Quelques rappels pour bien gérer l'irrigation du maïs

Les essais ont montré qu'un maïs pouvait attendre jusqu'à 12 feuilles pour lancer l'irrigation, à condition qu'elle soit ensuite conduite à un rythme soutenu. C'est ce qui nous conduit à proposer d'anticiper un début d'irrigation à 10 feuilles, de façon à ce qu'elle ait bien démarré, si besoin, au stade 12 feuilles. Depuis 2015, la demande climatique a été très élevée dès le début de la période de sensibilité au stress hydrique du maïs, ceci nous rappelle l'importance de bien gérer cette phase de démarrage de l'irrigation. Pour cette campagne, les dates du stade 10 feuilles sont répertoriées dans le tableau 1 : plus la date estimée est tardive, plus le risque de devoir commencer l'irrigation en conditions de demande climatique forte est important.
Comment repérer le stade 10 feuilles ?
Ce stade est atteint quand la 10e feuille est visible sur la moitié des pieds. Sont comprises dans les 10 feuilles : la feuille arrondie à la base ; les feuilles complètement déployées dont la ligule est visible ; les feuilles dans le cornet non complètement déployées. Il est recommandé de faire quelques comptages de nombre de feuilles sur chacun des rangs d'un même semoir : choisir 10 plantes consécutives sur un rang représentatif du stade dominant (schéma stade 10 feuillles)
Accompagner la demande climatique
L'étude fréquentielle du climat nous conduit aux propositions de volumes indiquées dans le tableau 2, suffisants pour couvrir le plus souvent les besoins de la culture. Plus le sol est profond, moins les besoins sont élevés, avec un gradient Nord Sud bien entendu. Ces chiffres ne prennent pas en compte une irrigation d'appoint, par exemple, pour la régularisation de la levée en semences.
Privilégier la phase sensible
Le maïs a des besoins au plus haut sur les 40 jours qui encadrent la floraison. Si l'on est dans un contexte de ressource
en eau limitée, c'est sur cette période qu'il faut concentrer l'eau disponible, en comptant sur les orages d'été pour finir d'accompagner le grossissement des grains. Cette logique peut trouver ses limites si les orages du 15 août ne sont pas au rendez-vous. Nos essais montrent que, avec une campagne très sèche, maintenir le rythme d'irrigation en diminuant la dose à chaque passage est plus rentable que de consommer un volume fini et en sacrifiant la phase de
remplissage (figure 1).
Quand et comment arrêter l'irrigation ?
Grâce à des dispositifs expérimentaux, il nous est possible de caler le stade où il faut prendre la décision d'arrêter l'irrigation, en général à 50 % d'humidité du grain, ce qui correspond à 32 % de MS plante entière (voir figure 2).
Pour le maïs ensilage, on anticipe cette décision d'un tour, pour récolter en bonnes conditions. A ce stade, en fonction de l'état de l'eau dans le sol et des prévisions météo, on lance ou non un dernier tour d'eau. En sol léger, la décision est prise à 45 % d'humidité, soit une semaine ou un tour d'eau plus tard.
Pour les ensilages, la connaissance de la date de floraison va permettre, avec 4 à 5 semaines d'anticipation, de proposer une date raisonnable d'arrêt, parcelle après parcelle.
Pour les semences, nous avons pu démontrer que la vitesse de dessiccation était comparable entre lignées et hybrides. A ce jour, seule une fragilité des semences en fin de cycle pourrait conduire à un réaménagement de cette règle basée sur le seuil 50 %. La règle générale s'applique donc de la même façon aux productions de semences. Ceci peut être intéressant pour le producteur, mais aussi pour l'établissement qui peut trier ses parcelles et organiser la gestion de son planning de récolte.
Sur la base d'un premier dosage d'humidité ou de l'observation précise de la floraison, une bonne façon de se projeter dans l'avenir est de retenir une perte de 7 points pour 100 degrés jours autour de 50 % d'humidité, soit environ 15 degrés jours pour perdre un point, les lignées se comportant comme les hybrides commerciaux.
Yves Pousset, Arvalis - Institut du végétal