Quelle valorisation de l'azote sur les cultures de blé en conditions sèches ?

Pour que le dernier apport d'azote réalisé soit considéré comme valorisé et que l'utilisation d'un outil de pilotage apporte toute sa pertinence, il faut un cumul d'environ 15 à 20 mm de pluie dans les deux semaines suivant l'apport. Dans le tableau en bas de page, on constate que les apports réalisés autour du stade Epi 1 cm ont rencontré des conditions difficiles pour être correctement valorisés, selon les dates d'apport et secteurs géographiques. Globalement une date critique se dessine sur la région, les apports réalisés avant le 10 mars ont reçu une dizaine de millimètres de pluie, en revanche il n'a plus plu après sur quasiment toute la région.
Contexte climatique
Le blé est capable d'endurer des carences temporaires en azote pendant la montaison sans trop de dégâts. Néanmoins, plus la période de mauvaise valorisation s'étend, plus l'impact probable sur le rendement se renforce. On considère que si la bonne absorption n'est pas rétablie avant le stade dernière feuille (étalée), le nombre d'épis/m² peut être atteint. Une fois ce stade dépassé, les perspectives de rattrapage s'amenuisent. Le nombre de grains/épi sera ensuite lui aussi affecté. La phase la plus sensible au déficit hydrique : gonflement à 20 jours après floraison. Rappelons-nous de l'année 2011, où la situation était assez proche avec un déficit hydrique printanier important qui avait conduit à une perte d'épis et du nombre de grains par épis, variable en fonction des secteurs et des types de sols. Les conditions climatiques des prochaines semaines sont donc déterminantes, avec un retour espéré de la pluviométrie le plus rapidement possible. Les conséquences d'une faible pluviométrie après les apports sont :
• des pertes par volatilisation pour la solution azotée qui peuvent aller jusqu'à 20 - 30 % et, dans une moindre mesure (5 - 10 %), pour l'ammonitrate et les urées avec inhibiteurs d'uréase. Ce phénomène engendre une moindre efficacité des engrais azotés.
• Un retard d'absorption de l'azote. En situation sèche, le déficit probable d'azote observé à ce jour peut provoquer des carences induites. Il est probable qu'une certaine quantité d'azote, difficile à déterminer avec précision et non prise en compte dans les diagnostics, reste aujourd'hui présente dans le sol et sera absorbée par les plantes dès le retour des pluies.
• Cependant, en conditions sèches, l'absorption de l'azote par les plantes est ralentie, mais elle n'est pas nulle. Les fortes rosées de début avril ont probablement légèrement compensé le manque de pluie : même si les quantités d'eau en jeu restent modestes, elles favorisent l'absorption d'azote par les céréales.
État de mon potentiel de rendement
En plus de cette analyse, il est nécessaire de déterminer si le déficit pluviométrique entraîne déjà ou pas un stress hydrique de la culture qui nécessitera une révision à la baisse de la dose d'azote à apporter. En fonction de l'état de la réserve utilisé et du stade de la culture au moment du retour des pluies, les conséquences sur la valorisation des apports d'engrais effectués autour du stade Épi 1 cm et sur le potentiel de rendement sont variables. Quelques grands types de situations sont présentés en cliquant ici.
Arvalis - Institut du végétal
Au regard des conditions climatiques /
Quelle stratégie de fertilisation adopter ?
Les apports d’azote réalisés avant le 10 mars ont pu recevoir 15 à 25 mm de pluie sur quelques rares secteurs, ce qui a permis la dissolution de l’engrais et la valorisation de cet apport. Dans ce cas, ces apports ont pu être globalement valorisés et l’utilisation des outils de diagnostic est possible. Pour les parcelles irriguées ou celles qui ont reçu un peu de pluies pour valoriser les apports, il n’y a pas de contraintes particulières à l’utilisation des outils de pilotage. Les conseils sont fiables et applicables en l’état, sous réserve du maintien du potentiel. Pour les doses conseillées élevées (> 50 u), il est important de fractionner les apports et de les apporter juste avant le retour des pluies si celui-ci intervient avant le stade dernière feuille étalée – gonflement.Que faire en cas de déficit de pluie ?Partout ailleurs, pour des apports réalisés après le 10 mars il a plu moins de 15 mm, la situation est critique avec des secteurs très déficitaires en eau. Ces apports n’ont pas été valorisés ou très partiellement, et seulement une très faible partie peut encore être valorisable aujourd’hui avec le retour potentiel des pluies. Leur efficacité dépend des doses engagées, des pluies reçues depuis leur réalisation et des formes employées. Si les pluies sont très faibles, l’essentiel de la dose apportée n’a pas été absorbé par la culture et une partie de cet azote peut être encore présent dans le sol. Pour ces situations avec des faibles pluviométries, des carences induites apparaissent et peuvent être à l’origine d’une surévaluation des diagnostics des outils de pilotage. Il faut donc déduire une partie de la dose préconisée par l’outil de pilotage selon les situations. Conseils pratiquesDans les conditions exceptionnelles de cette année, pour les secteurs ayant cumulé moins de 15 mm de pluie, voici les règles de décision proposées :➜ si conseil ≥ 80 kgN/ha, réduire le conseil de 20 kgN/ha➜ si conseil compris entre 50 et 70 kgN/ha, réduire le conseil de 10 kgN/ha➜ si conseil ≤ 40 kgN/ha, appliquer la dose conseillée.