FILIÈRE
Bio : un plan collectif face aux turbulences des marchés

Le 12 octobre, à Châteaudouble au Gaec la Jersiaise des Combes, la Région et la chambre d’agriculture Auvergne-Rhône-Alpes ont signé le nouveau plan consacré à l’agriculture biologique. 10,4 millions d’euros seront dédiés sur cinq ans à la bio.

Bio : un plan collectif face aux turbulences des marchés
Les partenaires et les élus du Département de la Drôme ont entouré Fabrice Pannekoucke et Rémy Fabre pour la signature du plan bio de la Région Auvergne-Rhône-Alpes. ©S.S.-AD26

« Ce n’est pas parce qu’il y a un trou d’air que l’avion s’écrase ». C’est en filant la métaphore aérienne que Fabrice Pannekoucke, vice-président de la Région délégué à l’agriculture, et Rémy Fabre, maraîcher en Ardèche et élu référent agriculture biologique à la chambre d’agriculture Auvergne-Rhône-Alpes (Aura), ont présenté le nouveau plan bio signé pour cinq ans. Les temps sont durs pour la filière avec un net recul de la consommation des produits estampillés AB, jugés trop chers par les consommateurs en pleine baisse du pouvoir d’achat. Mais Fabrice Pannekoucke a estimé qu’il ne faut rien lâcher. « Nous avons des producteurs bio qui font un travail remarquable, qui sont dans une dynamique de production vertueuse, des producteurs en conversion qu’il faut rassurer… On sent que le modèle va se retourner et qu’on va revenir à meilleure fortune », a assuré le vice-président de la Région Aura.

10,4 millions d’euros sur cinq ans

Comme l’a confié Rémy Fabre en amont de la signature, ce nouveau plan [le précédent couvrait la période 2017-2022, ndlr] mettra davantage l’accent sur les débouchés. Il s’agira toujours d’accompagner et de former les agriculteurs pour renforcer la performance des exploitations en agriculture biologique mais aussi de soutenir les entreprises qui transforment les produits bio dans leur développement et de diversifier les circuits de distribution, courts comme longs. Ce sont ainsi 10,4 millions d’euros sur cinq ans qui seront alloués par la Région aux différentes actions des partenaires du plan bio : les chambres d’agriculture, la fédération régionale de l’agriculture biologique (FRAB), la coopération agricole régionale et le Cluster bio qui accompagne les entreprises.

Pour les chambres d’agriculture, il s’agira d’accompagner techniquement chaque agriculteur en bio ou en démarche de conversion, « tout en leur exposant bien la réalité : si oui ou non, il y a un marché », a souligné Rémy Fabre. Du côté de la FRAB, son président Nathanaël Jacquart a rappelé la mission de sensibilisation jouée par sa fédération dans ce plan, notamment auprès des jeunes et via le réseau des fermes de démonstration. « Nous travaillons aussi sur le développement des circuits courts et du bio dans la restauration collective », a-t-il précisé. 

« Traverser les soubresauts du marché »

Sébastien Courtois, éleveur laitier bio dans le Rhône, administrateur Sodiaal et représentant de la coopération agricole Auvergne-Rhône-Alpes, a insisté sur les enjeux : « 23 % des coopératives, unions et filiales régionales ont une activité sur le bio. Mais 50 % d’entre elles connaissent aujourd’hui une baisse d’activité sur les produits biologiques. Or elles ont investi. Il faut donc les accompagner pour maintenir ce potentiel de production, pour ne pas revenir en arrière et traverser les soubresauts du marché ». Enfin, France Bedouin, présidente du Cluster bio l’a rappelé, « la tâche la plus complexe sera de relancer la consommation bio ». Mais là, le chantier dépasse l’échelle régionale. C’est sur l’enveloppe nationale de 15 millions d’euros sur trois ans pour la communication sur le bio, annoncée par le ministre de l’Agriculture lors du salon Tech&Bio, que comptent les acteurs de la filière. 

Sophie Sabot

Ils ont dit

« La Drôme est historiquement pionnière dans le domaine de la bio, a souligné Marie-Pierre Mouton, présidente du conseil départemental. Je suis très heureuse que la Région soit moteur sur ce sujet et que nos stratégies soient complémentaires. Aujourd’hui dans les restaurants scolaires des collèges de la Drôme nous proposons 45 % de produits bio [en valeur, ndlr]. Nous accompagnons également les agriculteurs en conversion et nous soutenons le salon Tech&Bio, un événement au rayonnement international. »

« Les élus, les collectivités ont beaucoup poussé pour le développement de l’agriculture biologique. Nous avons toujours dit oui mais à condition qu’il y ait un marché, a rappelé Jean-Pierre Royannez, président de la chambre d’agriculture de la Drôme. Il est essentiel de travailler sur la construction des filières, y compris les filières longues. Compte tenu des coûts de production en bio, il n’est pas possible que ces productions soient valorisées au prix du conventionnel. Et vu les efforts faits par ceux qui se sont convertis, il faut tout faire pour qu’ils ne reviennent pas en arrière. »

Un plan bio complémentaire des plans dédiés aux filières

17 millions d’euros par an, c’est le montant alloué par la Région Auvergne-Rhône-Alpes aux plans de filière, a rappelé Fabrice Pannekoucke, son vice-président en charge de l’agriculture. Initiés en 2017 et renégociés pour la période 2023-2027, ces plans concernent 19 filières (végétales, animales, locales ou AOP). Des plans transversaux sont aussi prévus : agriculture biologique ; races et variétés régionales emblématiques. « Chaque plan signé est en cohérence avec les attentes de la filière, de la production à la commercialisation », a souligné Fabrice Pannekoucke. Les mesures du plan bio, signé le 12 octobre, viennent ainsi en complément d’autres mesures déjà disponibles pour les différentes filières de production. 

En savoir plus sur les mesures des plans de filière en cliquant ici, mot clé « Plan filière ».

FOCUS

La bio dans la région en chiffres

Pour la signature de son plan Bio (lire page 2), la Région Auvergne-Rhône-Alpes avait choisi la Drôme. Avec 29 % de sa SAU cultivée en bio, le département est le premier de la région devant l’Ardèche (27%) et l’Isère (16%). Au total, 11,3 % de la SAU régionale est en bio.

En Auvergne-Rhône-Alpes

8 212 exploitations bio.

16,4 % des exploitations de la région engagées en agriculture biologique.

321 300 ha certifiés AB ou en conversion.

103 coopératives, unions et filiales certifiées bio. 

3 887 entreprises de l’aval certifiées bio. 

505 magasins spécialisés bio.

Source : observatoire régional de l’agriculture biologique – données 2022.