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TRUFFICULTURE

“Rapprocher la trufficulture du monde agricole ”

Au Sud-Drôme, faute de truffes, le marché de Saint-Paul-Trois-Châteaux a tiré sa révérence avec deux semaines d'avance. À Richerenches (Vaucluse), les quantités présentées sont moindres cette année, conditions météorologiques obligent. Rencontre avec le président de la Fédération française des trufficulteurs (FFT), Michel Tournayre.
“Rapprocher  la trufficulture  du monde agricole ”

Comment peut-on expliquer le faible volume des truffes pour cette saison ?
Michel Tournayre : « L'an dernier, en France, nous avions produit 56 tonnes de tuber melanosporum. Cette année, ce pourrait être 35. Nous sommes encore en pleine récolte, cette donnée sera connue fin mars-début avril. Les truffes naissent surtout en mai et juin, la sécheresse et la canicule de fin juin et juillet ont empêchés leur survie ou leur développement. Dès lors, ceux qui n'ont pas arrosé rencontrent des problèmes. Cependant, Rhône-Alpes résiste mieux que les autres régions, les chiffres étant identiques par rapport à l'an dernier, à savoir 17 tonnes d'après les premières estimations. »

Michel Tournayre, trufficulteur à Uzès (Gard) et président de la Fédération française des trufficulteurs depuis avril 2014, souhaite une professionnalisation de la filière.

Les prix sont-ils en hausse ?
M. T. : « Les prix sont en effet plus élevés que l'an dernier, de l'ordre de 200 à 300 euros le kilo. Par exemple, sur un marché au détail, les prix oscillaient lors de la dernière campagne entre 700 et 900 euros. Cette année, ils varient de 800 à 1 200 euros. Pour les marchés de gros, tel Richerenches, entre 500 et 800 euros (contre 300 à 600 euros en 2014-2015). Le phénomène climatique joue, la qualité aussi. La saison dernière, elle n'était pas exceptionnelle. Aujourd'hui, elle est remarquable. Cela influe également sur les prix. »

Au delà de la conjoncture, quels sont les dossiers en cours à la FFT ?
M. T. : « Je suis un fervant défenseur de la professionnalisation de la filière. Il ne faut pas perdre le leadership des truffes dans le monde. Cela passe par le soutien aux plantations, à la mise de l'irrigation. Mon cheval de bataille est de maintenir la production, la développer, voire la doubler. Nous devons organiser et structurer la filière. Nous sommes à la merci d'autres pays qui s'intéressent à la truffe. Parmi d'autres dossiers de la fédération, nous voulons garantir la présence d'un réseau de techniciens dédiés sur l'ensemble du territoire, ceci afin d'optimiser la production. Nous travaillons aussi sur les problématiques de développement. Avec l'Inra, nous allons ainsi lancer le programme national « Culture-Truffes ». Auvergne-Rhône-Alpes accueillera, comme d'autres régions, une parcelle expérimentale. Le protocole sera défini à la fin du mois à Périgueux. »

Etes-vous favorable à développer une IGP ?
M. T. : « Nous réfléchissons également à la valorisation de la truffe, tel un label pour la protéger par exemple. Le syndicat des producteurs de truffes de la Drôme des collines a demandé une IGP. Je suis favorable à pareille démarche mais je pense que c'est encore trop tôt. C'est mettre la charrue avant les bœufs. Il faut d'abord poser les bases et professionnaliser la filière. Enfin, je souhaite rapprocher la trufficulture du monde agricole. Nous sommes éligibles à la Pac, c'est une grande avancée. Symboliquement, le siège de la FFT a d'ailleurs été transféré à l'Assemblée permanente des chambres d'agriculture (APCA).» 
Propos recueillis par Aurélien Tournier

 

Truffes en Drôme des collines
Vers la création d'un ODG
Lors de son dernier conseil d'administration, le 10 février, le syndicat des producteurs de truffes de la Drôme des collines a décidé de créer un organisme de défense et de gestion (ODG). Une étape essentielle dans le cadre de la démarche engagée pour obtenir l'indication géographique protégée (IGP). Afin de minimiser les frais, l'ODG sera créé au sein du syndicat existant. Les membres désignés pour y siéger sont Roland Perrenot, Moïse Tardy et Maurice Cotte, respectivement président, vice-président et trésorier du syndicat. Cet ODG sera amené à élaborer et contribuer à la mise en œuvre du cahier des charges. Il participera aussi aux actions de défense et de protection. La création de cette nouvelle structure devra toutefois encore être validée par l'INAO.
Le syndicat réunit à ce jour une centaine d'adhérents. La production de cette dernière campagne est estimée à quatre ou cinq tonnes.