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Semences

Production de semences, à l’épreuve du changement climatique

Plus de 80 coopérateurs étaient réunis le 17 décembre pour l’assemblée générale de Valgrain. Le changement climatique et les stratégies d’adaptation étaient au cœur de la rencontre.
Production de semences, à l’épreuve du changement climatique

Ils n'avaient guère besoin de preuves, tant les agriculteurs ont ressenti les effets du changement climatique au cours des dernières campagnes. Mais, chiffres à l'appui, la réalité de ce changement prend une autre dimension. « Dans notre secteur, les températures ont augmenté de 0,3 à 0,4 °C à chaque décennie depuis 1959 », relève Béatrice Charpiot, directrice de la station Météo France d'Ancône. À partir de 1986, les années sont toujours plus chaudes par rapport à la normale, avec une hausse des températures plus marquée encore l'été que l'hiver.

Une forte variabilité inter-annuelle

Côté précipitations, la vallée du Rhône se situe à la charnière entre un bassin méditerranéen qui reçoit moins de pluie et le Nord de la France où est observé un phénomène inverse. Dans la région, le taux de précipitations n'a guère varié et se situe autour de 913 mm sur les cent dernières années. Béatrice Charpiot note toutefois : « La variabilité interannuelle est cependant très grande ; on se souvient de 2017, une année très sèche (533 mm) qui contraste avec l'année 2018 (1 155). » D'une année sur l'autre, les pluies peuvent ainsi varier du simple au triple.

Semis, variétés... quelles stratégies pour s'adapter ?

Les chaleurs estivales accélèrent l'évapotranspiration des plantes et donc leurs besoins en eau. Les réserves se font quant à elles plus rares, également du fait d'une durée d'enneigement qui se raccourcit en hiver. Ces températures extrêmes affectent les rendements des maïs, d'où la nécessité d'adapter les stratégies de pratiques culturales. « Pour les régions méditerranéennes où l'accès à l'eau peut s'avérer limité, une solution consiste à avancer la mise en place et le début du remplissage des grains pour esquiver les périodes où le stress hydrique affecte fortement la fin de cycle, souligne Yves Pousset, ingénieur régional Arvalis. Pour cela, on peut avancer la date de semis, une méthode pas toujours efficace selon la répartition de la pluviométrie. » Autre possibilité : « Choisir des variétés plus précoces de manière à avancer les stades de développement les plus sensibles. » Une stratégie qui permet également de récolter le grain à une teneur en eau plus faible et donc de réduire les coûts de séchage. Cette stratégie peut cependant conduire à renoncer à des variétés tardives aux rendements plus élevés en année à bonne pluviométrie. 
M. C.

Valgrain / Chiffres clés (campagne 2019)
- Maïs semences :
987 ha en production (contre 955 en 2018) dont 857 ha de semences commerciales (contre 836 en 2018).
Résultat technique : 101,6 %.
- Tournesol semences :
1 403,8 ha en production (contre 1 176,50 en 2018)  dont 1 322 ha de semences commerciales (contre 1 092 en 2018).
Résultat technique : 94,1 %.
- Colza semences :
358,4 ha en production (contre 180,5 en 2018) dont 336 ha de semences commerciales (contre 165 en 2018).
Résultat technique : 107,6 %. 

Valgrain veut sécuriser ses surfaces en production

L’assemblée générale de Valgrain a été l’occasion pour la coopérative de faire le bilan de la campagne. Une année dans la moyenne haute » : c’est ainsi que le président de Valgrain, Philippe Almoric, qualifie cette campagne 2019 pour la coopérative. En semences de tournesol, elle poursuit son développement avec une progression significative des surfaces. « Dans l’ensemble, les rendements sont assez proches des objectifs fixés », souligne le secrétaire Albin Vignard.
L’objectif pour les années à venir ? « Maintenir et sécuriser nos surfaces ainsi que le revenu des producteurs », affiche Philippe Almoric. Et d’ajouter, inquiet : « Avec les sécheresses récurrentes, l’irrigation nous coûte de plus en plus cher. »
« Les canicules, en juin et juillet, ont pu perturber la croissance des plantes selon le stade (fécondation ou floraison), indique le président. Cela vaut pour le maïs mais aussi pour le tournesol, qu’on croyait pourtant davantage résilient : on constate que les grains sont plus petits que d’ordinaire. » L’absence de pluie en fin d’été a contraint nombre de producteurs à irriguer les parcelles pour les semis de colza. Les agriculteurs ont parfois dû retarder les plantations, tandis que les fortes pluies d’octobre ont pu poser des problèmes. « Nous avons vraiment vécu des a-coups climatiques importants cette année. » 
M. C.