PARCOURS
Aurélien Aubert :  le goût du labeur

A 33 ans, Aurélien Aubert est co-gérant du domaine familial Autrand aux côtés de sa mère, où il exploite 88 hectares de vignes en monoculture à Vinsobres, terre d’exception.

Aurélien Aubert :  le goût du labeur
« Ma volonté première, comme beaucoup de vignerons de ma génération, est de voir Vinsobres grandir », confie Aurélien Aubert. © AP

Sur la grande route de Nyons, à Vinsobres, le domaine Autrand dispose d’un espace dédié à la dégustation et au partage autour des vins du domaine, avec un nouveau magasin inauguré en 2019. « Le Domaine Autrand est avant tout familial, puisqu’il porte le nom de jeune fille de ma mère qui en a repris la gestion en 2002 », explique Aurélien Aubert, quatrième de la génération, co-gérant du Gaec Autrand depuis 2008. « Mes arrière-grands-parents étaient installés en polyculture, avec des vignes et des oliviers. Mes grands-parents ont continué avec de la lavande et des fruitiers », ajoute-t-il. Mais à la suite du gel de 1956, la famille a choisi de restructurer l’exploitation et de planter des vignes pour passer en monoculture. Aujourd’hui, le vignoble du domaine compte 88 hectares - sous certification HVE depuis le millésime 2019 - dont la quasi-totalité est classée en Vinsobres, les autres vignes étant en Côtes-du-Rhône et Côtes-du-Rhône villages.

La transmission d’un témoin familial

En moyenne, le domaine Autrand produit 4 000 hectolitres par an (soit environ 250 000 cols), dont 1 200 hl en cru. « Pour ma part, j’ai rejoint le domaine en 2008, sans réelle expérience malgré des études de commerce des vins, mais avec passion. Je suis arrivé en pleine crise viticole avec l’ambition de mieux valoriser notre production et segmenter notre gamme ainsi que notre commercialisation. à ce moment-là, la valorisation était essentielle pour s’en sortir », poursuit le vigneron âgé de 33 ans.
A cette époque, le domaine se dote d’un nouveau bâtiment de vinification, cave, espace de stockage et de vente. Craintif de voir l’histoire familiale du domaine prendre fin, Aurélien Aubert confie : « Quand on voit la sueur et le labeur que mes parents et grands-parents ont mis à profit dans ce travail, cela m’était inconcevable que tout puisse se dérober lors de cette crise économique ».
Le passage en appellation Vinsobres, bien qu’en manque de notoriété, a été salutaire pour les vignerons du territoire. « Aujourd’hui, le passage en cru Vinsobres est un véritable atout, qui nous a permis de stabiliser notre socle de commercialisation et d’ouvrir les marchés. »

Une volonté de restructuration

Le domaine Autrand a appris à diversifier ses canaux de distribution : un quart se fait en vente directe (au caveau ou via la boutique en ligne), un quart en GMS, un quart à l’export (Europe occidentale et Amérique du nord principalement) et un dernier quart en négoce (pour l’entrée de gamme notamment). « Cette diversification nous a permis d’atténuer les contrecoups, notamment lors de la crise sanitaire de la Covid-19 ». Toutefois, Aurélien Aubert sait que le chemin vers la notoriété du cru Vinsobres est encore long. « Cela demande un travail colossal, d’une part pour faire connaître davantage notre appellation mais aussi pour s’imprégner auprès des jeunes actifs de 25 à 45 ans et faire estampiller notre cru pour que cela devienne une habitude de consommation. D’ailleurs, ma volonté première, comme beaucoup de vignerons de ma génération, est de voir Vinsobres grandir. Nous devons tirer tous collectivement dans le même sens pour améliorer l’accessibilité aux consommateurs », déclare celui qui est également trésorier du Comité des vignerons de Vinsobres. Enfin, parmi les autres projets, le domaine Autrand, engagé en HVE, s’est fixé l’objectif - à court terme - de faire disparaître les désherbants chimiques et de réduire l’impact des produits CMR (cancérogène, mutagène et reprotoxique).

Amandine Priolet