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Quelles variétés de blé dur choisir pour satisfaire  les débouchés ?  

Arvalis-Institut du végétal présente les résultats des essais variétaux en blé dur. Dans un marché abondant et diversifié, le choix variétal est orienté par les débouchés. 

Quelles variétés de blé dur choisir pour satisfaire  les débouchés ?  

Les propriétés technologiques d’une production de blé sont largement influencées par la variété. Les caractéristiques agronomiques et qualitatives des variétés seront donc prises en compte. L’agriculteur, comme l’organisme stockeur, a intérêt à diversifier ses choix variétaux pour limiter les risques d’accident climatique, et associer points forts et faiblesses des différentes variétés pour la commercialisation. Type de sol, date prévisionnelle de semis, contraintes de désherbage, tolérance aux accidents récurrents sont autant de facteurs qui doivent entrer en ligne de compte dans le choix de la variété. L’observation des résultats sur plusieurs années, mais aussi sur plusieurs essais est essentielle pour un bon choix variétal.
Les valeurs sures
• Anvergur (RAGT 2013) : la référence actuelle dans la plupart des milieux, et la meilleure en 2020 sur le réseau d’essai Méditerranée Rhône-Alpes. Elle possède une grande souplesse : épi très fertile et PMG moyen mais très élastique. Sa précocité est idéale pour la région. Sa grande fertilité d’épi permet de compenser une implantation médiocre.
Elle a sa place dans tous les milieux, à l’exception des milieux très séchants où son PS peut chuter et des milieux très fertiles où elle craint la verse. En 2020, la perte de rendement est considérable sur cette variété en raison de la verse. Attention aux excès d’azote ! Son rendement est meilleur en finition douce (2016 et 2020) qu’en année à finition échaudante (2017) ou à maladies de l’épi (2018). A éviter en sol séchant et en situation à maladies de l’épi. Tolérante à la septoriose dans les meilleures. Sa tolérance à la rouille brune dérive vers faible depuis son inscription en 2013 (en 2019 présence de rouille brune sur plusieurs secteurs, pas d’observation en 2020). Très bonne tolérance à la rouille jaune : une des rares à ne pas avoir été impactée ou très peu dans l’essai variétés de 2020 à Bollène. Bonne qualité globale sauf PMG et PS juste moyens. Compte tenu de son rendement, sa teneur en protéines est bonne.Anvergur et RGT Voilur sont les variétés produisant le plus de de protéines par hectare (rendement x % de protéines).
✚ Rendement. Polyvalence. Septoriose. Rouille jaune. 
- Rouille brune. PS juste moyen. Verse en milieu très fertile ou mauvais pilotage de l’azote. 

• Casteldoux (Desprez, 2015) : excellente tolérance aux rouilles. Très bon rendement pour les sols moyens à finition parfois difficile. Belle qualité. Jusqu’à 55-60 q/ha, son rendement est du niveau de celui d’Anvergur à haut potentiel 
(75 q/ha), il lui est inférieur de 4 %. Assez précoce, elle construit son rendement avec un épi moins fertile qu’Anvergur mais un grain un peu plus gros. Moins souple en cas d’implantation difficile, mais elle finit mieux. En 2020, elle a souffert des mauvaises conditions d’implantation. Sa tolérance aux rouilles est excellente. Très sensible à la septoriose, le T1 ne peut être abandonné qu’en année sèche pendant la montaison. 
Sa qualité est bonne avec notamment une assez bonne tolérance à la moucheture qui conforte sa tolérance globale aux maladies de l’épi. A essayer dans les milieux intermédiaires, sans problème à l’implantation.
✚ Une des meilleures tolérances aux rouilles. Qualité sans risque.
- Il faut réussir l’implantation. Attention à la septoriose !

• Claudio (Heliosem, 2001, Europe) : référence vieillissante en milieu séchant. Avec un fond général de tolérance aux parasites racinaires. Très sensible au mitadinage. En potentiel inférieur à 40 q/ha, avec fin de cycle échaudante, elle n’est rejointe que par Santur et RGT Aventadur. Très précoce, elle n’est freinée que par le froid de l’hiver. Le risque d’un excès de précocité est faible dans l’intérieur où l’hiver est plus marqué.  Haute et sensible à la verse ; inadaptée en sol profond.
✚  Précocité. Tolérance aux fins de cycle difficiles. PS toujours dans les meilleurs.
- Rendement en retrait au-dessus de 45 q/ha. Très sensible au mitadinage, notamment de pluie.

• Miradoux (Desprez, 2007) : elle a en moyenne un rendement inférieur de 5 % à celui d’Anvergur. Sa très grande sensibilité aux rouilles peut être très pénalisante. Qualité irréprochable toujours recherchée (contrats). Epi fertile et grain élastique compensant les densités faibles, les départs difficiles. Bonne finition, Miradoux est déconseillée dans les sols séchants à cause de sa tardiveté. Ses limites sont sa grande sensibilité aux rouilles brune et jaune et à Fusarium. En 2020, elle fait partie des variétés les plus touchées par la rouille jaune sur l’essai de Mondragon. Lorsque les rouilles ne sont pas un problème, Miradoux reste un très bon choix. Elle supporte assez bien les pluies à l’épiaison (vérifié en 2018).
✚ Souplesse. Excellente qualité.
- Très sensible aux rouilles. Sensible à fusarium. A éviter après maïs, sorgho.

• Nobilis (Limagrain, 2014) : rendement dans les meilleurs. Son démarrage est normalement l’un des meilleurs en cas d’implantation difficile (excès d’eau, sécheresse longue comme en 2019), à part en 2020 sur la plateforme de Fourques où elle a très mal levé. Très bonne tolérance aux rouilles (une des plus tolérantes à la rouille jaune en 2020) et à la septoriose. Très sensible à l’oïdium et assez sensible à Microdochium. En sol profond, au-dessus de 60 q/ha, elle fait jeu égal avec Anvergur. Son élaboration du rendement en est proche avec un nombre d’épis moyen, très fertiles et un PMG moyen mais souple. Sa rusticité est remarquable avec notamment : un bon comportement lors des hivers difficiles (froid, excès d’eau) ; une tolérance aux maladies excellente : très peu sensible aux maladies du feuillage (à l’exception de l’oïdium) et moyennement aux fusarioses des épis. Sa qualité est moyenne mais sans risque marqué, sauf la moucheture en milieu humide. Sa teneur en protéines, comme sa tolérance au mitadinage, souvent jugées faibles, sont en fait normales compte tenu de son niveau de rendement.
✚  Rendement, polyvalence. Démarrages difficiles. Tolérance aux rouilles, à la septoriose.
- Moucheture, oïdium.

• RGT Voilur (RAGT, 2016) : potentiel identique à Anvergur. Tolérance aux maladies remarquable. Excellente teneur en protéines mais grains petits. Son élaboration du rendement rappelle celui d’Anvergur avec un épi aussi fertile mais un grain un peu plus petit (- 2 g). Son rendement atteint celui d’Anvergur sauf en cas de forte compensation sur une faible densité d’épis probablement limitée par son petit PMG. Elle paraît ainsi moins à l’aise en milieu séchant (2019). Elle est un peu moins sensible en cas de maladies de l’épi. Ses tolérances à la rouille brune et à la septoriose sont excellentes, en revanche elle montre depuis plusieurs années une sensibilité à la rouille jaune précoce qui s’est confirmée en 2020 avec de nombreuses parcelles touchées précocement. Bon comportement face aux mosaïques en 2016. RGT Voilur paraît sensible au piétin échaudage et, de manière générale, aux atteintes racinaires. Très courte, elle résiste très bien à la verse, ce qui en fait une des meilleures variétés sur sol profond fertile cette année chez les agriculteurs. Compte tenu de son rendement, sa teneur en protéines est exceptionnelle. Tolérante à la moucheture.
✚  Concentré de points forts : rendement, tolérance aux maladies, protéines…
- Grain petit. Sensibilité racinaire à confirmer.

• Relief (Syngenta, 2014) :  très bon niveau de rendement. Très bonne tolérance aux fusarioses de l’épi et au VSFB. Tardive et à petit grain. Potentiel de rendement égal à celui d’Anvergur au-dessus de 70 q/ha. Tardive et de finition lente, elle est plus adaptée aux sols profonds. Elle a montré en 2019 et 2020 une bonne résilience après la longue sécheresse de janvier à mars et a su très bien valoriser les pluies d’avril et mai cette année. Elle construit son rendement avec un nombre d’épis moyen, très fertiles (plus que Sculptur) et un grain petit (PMG inférieur à Biensur). Bonne tolérance à la mosaïque VSFB (virus des stries en fuseau) mais inférieure à celle de LG Boris. Sensible aux maladies foliaires (septoriose, rouilles), il faut prévoir un T1. Sa qualité technologique est bonne, et sa teneur en protéines est moyenne compte tenu de son rendement. Pour les situations à risque fusarioses (précédent maïs, humidité en mai) ou à VSFB et les milieux finissant bien (sol très profond, irrigation).
✚ Potentiel de rendement. Fusarioses. Mosaïques. Froid. Valorisation des pluies de fin de cycle.
- Tardive. Petit grain. Maladies foliaires.
Yves Pousset, Arvalis - Institut du végétal

Variétés récentes

• RGT Aventadur (RAGT, Italie, 2018) : variété ultra précoce inscrite en Italie. Potentiel de rendement supérieur à celui de Claudio de 5 à 10 %. Trois années de référence maintenant. Elle épie en moyenne 2 à 3 jours avant Claudio ; le risque de gel montaison est donc très élevé. Elle est très courte (comme Sculptur). Elle a fait son rendement avec beaucoup d’épis, peu fertiles et un gros PMG (type Toscadou). Son PS est en revanche moyen (Anvergur + 1point). Elle confirme en 2020 un potentiel supérieur à Claudio en conditions séches. Il faudra voir son PS en année séchante en fin de cycle.

• RGT Vanur (RAGT, 2019) : variété demi-précoce, elle semble épier 2 jours avant Anvergur. Potentiel de rendement intermédiaire entre RGT Voilur et Anvergur en 2020. Première année de résultats en tant que variété inscrite au catalogue. Elle a démontré en 2020 une très bonne tolérance à la rouille jaune (parmi les meilleures avec Anvergur et Nobilis). Elle semble en revanche  être  sensible à la rouille brune (essais 2019) mais tendance à confirmer. Bon comportement face à la septoriose (similaire à RGT Voilur). De hauteur intermédiaire, elle semble moins sensible à la verse qu’Anvergur. Elle fait son rendement avec de très gros grains (PMG le plus important de l’ensemble des essais). Son PS semble en revanche moyen (type RGT Voilur). Taux de protéines proche de celui d’Anvergur.  Elle doit être encore testée pour identifier les milieux qui lui sont le mieux favorables.

• Platone (Sem Partners, 2017) : variété demi précoce italienne. Elle est observée depuis 2 ans dans la région. Potentiel en 2020 proche du potentiel moyen d’Atoudur. Son PS est le plus élevé en 2020 et son PMG et son taux de protéines sont moyens. Elle fait un nombre d’épi et a une fertilité moyenne. Bon comportement vis-à-vis de la rouille jaune en 2020 sur l’essai de Mondragon (type Anvergur). Platone semble être une variété finissant bien et donc tolérant assez bien une sécheresse de fin de cycle. Mais elle est peu souple et rattrape difficilement un mauvais départ (implantation difficile ou sécheresse précoce). Possible en sol séchant mais en semis précoces et en parcelle ré-essuyant bien. PS très élevé. A éviter en cas de mauvaises implantations. 

Variétés pour mémoire

• Karur (RAGT, 2002) : toujours appréciée dans les secteurs de transition blé dur/ blé tendre (nord Gard, Hautes-Alpes, Drôme). Tolérance au froid, à la microdochiose et à la moucheture. Dépassée en rendement, elle peut être remplacée par Relief (risque de fusarioses) ou RGT Voilur (risque de moucheture).
✚ Souplesse, épi fertile ; tolérante à la moucheture, aux fusarioses, au froid.
- PS faible et fragile. Sensible à la verse, à la sécheresse.

• Sculptur (RAGT, 2008) : rendement dans les meilleurs jusqu’à 70 q/ha (c’est le cas en 2020). Mais très sensible aux maladies et au mitadinage. A remplacer par Anvergur dans la plupart des situations, ou par Nobilis ou RGT Voilur dans les sols profonds et les situations à risque de mauvaise implantation. Sensible à l’oïdium en 2020 sur la plateforme de Fourques. Ce sont les maladies qui la pénalisent habituellement.
✚ Capacité de rattrapage. PS, moucheture,
- Protéines, mitadinage. Maladies : oïdium.