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Aléas climatique

Prévigrêle prévoit dix générateurs supplémentaires

Alors que les orages de grêle localisés se font de plus en plus oppressants, le réseau Prévigrêle et l’Anelfa prévoient de renforcer le système de lutte contre ce phénomène climatique, véritable fléau pour les agriculteurs.
Prévigrêle prévoit dix générateurs supplémentaires

Le 29 novembre à Taulignan, Jacques Vidaut, président de Prévigrêle, a reçu en assemblée générale Claude Berthet, directrice de l'Anelfa, et Jean Dessens, docteur ès sciences physiques et conseiller scientifique de l'Anelfa. Pour rappel, Prévigrêle, association loi 1901 interdépartementale de lutte préventive contre la grêle, fait partie du réseau formé par l'Anelfa, l'association nationale d'étude et de lutte contre les fléaux atmosphériques. L'antenne locale couvre donc les départements du Vaucluse, de l'Ardèche, des Bouches-du-Rhône, du Gard et bien sûr de la Drôme.
Après l'exposé des traditionnels rapports moral et financier, c'est Florian Chapelin, membre du Cirame (centre d'information régional agrométéorologique) qui a annoncé les premiers résultats en termes de bilan climatique. La station de Visan affiche un excédent de pluviométrie de 126 mm entre les mois de janvier et de septembre. Le 9 août dernier, le record a même été battu avec un cumul de plus de 100 mm. Des chiffres largement au-dessus de la normale qui entraînent des maladies dans les cultures. La station d'Orange, quant à elle, porte également un nouveau record de pluviométrie avec 348 mm, soit deux fois plus que la moyenne. « L'année 2018 a été très humide, peu ventée, avec un record sur le taux d'humidité de l'air », a-t-il expliqué.

Jean Dessens et Claude Berthet, respectivement scientifique et directrice de l’Anelfa, ont avancé l’hypothèse que des épisodes orageux pourraient se produire plus régulièrement dans les années à venir.

Chaleur et humidité, le mélange parfait

Malheureusement, il s'agit là du mélange parfait pour la grêle comme l'a rappelé Jean Dessens : « De la chaleur, de l'humidité, c'est tout ce qu'il faut pour de la grêle ». Pour lutter contre ce fléau climatique, l'Anelfa a mis au point un principe. Il consiste à introduire artificiellement dans les nuages des noyaux glaçogènes d'iodure d'argent, de façon à augmenter le nombre de cristaux de glace et à réduire en conséquence la dimension des grêlons : ceux-ci tombent alors plus lentement et fondent en totalité ou en partie avant d'atteindre le sol.
Ces générateurs sont de plus en plus présents sur le territoire. En 1952, seulement dix-neuf étaient positionnés en France. Aujourd'hui, on en dénombre plus de mille (1 063 exactement). Et ce chiffre n'est que provisoire puisque, chaque année, l'Anelfa intensifie ce processus à la demande des agriculteurs. D'ailleurs, « afin d'améliorer la protection du secteur Sud-Drôme Provence, il pourrait s'avérer nécessaire d'installer des générateurs vers Bourg-Saint-Andéol et Clansayes », a indiqué Claude Berthet. Dans les perspectives 2019, Jacques Vidaut a fait état d'une densification des postes, avec dix générateurs supplémentaires. Pour une efficacité optimale, il faudrait réaliser un maillage d'un générateur tous les dix kilomètres.

Les dangers du dérèglement climatique

Pour autant, cela ne répond pas aux inquiétudes des professionnels sur le problème du dérèglement climatique. Car, aujourd'hui, on peut corréler les effets du réchauffement climatique à l'augmentation de la grêle. Claude Berthet a expliqué : « Quand le climat se réchauffe, il fait 0°C à une altitude plus élevée car l'atmosphère se dilate. Et les grêlons tombent ». Autre phénomène relevé depuis longtemps en Australie, et qui s'avère vrai en France, la taille des grêlons a considérablement augmenté. « Nous devrons faire face plus régulièrement à des grêlons de grosse taille, semblables à une orange ou une mandarine, tous les cinq ans. Avant, cela arrivait tous les dix ans », a prévenu Claude Berthet. Les avis d'alerte, fournis par l'observatoire français Kéraunos, pourraient ne pas suffire... 
Amandine Priolet