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Réaction après l'émission Envoyé spécial " Pesticides : les champs de la colère "

Le président de la chambre d'agriculture de la Drôme réagit après la diffusion jeudi 24 octobre du reportage d'Envoyé spécial "Pesticides : les champs de la colère". Jean-Pierre Royannez prône le dialogue dans les communes et voit dans les chartes de riverains le moyen de le réinstaurer.
Réaction après l'émission Envoyé spécial " Pesticides : les champs de la colère "

Le 18 mai 2019, le maire de Langouët, petite commune de 600 habitants d'Ille-et-Vilaine, prenait un arrêté interdisant l'utilisation de produits phytopharmaceutiques
« à une distance inférieure à 150 mètres de toute parcelle cadastrale comprenant un bâtiment à usage d'habitation ou professionnel ». La décision de Daniel Cueff allait faire grand bruit. Aujourd'hui, plus de 90 communes en France auraient elles aussi décidé de telles mesures.
Dans le reportage du magazine Envoyé Spécial Pesticides : les champs de la colère, diffusé jeudi 24 octobre sur France 2, l'équipe de la journaliste et présentatrice Élise Lucet a choisi de revenir sur cet événement et de donner la parole aux élus qui ont pris des arrêtés anti-pesticides, ainsi qu'à des habitants de communes rurales et à des agriculteurs. Le reportage laisse s'exprimer chacune des parties au débat, dans un face-à-face au cours duquel, à aucun moment, les uns et les autres ne parviennent à se mettre d'accord sur une solution partagée. Des élus et des habitants s'interrogent et doutent ; des agriculteurs tentent d'expliquer et souffrent de l'incompréhension qui grandit. « Pourquoi mon image est-elle d'un coup passée de producteur d'alimentation à celle d'assassin ? » s'interroge d'ailleurs un jeune agriculteur

Les chartes, outils de dialogue

Invité à réagir après la diffusion du reportage, le président de la chambre d'agriculture de la Drôme, Jean-Pierre Royannez, souligne l'urgence « de reprendre les choses en main par le dialogue. [...] Si, dans chaque commune, nous ne créons pas des temps d'échanges autour des maires sur les pratiques agricoles et si nous laissons la télévision s'emparer du sujet, nous risquons de créer une relation de peur et de méfiance, insiste l'élu. Ce n'est que par un dialogue de proximité que nous pourrons éviter les oppositions. Et les chartes sont un bon moyen pour amorcer ce dialogue ».
Mi-octobre, lors du congrès des maires de la Drôme, Jean-Pierre Royannez a présenté une charte des riverains et des usagers des espaces ruraux, afin d'apaiser les tensions entre agriculteurs et habitants à propos de l'épandage des produits phytosanitaires. Une solution, selon le professionnel, pour avancer côte à côte et non plus face à face. Rappelant aussi au passage que « ce ne sont pas les agriculteurs qui sont venus traiter dans les villages mais que ce sont les villages qui ont grandi », faisant référence au constat de cet agriculteur dans le reportage qui a vu en quelques années son lieu de vie passer de 800 à 35 000 habitants.
« Les personnes qui s'expriment sont assez posées, même celles qui s'opposent à l'utilisation des pesticides, elles s'interrogent. Et elles conviennent que c'est avec les agriculteurs qu'elles trouveront des solutions. Aujourd'hui, malheureusement, il y a trop de reportages qui pointent les pro et les anti-phyto. Des anti-phyto, il y en a. Des pro-phyto, je ne sais pas s'il en existe dans le monde agricole. Il y a juste des gens qui veulent utiliser le moins possible et de façon raisonnée des produits phytopharmaceutiques, comme ils le feraient pour se soigner eux-mêmes avec des médicaments », conclut l'élu. A noter, dans une décision rendue le 25 octobre, le tribunal de Rennes a annulé l'arrêté du maire de Langouët. 
Sébastien Duperay