font appel à des décortiqueurs et meuniers à façon pour la transformation de leur produit.
Environ 70 % des volumes de petit épeautre de Haute-Provence sont par ailleurs vendus en brut de moissonneuse aux décortiqueurs agréés par le syndicat qui constituent le premier maillon d’une filière en demande de petit épeautre certifié bio et IGP.

Un plan de filière spécifique 

En 2021, un plan de filière spécifique au petit épeautre de Haute-Provence a été signé entre la Région Auvergne-Rhône-Alpes, le Département de la Drôme, la chambre d’agriculture de la Drôme et le syndicat du petit épeautre de Haute-Provence. Pour les trois années à venir, son objectif principal est de permettre le développement et la pérennité des deux IGP (farine et grain).
Parmi les actions visant à soutenir le développement de la production, des aides à hauteur de 40 % peuvent être sollicitées par les producteurs et transformateurs drômois pour investir dans le stockage, le transport, le tri, le décorticage, la transformation et le conditionnement du petit épeautre de Haute-Provence. A noter, ce plan est menée en partenariat avec la Région Sud Provence-Alpes-Côte d’Azur. 

Pour aller plus loin

Une fiche technique « conduite du petit épeautre de Haute-Provence » et des fiches économiques « marge semi-directe du petit épeautre de Haute-Provence » sont disponibles sur simple demande auprès du Syndicat du petit épeautre de Haute-Provence (Sandie Ricard, animatrice : tél : 06 68 99 60 21 - mail : [email protected]) ou de la chambre d’agriculture de la Drôme (Jean Champion, conseiller grandes cultures bio (tél : 06 09 15 21 98 - mail : [email protected]).