Prochaine Pac : la Drôme se veut force de propositions

Normalement, la politique agricole commune (Pac) devrait être réformée en 2020. Certains disent, notamment l'eurodéputé Michel Dantin, qu'elle ne devrait l'être qu'en 2023. Selon des administratifs de la Commission européenne, ce sera en 2020. Quoi qu'il en soit, la réflexion sur la prochaine programmation a commencé. Le ministre de l'Agriculture a demandé à l'APCA(*) d'organiser des consultations régionales. La commission économique de la chambre d'agriculture Auvergne-Rhône-Alpes a lancé les débats en novembre 2016.
Que garder, que faire évoluer ?
Pour faire entendre la voix de la Drôme avec sa vision multifilière et territoriale, la commission économique de la chambre d'agriculture et le conseil de l'agriculture départemental ont engagé un travail de réflexion. Une première séance s'est tenue le 20 janvier au lycée agricole du Valentin, à Bourg-lès-Valence. « L'objectif est de mener une réflexion prospective », a précisé la présidente de la chambre d'agriculture, Anne-Claire Vial, en ouverture de la journée. « A chaque évolution, les structures régionales et nationales travaillent pour aboutir à une position partagée, a ajouté le premier vice-président, Jean-Pierre Royannez. Cette fois-ci, la volonté est de réfléchir au niveau départemental sur ce que l'on voudrait garder ou voir évoluer dans la future réforme de la Pac. »
Un éclairage
Pour mieux comprendre la Pac et alimenter la réflexion, deux experts sont intervenus dans la matinée. D'abord, Vincent Martineau, chargé d'études économiques à la chambre d'agriculture Savoie-Mont Blanc. Il a rappelé les grandes lignes de la Pac actuelle, les options ouvertes par l'Europe que la France n'a pas retenues dans sa déclinaison nationale (instrument de stabilisation du revenu, par exemple). Il a en outre évoqué les positions sur la future Pac en cours de formalisation en France et en d'autres Etats membres, ainsi que le contexte lié à l'OMC (organisation mondiale du commerce) et au Brexit. La gestion des risques est un sujet commun à presque toutes les propositions. Le sujet environnemental revient lui aussi à peu près dans toutes les positions mais de façon assez diversifiée, selon les acteurs et leur position. Vis-à-vis des règles de l'OMC, « on se rend compte que les instances européennes prennent de la distance et sont prêtes à assouplir leur positionnement », a confié Vincent Martineau. Et sur le Brexit : « A mon avis, on grossit trop le problème, a-t-il dit. La contribution nette du Royaume-Uni est de sept milliards d'euros par an. Je ne suis pas convaincu que ce sera ce qui pèsera le plus sur le budget de l'Europe et de la Pac. »
D'autres politiques agricoles
Le deuxième intervenant, Matthieu Çaldumbide, est directeur adjoint de l'AGPM (Association générale des producteurs de maïs). Il a expliqué les politiques de soutien à l'agriculture d'autres pays, leurs architecture, outils, fonctionnement, intérêts et limites. « Les Etats-Unis ont pris un grand virage en 2014 en abandonnant les paiements directs et basculant vers un renforcement des filets de sécurité face aux aléas du marché. Ils ont aussi conforté leur dispositif assurantiel déjà existant. Leur politique agricole, le Farm Bill, est avant tout une politique alimentaire. 80 % des budgets sont destinés à l'aide alimentaire. » Celle du Canada s'appuie essentiellement sur un outil d'assurance récolte, « Agri-protection », et un programme couvrant des baisses de marges, « Agri-stabilité ».
Priorités départementales
L'après-midi, le CerFrance Drôme-Vaucluse a présenté une étude qu'il a réalisé sur le poids de la Pac dans les exploitations drômoises. Elle montre qu'il est impossible de s'en passer car, sur la majorité des exploitations, le montant des aides Pac peut représenter plusieurs fois le revenu dégagé par l'activité. Et Groupama a communiqué des données assurantielles sur l'agriculture du département. La journée s'est poursuivie en ateliers pour débattre et commencer à rédiger des propositions sur quatre thèmes : « la Pac et la gestion des risques », « une Pac plus verte », « aides de base, aides couplées et marchés », « territoires et investissements ». La synthèse des priorités départementales ainsi dégagées sera présentée et soumise à approbation lors d'un deuxième rendez-vous, le 17 février à la chambre d'agriculture à Bourg-lès-Valence.
Annie Laurie
(*) APCA : Assemblée permanente des chambres d'agriculture.