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Bâtiments d'élevage

Quand le robot facilite l’affouragement

Eleveur laitier à Percey (Yonne), Franck Boucheron est passé depuis 2007 à l’affouragement automatisé, important du Canada le premier robot Rovibec en France.
Quand le robot facilite l’affouragement

Ancien rugbyman, Frank Boucheron en a conservé la stature et le tempérament. Ici, le doute n'a pas sa place, l'homme est un « fonceur », à l'esprit d'initiative bien trempé : « j'ai acheté le système par téléphone, avant même d'aller le voir ! C'est sûr, au début tout le monde me prenait pour un fou ! Mais il faut prendre des risques et si on se casse la gueule, on se remet debout et on repart ! »
Tout a commencé en 2003, à l'heure de la mise aux normes. L'exploitation familiale était déjà en libre service, les animaux se nourrissant directement au silo. Première automatisation, avec un système tapis bandes transporteuses, mais toujours sans mélangeuses. Pas assez abouti aux yeux de l'éleveur, qui s'est mis sur internet en quête d'un système permettant d'augmenter la rentabilité en diminuant la charge de travail. Premiers contacts avec la société canadienne Rovibec en 2007, alors pas encore commercialisée en France et l'affaire était conclue ! Le temps d'importer le matériel, de l'installer, d'aller visiter des installations similaires aux Pays-Bas et en Suisse et en septembre 2008, c'était la mise en route.

Un gain de temps journalier de 2 heures

D'une capacité de 1 500 m3, les silos tours installés au pied de l'étable donnent à l'environnement un petit côté nord-américain. Quasiment silencieux, le robot glisse sur ses rails, distribuant la seconde ration de la journée aux vaches disposées en dessous. L'installation est entièrement automatisée, avec désilage par le haut et aspiration verticale : « le robot commande tout, de la mise en route des silos pour son remplissage, à la pesée des aliments, en passant par le mélange et la livraison ». Pouvant s'adapter à tout environnement, le rail aérien autorise des pentes jusqu'à 7 % ou des aiguillages pour une utilisation dans plusieurs bâtiments. Durée d'un cycle entier : environ 20 minutes. Une opération, lorsque les animaux ne sont pas au pré, répétée 8 fois par jour, en début et fin de traite et toutes les 2 à 3 heures, pour un gain de temps quotidien estimé à près de 2 heures : « en plus d'une précision plus grande dans le pesage des rations, délivrer de petites quantités à chaque fois génère beaucoup moins de risques d'acidose ou autres maladies métaboliques chez l'animal. L'intérêt du système n'est pas qu'économique et humain, il est aussi sanitaire... ». Il est possible d'incorporer jusqu'à 30 aliments différents, tout en multipliant les combinaisons d'ingrédients en fonction des horaires de travail. Une pompe hydraulique animée par un moteur électrique alimentant l'ensemble du robot. Pilotable par Smartphone ou tablette tactile, le système d'automatisation permet également un pré-diagnostic à distance en cas d'incident. Dans un avenir proche, il pourra même être équipé de caméras de surveillance. La robustesse du matériel est particulièrement appréciée de l'éleveur : « créé à l'origine par un paysan québécois fabricant de brouettes à moteur, il a un côté rustique et un esprit de simplicité répondant aux besoins du terrain... »

 

Un investissement estimé à 20 euros la tonne de lait

Coût de l'installation : entre 100 000 et 250 000 €, comme ici à Percey, en fonction de l'équipement souhaité, pour un investissement stockage compris revenant à moins de 20 € les 1 000 litres de lait, amortissement compris : « en Cuma, avec une mélangeuse automotrice, on tourne entre 15 et 18 € la tonne de lait rendue, mais sans stockage... » S'il n'a pas encore réussi à faire des émules dans le département, Franck Boucheron est tellement convaincu de la rentabilité d'une alimentation automatisée qu'il représente aujourd'hui la marque québécoise pour l'Hexagone, avec quatre installations en France et plusieurs projets en préparation. Dernière exploitation à s'équiper d'un robot d'alimentation Rovibec : la ferme expérimentale laitière d'Arvalis - Institut du végétal, installée à La Chapelle Saint Sauveur, en Loire-Atlantique. Outre un gain de temps pour les techniciens, le système est prévu pour participer à plusieurs essais, comme mesurer si une alimentation fractionnée en cours de journée favorise l'ingestion par rapport à une seule distribution quotidienne.  

Dominique Bernerd
3 Pour tout renseignement, contactez Franck Boucheron au 03 86 43 22 13 ou 06 23 37 38 71