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Etude

Projet « SurvApi » : arboriculteurs et apiculteurs ensemble

Par un partenariat entre agriculteurs et apiculteurs, le projet SurvApi a pour objectif de développer des pratiques favorables aux abeilles à partir de résultats de suivis sur les colonies.
Projet « SurvApi » : arboriculteurs et apiculteurs ensemble

L'arboriculture est bien représentée dans la région, la floraison des fruitiers est une étape importante pour les apiculteurs et de précédents observatoires réalisés sur ces cultures ont démontré un risque d'exposition élevé des pollinisateurs aux pesticides malgré une disponibilité en ressources favorables pour les abeilles.
Dépendante des mécanismes de pollinisation entomophile et déterminée à mieux appréhender les risques liés à la protection phytosanitaire lors de la floraison, la filière arboricole régionale s'est engagée auprès de la filière apicole. Cela afin d'identifier les leviers permettant de réduire l'exposition des abeilles aux pesticides dans le cadre du projet SurvApi.

Faciliter le dialogue entre les filières

Débuté en 2018, SurvApi (acronyme pour surveiller les contaminations du milieu par les produits phytosanitaires via les matrices apicoles afin d'améliorer et réduIre leurs utilisations) est piloté dans notre région par la chambre d'agriculture de la Drôme et l'association pour le développement de l'apiculture en Auvergne-Rhône-Alpes. Grâce au suivi de la contamination de différentes matrices apicoles (cire, butineuses et pollen), ses objectifs sont de contribuer à la connaissance des niveaux d'exposition des abeilles aux produits phytosanitaires et à leurs effets sur la santé des colonies, ainsi que de déterminer les liens entre les différents agrosystèmes étudiés et la nature des résidus observés. La création d'espaces d'échanges dans le cadre de ce projet (réunions, ouverture de ruches, etc.) permet de faciliter le dialogue entre les filières, de se concerter et de proposer des leviers pour faire évoluer les pratiques d'utilisation des produits phytosanitaires en prenant en compte les contraintes de tous les acteurs impliqués.

Un dispositif mis en place en 2019 et 2020

Le suivi des colonies d'abeilles est mené sur une période de deux mois qui va de la floraison de l'abricotier jusqu'à la fin de celle du pommier. Constitué de dix colonies, le rucher est installé en Drôme dans un environnement arboricole (principalement abricotiers, pêchers, pommiers, cerisiers, kiwis).
Plusieurs paramètres sont suivis :
- la contamination des matrices apicoles par les résidus de pesticides : des butineuses et du pollen sont prélevés une fois par semaine et analysés en laboratoire. De la même façon, des échantillons de cire sont analysés en début et en fin d'expérimentation ;
- l'origine des ressources : le pollen prélevé chaque semaine est analysé pour déterminer son origine botanique (palynologie) ;
- la dynamique des colonies : tous les 21 jours, le nombre d'individus adultes et immatures, ainsi que les réserves en pollen et miel sont évalués. Le poids des ruches et le niveau d'infestation en varroa de chaque colonie est également noté ;
- les pratiques agricoles des parcelles environnant le rucher sont identifiées. 

 

La concertation entre filières : une étape clé pour avancer

Le second volet du projet SurvApi consiste à créer des espaces d’échanges, à élaborer des outils de valorisation et de transfert des données, notamment via des ateliers de co-construction. L’objectif principal de ce travail de concertation est de réduire l’exposition des abeilles aux pesticides durant la période de floraison des fruitiers.
Cette première année de projet a permis de rassembler les acteurs - apiculteurs et arboriculteurs - lors de réunions et ateliers qui ont alimenté la réflexion autour de ce sujet.
Ces espaces de discussions permettent également de rappeler les règles d’usages des produits (mention abeille et traitement pendant la floraison) et les évolutions réglementaires concernant la protection des pollinisateurs. Mais aussi d’identifier les freins aux changements de pratiques et les contraintes liés à la réalisation des traitements à la tombée du jour (exemple : arrêté préfectoral interdisant les traitements la nuit, aménagement du temps de travail…). Enfin, les aspects métiers, pratiques culturales et apicoles, vie de la colonie, économie des filières nourrissent les échanges entre les participants et permettent de nouer des relations sur la base de constats partagés. 

A lire les origines des pollens

 

Les résultats de 2019
-  40 évaluations de colonies.
- 30 analyses de pollen.
- 5 analyses de cire.
- 6 analyses de butineuses.
- Tous les échantillons analysés sont contaminés par au moins un résidu de pesticides.
-Jusqu’à 12 matières actives dans le même échantillon de pollen.
- 23 molécules différentes détectées dont la majorité sont des fongicides.
- 14 taxons majoritaires déterminés parmi les échantillons de pollen.
- L’abricotier représente la seule source de pollen fin février-début mars.
- Les autres arbres fruitiers peuvent constituer jusqu’à 57 % du bol alimentaire.  

 

Partenaires techniques en région   
- Chambre d’agriculture de la Drôme  (Claire Goral : 06 22 42 53 95) ;
- ADA Aura  (Victor Denervaud : 06 48 60 73 04, Marion Guinemer : 06 24 00 46 59).
Projet piloté par l’Institut technique et scientifique de l’apiculture et de la pollinisation (Itsap) et la chambre régionale d’agriculture de Nouvelle-Aquitaine.
Partenaires financiers : Agence française pour la biodiversité, Région Auvergne-Rhône-Alpes, Plan Ecophyto, ministère de la Transition écologique et solidaire.