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Concours régional des éleveurs de charolais

Raphaël Loveno : “ Le concours,  c’est la fête de l’élevage ”

Éleveur à Saint-Savin (Isère) et président du syndicat Charolais Sud-Est, Raphaël Loveno et toute son équipe organisent, du 9 au 11 septembre, la 27e édition du concours régional des éleveurs de charolais. Le point avec lui sur cet évènement. 

Raphaël Loveno : “ Le concours,  c’est la fête de l’élevage ”
Raphaël Loveno, président du syndicat Charolais Sud-Est. © Isabelle Doucet

En quoi consiste le concours régional des éleveurs de charolais 2022 ?
Raphaël Loveno : « Il s’agit de la 27e édition du concours. Elle elle aura lieu les 9, 10 et 11 septembre à la foire de Beaucroissant. Les 135 animaux qui vont concourir sont présentés par 27 éleveurs du Sud-Est, membres du syndicat des éleveurs de l’Isère, mais aussi de l’Ain, du Rhône, de la Loire, de la Haute-Loire et des Hautes-Alpes. Les éleveurs qui veulent participer doivent être inscrits à Bovin croissance. Notre règlement est identique aux concours nationaux à une différence près : le montage et le démontage des structures doivent être pris en charge par les éleveurs. »
Comment se déroule le concours ?
R.L. : « Notre manifestation débute le vendredi matin avec un exercice de jugement de pointage destiné aux élèves des lycées agricoles et des MFR. Nous en accueillons cent-cinquante cette année. Dans un premier temps, un formateur va les initier aux méthodes de notation d’un animal. Ensuite, ils devront mettre en pratique ces notions en jugeant un mâle et une femelle. Le concours en lui-même débute le vendredi après-midi avec la présentation des mâles, des plus jeunes aux taureaux. La compétition continue le samedi matin avec les femelles, là aussi des plus jeunes jusqu’aux vaches. On passe ensuite aux différents prix spéciaux : famille (une vache avec deux ou trois de ses petits, un taureau avec trois ou quatre générations) ; ensemble (trois veaux de la même mère) ; élevage (trois femelles avec un taureau) et bien sûr les prix d’honneur par section d’âge. Notre concours se termine en beauté le dimanche matin avec la remise des prix. Pour chaque département, les éleveurs récompensés se présentent avec leur plus belle bête pour recevoir leur prix. Le concours trouvera sa conclusion autour d’un repas convivial. Lors des éditions précédentes, 4 500 à 5 000 repas ont été servis par de nombreux bénévoles, des agriculteurs retraités, des épouses et des proches d’éleveurs. Nous proposons aussi un service de restauration rapide façon burger charolais pour les visiteurs qui n’ont pas envie de passer du temps à table. » 
Quel est l’intérêt pour les éleveurs de participer à ce concours ?
R.L. : « Le concours, c’est pour l’éleveur la vitrine de son élevage. Il peut montrer ses bêtes et la continuité de son travail, en présentant mâles et femelles depuis les individus les plus jeunes jusqu’aux adultes. Les prix obtenus à un concours donnent une légitimité et une reconnaissance qui facilitent la commercialisation des animaux. Grâce à un étiquetage d’identification particulier, les éleveurs ont la possibilité, pour ceux qui le désirent, de vendre certaines bêtes sur le lieu du concours.  Pour l’agriculteur, c’est aussi l’occasion de sortir de son exploitation et de son quotidien, de rencontrer et d’échanger avec des collègues. Surtout, c’est la fête de l’élevage, un vrai temps de retrouvailles, de détente et de réjouissance en compagnie des familles et des autres éleveurs. »   
Comment se porte le concours charolais en 2022 ?
R.L. : « Après l’annulation du concours 2021, nous étions inquiets quant à la motivation et la participation des éleveurs. En réalité, nous avons reçu 155 propositions alors que nous ne pouvons accueillir que 135 bêtes. Ce grand nombre de demandes a mis fin à nos interrogations et démontre que notre concours gagne en notoriété. Notre pôle charolais fait partie des plus importantes attractions de la foire. Je tiens à préciser que notre concours perdure grâce à la participation financière de la Région Auvergne-Rhône-Alpes et du département de l’Isère. Nous recevons aussi un soutien technique précieux de la ville de Beaucroissant. En collaboration avec la commune, nous avons pour projet la construction d’un bâtiment sur le terrain communal où se déroule le concours. Il accueillera la partie restauration et le ring de présentation qui jusqu’ici était à ciel ouvert, exposé aux caprices de la météo qui est quelquefois venue gâcher la fête. »

Magdeleine Barralon

Témoignage

À la rencontre d’Olivier Lacour, juge de concours

Éleveur à Saint-Vincent-des-Prés (Saône-et-Loire), Olivier Lacour est aussi juge de concours. 

À la rencontre d’Olivier Lacour, juge de concours
Olivier Lacour, juge agréé herd book charolais.

«Nous sommes passionnés par notre métier, nous consacrons beaucoup de temps à nos animaux et nous veillons à leur bien-être et à la qualité de notre élevage. Nous sommes aussi attachés à faire connaître notre métier, nos pratiques et la race charolaise. Participer à des concours permet de construire la notoriété de son élevage », explique Olivier Lacour, juge national agréé herd book charolais1. « Je suis devenu juge pour l’ensemble de ces raisons. J’ai eu la chance de pouvoir suivre une formation délivrée par le herd book charolais durant laquelle nous avons revu dans les détails les caractéristiques fondamentales de la race. Nous avons aussi appris à parler au micro, à être clair dans nos indications et à nous exprimer de façon pédagogique afin de faire comprendre les objectifs de l’élevage et ses exigences », poursuit-il. 

Faire connaître la race au grand public

Aujourd’hui, Olivier Lacour participe en tant que juge à de nombreux concours régionaux et nationaux inscrits au herd book charolais. C’est à la demande de Raphaël Loveno, président du syndicat Charolais Sud-Est et organisateur du concours, qu’il a accepté d’animer et de noter les bêtes présentées. « Même si le concours de la foire de Beaucroissant n’est pas inscrit au Herd book charolais, il présente beaucoup d’intérêt parce que c’est un événement qui attire un très large public », explique Olivier Lacour. « Dans ce contexte, le concours représente un bel outil pour promouvoir la race et l’élevage charolais auprès des agriculteurs. C’est aussi un formidable ambassadeur auprès des visiteurs, de potentiels consommateurs. Nous ne manquons pas de rappeler que les panoramas tant appréciés dans nos campagnes sont le résultat de notre élevage et du pâturage des bêtes qui entretiennent les paysages ». 

De l’allure et de la prestance

Pour Olivier Lacour, le rôle du juge est d’apprécier les volumes des animaux, qui restent des bêtes élevées pour leur viande. Il faut toutefois se souvenir qu’au départ, ce sont des vaches allaitantes qui élèvent leurs veaux. Le juge note donc la largeur du bassin, la capacité de lactation et les aplombs parce que les charolais doivent être capables de se déplacer facilement dans les pâturages pour se nourrir. « Nous évaluons également les musculatures qui représentent les potentiels de viande », confie-t-il. « Ce que nous apprécions également et ce qui fait que l’animal est une bête de concours, c’est sa classe, son allure et sa prestance ». 

Former les jeunes

Pour noter les 135 bêtes présentes au concours de la foire de Beaucroissant, Olivier Lacour, juge titulaire, va avoir à ses côtés un jeune éleveur qui sera là en tant qu’observateur. « Les organisateurs m’ont demandé de choisir un garçon motivé pour qu’il puisse découvrir la fonction de juge. Ce sera une première expérience très formatrice, il aura notamment l’occasion de s’exprimer au micro », indique Olivier Lacour. « Le juge observateur va m’accompagner tout au long du concours. Nous allons pouvoir partager nos remarques et je prendrai en compte son avis, même si c’est à moi que reviendra la décision finale ». Une notation qui doit être le reflet de l’expertise du juge, de son objectivité et de sa cohérence. « C’est une décision humaine, confesse-t-il. On peut toujours se tromper, surtout lorsqu’il s’agit de juger de jeunes bêtes. »

Magdeleine Barralon
1. Le Herd book charolais est la seule association nationale en France dédiée au schéma de sélection de la race charolaise. Elle a pour objectif de développer des services qui font évoluer le métier d’éleveur, et d’améliorer les performances des élevages.