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Quand le photovoltaïque fait de l’œil aux Cuma et aux agriculteurs drômois

La fédération drômoise des Cuma a coorganisé une conférence pour mettre en lumière les projets photovoltaïques dans le monde agricole.

Quand le photovoltaïque fait de l’œil aux Cuma et aux agriculteurs drômois
Des agriculteurs et des représentants de Cuma ont assisté à la conférence sur la réalisation et le financement d'un projet de toiture photovoltaïque. ©MEAD26

Le démarchage par les énergéticiens ? Une routine pour les agriculteurs. Implanter des panneaux photovoltaïques sur ses bâtiments agricoles permettrait de diversifier son exploitation. Toutefois, les professionnels du vivant redoublent de méfiance face à ces prospecteurs intéressés par leurs toitures. C’est alors qu’interviendrait la Banque de la transition énergétique (BTE), une filiale de la Banque populaire, créée en 2020. Une société capable de « s’assurer que le projet est viable », résume Régis Garnier, responsable des partenariats à la BTE.

Avec une clientèle composée de deux agriculteurs sur cinq dans la région, l’entreprise bancaire assure connaître les particularités du monde agricole. Une des raisons pour laquelle la FD des Cuma, partenaire de l’établissement bancaire, a convié ses adhérents à une conférence particulière jeudi 19 septembre à l’écosite d’Eurre. La rencontre, intitulée « Comment réaliser et financer un projet de toiture photovoltaïque ? », a eu lieu durant la matinée. L’objectif : répondre aux interrogations autour du photovoltaïque.

Sécuriser son projet 

Sur place le jour de la conférence, Irisolaris et Silversun, deux entreprises spécialisées dans le photovoltaïque pour présenter le marché à la vingtaine d'agriculteurs présents. Ce qui a motivé l’organisation de cette réunion pour la FD Cuma, c’est le changement de statut. Depuis 2022, ces collectifs ne sont plus contraints de créer une société pour mener à bien un projet photovoltaïque. « C’est moins lourd d’un point de vue administratif. Cependant, nous sommes là car c’est toujours bien de prendre des informations. Ce sont des projets intéressants pour les Cuma. Surtout que, quand la banque prête, ça veut dire que c’est rentable », estime Julien Bres, président de la fédération départementale. Choisir de passer par un tiers investisseur ou de mener un projet « clé en main », voilà les deux options mises en avant par Régis Garnier, animateur de la conférence. 


La location de toitures concerne des surfaces de plus de 500 m² ou d’un hectare au sol. Pour que le projet intéresse un investisseur, le coût de raccordement ne doit pas être trop élevé et il faut s’assurer qu’un transformateur électrique se situe à moins de 300 mètres de l’installation. D’autres critères sont pris en compte tels que le niveau d’ensoleillement ou les contraintes liées à l’installation (terrain, état des toitures…). En contrepartie du don de l’électricité produite au tiers investisseur, l’agriculteur bénéficie d’un bâtiment neuf. L’occasion par exemple de rénover une surface ancienne ou amiantée. Les baux, cessibles si transmission, valent pour une durée de 30 à 40 ans et ils ne permettent, la plupart du temps, de valoriser l’énergie produite.

Des modèles d’avenir


La seconde option présentée est le projet « clé en main ». Trois possibilités : la revente intégrale à EDF pour une durée de vingt ans, l’autoconsommation ou la revente à d’autres sites situés à moins de vingt kilomètres de la centrale. Pour une toiture de moins de 500 m², une demande de subvention est possible pour la construction. Elle permet de produire jusqu’à 100 kilowatts par an. Les projets les plus fréquents concernent des toitures plus grandes pouvant produire de 100 à 500 kilowatts par an, sans subvention. La toiture idéale doit être récente et orientée vers le sud préconisent les professionnels. « La revente autour de vingt kilomètres peut permettre aux Cuma de faire bénéficier l’électricité produite à leurs adhérents, estiment les intervenants. C’est un modèle d’avenir ». Autres points de vigilance : l’assurance, les délais, la qualité du prestataire.
Ce concentré d’informations et le témoignage de Jean-Charles Jouve n’ont pas laissé l’audience insensible.

Le président de la Cuma de La Répara-Auriples leur conseille de « laver les panneaux car il peut y avoir une perte de production s’ils sont sales du fait de vos activités ». Convaincu, ce dernier a même installé des centrales sur son exploitation. « Dans l’avenir, on peut miser dessus pour avoir d’autres revenus, une retraite ou pour les enfants s’ils récupèrent la ferme. L’agriculture n’est pas un monde simple, et ce type de projet est plutôt bien sécurisé », assure le trentenaire. Les professionnels présents en sont sûrs : les centrales au sol ont un bel avenir. Il s’agit des installations photovoltaïques sur des terres agricoles non valorisables. Elles pourraient produire un mégawatt pour un hectare. Un projet de près d’un million d’euros autofinancé en dix ans puisqu’il permettrait de valoriser sa production d’électricité à 100 000 € par an. De nombreux professionnels attendent le projet d'arrêté tarifaire du « petit sol » pour connaître les modalités exactes de ce type d’installation.

Morgane Eymin

L’exemple de la Cuma de La Répara-Auriples

Jean-Charles Jouve a témoigné de l’expérience d’installation d’une centrale photovoltaïque de la Cuma de La Répara-Auriples. ©MEAD26

Rentabiliser la construction d’un hangar et d’une centrale photovoltaïque en l’espace de quinze ans, c’est le pari qu’ont fait Jean-Charles Jouve et les autres adhérents de la Cuma de La Répara-Auriples. Entre 2012 et 2014, le collectif se lance dans la construction d’un hangar pour stocker son matériel et y installe des panneaux photovoltaïques sur le toit. Problème, à l’époque, les Cuma, de par leur statut, doivent créer une société commerciale afin d’investir dans ce type de projet. C’est ainsi que naît la SARL La réserve. Leur société a engagé 278 500 € dans la construction du bâtiment et de la centrale avec un coût de revente de l’énergie à 21 centimes du kilowatt. La production d’électricité leur permet de gagner 23 000 € par an en moyenne. Ainsi, d’ici cinq ans, la Cuma devrait avoir rentabilisé son projet.