Quand l'État ne contrôle plus

Pour son assemblée générale, la fédération régionale de la pépinière viticole (FRPV) avait choisi le site de la Sicarex Château de l'Eclair, à Liergues (Rhône). Des représentants de la pépinière viticole des départements de la Drôme, de la Savoie, de l'Ardèche et du Rhône étaient présents le 6 décembre pour ce regroupement régional né il y a maintenant trois ans. Pour le président de la FRPV, Christophe Raucaz, le gros dossier de l'année sera celui la transition réglementaire : « La suppression de nos redevances au contrôle a été un signal sur le retrait des pouvoirs publics à nous accompagner dans ces missions de premier niveau. Nous devrons par conséquent assumer la surveillance sanitaire de nos pépinières à l'égard des maladies ».
Plus de pépiniéristes sans être OPA
Fruit d'une directive européenne, d'ici un an le transfert des plans de contrôle, assurés jusqu'à présent par FranceAgriMer, sera de la responsabilité des pépiniéristes. Depuis le 14 décembre 2019, cette directive conduit à la mise en place d'un passeport phytosanitaire européen (PPE, jaune), avant l'ouverture d'un registre officiel des opérateurs professionnels, pour les pépiniéristes viticoles français. En vigueur dès le 14 décembre 2020, ce titre officiel va devenir obligatoire. Au président de poursuivre : « Nous devrons devenir des opérateurs professionnels autorisés (OPA). Si nous ne sommes pas des OPA, nous ne sommes plus des pépiniéristes. Or, nous ne pouvons pas cautionner un transfert de contrôle rapide et imposé, sachant que d'autres pays s'y préparent depuis plusieurs années ». De son côté, la fédération française de la pépinière viticole (FFPV) reste déterminée à négocier et bâtir, avec l'autorité publique, un modèle collectif acceptable, durable et économiquement raisonnable, qui s'adresse à tous les détenteurs de carte professionnelle. « Notre but est de ne laisser aucun professionnel sur le bord de la route », s'est engagé Christophe Raucaz.
Une aide essentielle et appréciée
Autre dossier important de cette assemblée générale, les plans de compétitivité de la Région Auvergne-Rhône-Alpes. Celle-ci s'est engagée sur cinq ans à soutenir les pépiniéristes, sur des aspects de performance économique, technique et environnementale, avec une enveloppe de 620 000 euros. Sur 2019, 110 000 euros d'aides ont déjà été versées. À partir de l'année prochaine, la FRPV souhaiterait gérer elle-même ces dossiers – la Région croulant sous les demandes – pour lesquels l'inscription pourra se faire par internet.
La gestion des déchets, qui répond à une demande politique, sociétale et environnementale a également fait l'objet d'une intervention remarquée. Avec un recyclage plastique en crise, la Chine ne prenant plus ce type de déchets, l'enfouissement est donc l'option première. Dans l'immédiat, réduire le taux de souillure des films plastiques agricoles demeure un objectif. Par ailleurs, la marque professionnelle de la pépinière viticole Vitipep's peut se satisfaire de compter 320 adhérents, sur les 477 pépiniéristes recensés en France, en seulement deux ans d'existence. Enfin, un site internet pour gérer les stocks de plants, greffons et portes-greffes a été créé et présenté aux professionnels (frpv-aura.fr).
Cédric Perrier