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Lavandiculture

Projet Mycolav : la mycorhization contre le dépérissement de la lavande et du lavandin

Dans le cadre du projet Mycolav (2017-2020) est étudiée la mycorhization contrôlée. Une piste envisagée pour lutter contre le dépérissement de la lavande et du lavandin.
Projet Mycolav : la mycorhization contre le dépérissement de la lavande et du lavandin

Lancé en 2017 pour quatre ans, le projet Mycolav* est destiné à trouver des solutions durables face au dépérissement de la lavande et du lavandin, une maladie due au phytoplasme du Stolbur transmis par une cicadelle (Hyalesthes obsoletus). L'université des saveurs et des senteurs (UESS, à Forcalquier) pilote l'animation scientifique et territoriale de ce projet, auquel trois autres partenaires sont associés. Parmi eux, le centre régionalisé interprofessionnel d'expérimentation en plantes à parfum, aromatiques et médicinales (Crieppam, à Manosque), qui assure l'évaluation au champ de l'intérêt de la mycorhization dans la lutte contre le dépérissement. Le laboratoire d'écologie alpine (LECA, Grenoble), lui, est chargé de l'identification des espèces de champignons mycorhiziens. La start-up Mycophyto (Sophia Antipolis) produit des inocula spécifiques à base de mycorhizes indigènes et conduit les process d'inoculation des plants.

Des essais mis en place

Pour évaluer l'intérêt de la mycorhization, 1 000 plants de lavande et lavandin mycorhizés et autant de témoins (non inoculés) ont été plantés, la moitié sur le plateau de Valensole et l'autre sur celui d'Albion. Crédit photo : Crieppam.

La mycorhization contrôlée « fait partie des recherches menées sur le thème du dépérissement de la lavande et du lavandin, explique Marie Fontaine, responsable des expérimentations agronomiques et de la diffusion de l'information au Crieppam. C'est une piste parmi d'autres. Elle consiste à travailler sur les mycorhizes du sol pouvant aider la lavande et le lavandin à lutter contre le dépérissement qui les touche. »
Dans ce cadre, des mycorhizes présentes naturellement dans les lavanderaies ont été récupérées. Les prélèvements de sols ont été faits en 2017 dans des champs de lavande et lavandin (en conventionnel et en bio) sur les plateaux de Valensole et d'Albion. Ces mycorhizes ont ensuite été multipliées avec un protocole contrôlé en laboratoire et serre (en 2017-2018). Puis cet inoculum de base a été réintroduit artificiellement dans des plants sains de lavande et lavandin. Ces derniers ont été plantés cet automne dans les secteurs d'origine des prélèvements de mycorhizes. Des témoins non mycorhizés ont été plantés à côté pour comparer les deux. Soit 1 000 plants inoculés et autant de témoins, la moitié sur le plateau de Valensole et l'autre sur celui d'Albion. Leur évolution va être suivie : comportement, notation de symptômes de dépérissement, impact sur la tolérance à la maladie, le rendement...

Des écarts déjà observés en pépinière

Un plant mycorhizé (à droite) et un autre qui ne l'est pas (à gauche). Crédit photo : Crieppam.

« La start-up Mycophyto observe déjà visuellement, en pépinière, des écarts de développement végétatif entre les plants mycorhizés et ceux qui ne le sont pas, indique Marie Fontaine. Pour le moment, le projet se déroule bien. L'inoculum a pu être multiplié dans de bonnes conditions. Les plants ont pu être inoculés correctement. Apparemment, la mycorhisation a permis d'avoir des plants plus jolis à la plantation. Les mycorhizes vont agir sur la nutrition de la plante, l'aider à explorer plus de sol autour d'elle, donc faciliter le prélèvement de l'eau et des éléments minéraux. On crée ainsi un environnement plus favorable qui devrait, normalement, l'aider à lutter contre le dépérissement et d'autres maladies, à résister à des stress hydriques. »
Et d'ajouter : « Le projet est bien lancé. A présent, nous sommes dans le suivi d'essais et l'attente de résultats. Si l'effet est positif, l'étape d'après sera de voir comment produire de l'inoculum en grande quantité et comment introduire cette technique dans la filière "plants sains". Viendra ensuite une étude technico-économique de faisabilité plus approfondie, si les résultats sont satisfaisants ».

Annie Laurie

Le projet Mycolav (budget de quelque 206 000 euros) bénéficie du soutien de l'Union européenne (132 000 euros du fonds européen agricole pour le développement rural, le Feader) et de la Région Provence-Alpes-Côte d'Azur (programme de développement rural, le PDR).

 

Méthodes de lutte actuelles et autres pistes

- La lutte contre le dépérissement de la lavande et du lavandin repose, aujourd'hui, sur :
. le piégeage de surveillance de la cicadelle vectrice de la maladie ;
. la sélection génétique pour obtenir des variétés tolérantes ;
. la filière de production plants sains (indemnes du phytoplasme du Stolbur) ;
. l'implantation de couverts végétaux entre les rangs de lavande et lavandin pour perturber le cycle de cette cicadelle.
. la kaolinite (argile) utilisée comme barrière physique pour limiter les piqûres de cet insecte.
- Parmi les autres pistes de recherche : des travaux sur les molécules émises par les plantes qui pourraient soit attirer cette cicadelle, soit la repousser (dans le cadre du programme Euclide financé par le fonds de dotation « Sauvegarde du patrimoine lavandes en Provence ») et sur un test de détection du phytoplasme dans les plantes...