Promouvoir la filière bois-forêt de Drôme-Ardèche

L’interprofession de la filière bois et forêt (Fibois) Drôme-Ardèche avait établi un programme dense pour ces 4e assises. Les professionnels ont répondu nombreux à l’invitation, venus échanger sur les circuits courts et chercher les moyens pour les développer. Les élus départementaux en charge de la forêt, Bernadette Roche pour l’Ardèche et Christian Morin pour la Drôme, l’ont rappelé : ces échanges au plus près du terrain sont cruciaux pour affiner les orientations de leurs prochains plans forêt-bois.
De part et d’autre du Rhône, ces plans sont « bien avancés » et les budgets seront votés en février. Christian Morin rappelle que le futur plan sur cinq ans prévoit une enveloppe de 3 millions d’euros (M€), dont près des trois quarts seront dédiés à l’investissement. En Ardèche, le plan précédent a permis de mobiliser 2 M€ par an, mais le futur budget n’est pas arrêté. Toutefois, Laurent Ughetto, président du conseil départemental de l’Ardèche, a spécifié que « les mêmes moyens financiers et humains y seraient consacrés ». Ces plans viennent en appui à la filière en parallèle à la politique régionale et aux aides de l’État.
La Région s’engage
Lors de ces Assises, le conseiller régional Olivier Amrane a rappelé l’engagement de la Région Auvergne-Rhône-Alpes en faveur de la filière bois et forêt. La première région française en volume de bois sur pieds, troisième pour le volume récolté (5,2 millions de m³ par an) se dote d’un programme pour 2017-2021 avec un budget de 52 M€, dont 37 de crédits régionaux et 15 de crédits européens. Cette politique s’articule autour de cinq axes : mieux mobiliser les bois, renforcer la compétitivité des entreprises, améliorer l’innovation, la logistique et la structuration de la filière, promouvoir et développer la construction en bois local, mobiliser l’agence économique régionale sur l’accompagnement des entreprises. Elle sera mise en œuvre en « complémentarité » avec le programme régional forêt-bois* en préparation, a assuré l’élu régional.
Synergie Drôme Ardèche
Laurent Ughetto a souligné l’importance d’entraîner les collectivités à planter du bois pour faire face à la croissance de la consommation de bois énergie. Il souhaite aussi que se développe la plateforme B2F (bourse foncière) Ardèche créée en 2015. En mettant en avant la synergie des deux départements pour faire valoir la force de cette filière, Marie-Pierre Mouton, présidente du conseil départemental de la Drôme, a rappelé qu’il convenait de donner une nouvelle vitalité à ce secteur clé. « Il faut impliquer les acteurs locaux et développer la concertation entre professionnels ».
Les séances de la matinée consacrée aux feuillus et aux gros bois et sapins, puis les trois ateliers de l’après-midi ont accouché de plusieurs conclusions. Patrick Désormeaux, président de Fibois, a noté l’importance de ces journées qui réunissent tous les maillons de la filière. Bernadette Roche a retenu : « La filière manque de com : il faut valoriser les applications du bois auprès du grand public et convaincre les propriétaires privés que l’avenir de la forêt est entre leurs mains ». Et Christian Morin de conclure : « Nous devons faire savoir que le bois est une richesse économique locale ».
Louisette Gouverne
* Celui-ci est une déclinaison du programme national de la forêt et du bois (PNFB), introduit par la loi d’avenir pour l’agriculture, l’alimentation et la forêt du 13 octobre 2014, qui fixe les orientations de la politique forestière, en forêt publique et privée.
Circuits courts/ Témoignages d’acteurs de la filière, débats passionnés, explications… Les circuits courts ont alimenté les échanges au sein de trois ateliers parallèles.
Exploiter la ressource au profit des territoires
Le premier atelier s’est focalisé sur les actions à mener pour et par l’amont afin de mieux alimenter la filière. Il fut question des avantages de la mise en place d’ASLGF dotées de plans simples de gestion concertés sur 15-20 ans qui permettent de « massifier » la récolte et de mieux répondre à la demande de l’aval. Des programmes régionaux1, qui organisent des chantiers communs aux forêts publiques et privées, ont également été présentés.L’atelier 2 concernait les circuits courts au travers de témoignages d’entrepreneurs2 ayant construit leurs logiques d’entreprise sur la ressource du territoire. Les propositions ont porté sur l’effort à apporter sur le tri des bois permettant de maximiser la qualité, sur les relations entre scieurs et bureaux d’études et sur l’adéquation des demandes. La démarche drômoise Renov’Bois d’information et de service aux particuliers pour rénover en bois local a aussi été exposée.
Le troisième atelier s’est centré sur l’implication locale pour développer les circuits courts. La charte forestière du Parc naturel régional des Bauges a fourni un exemple d’accompagnement de la filière par les pouvoirs publics. Il fut également question d’améliorer la connaissance du matériau bois, d’en faire la promotion dans les écoles d’architecture et auprès des collectivités.
L. G.
1 Les programmes Symbiose et Metis (Mobiliser à l’échelle territoriale par l’innovation et la synergie).
2 Jean-Luc Vallet et Pascal Michelard (scieurs drômois) et Olivier Chovet (société de construction La Fabrique).
Repères
Drôme et Ardèche sont les départements les plus boisés de la région avec des taux respectifs de boisement de 51 et 57 %. Sur les 672 000 ha de forêts, la récolte moyenne annuelle de bois d'œuvre est de 163 000 m³ en Ardèche et de 58 100 m³ en Drôme. En 2017, la filière représente
3 104 emplois en Drôme-Ardèche et son poids économique correspond à un chiffre d'affaires de 362 M€ (+ 20 % sur la dernière décennie).