Récupération des eaux de pluie : place aux aménagements personnels et à l’imagination

«Ici à Indrieux (Ain), nous sommes sur un plateau où il y a très peu de sol. L'eau s'infiltre dans la roche qui affleure. Depuis toujours les anciens ont stocké l'eau de pluie. Nous possédons une citerne d'une capacité de 60 m3 qui est contemporaine de la construction des bâtiments en 1882 », décrit Lionel Manos, éleveur du Gaec des Perce-Neige. Producteur de fromage fermier, dont le célèbre ramequin, le Gaec souhaitait augmenter son cheptel de vaches laitières. Mais pour cela, il devait changer la salle de traite qui date de 1975. Ils ont opté pour une salle de traite rotative de 28 postes permettant de traire seul une centaine de vaches. Pour accueillir cet équipement et quelques logettes supplémentaires, le Gaec de la famille Manos a dû construire un nouveau bâtiment de 300 m2. « Ce matériel de traite volumineux demande pour le nettoyage des sols, des murs et des barrières, environ 200 litres par traite », indique Lionel Manos. « La source de Conand qui approvisionne le village a vu son débit diminuer suite aux différents épisodes de sécheresse. Elle peine à couvrir les besoins en eaux du village. On est un peu sur le fil du rasoir avec la menace de potentielles restrictions des usages de l'eau. Ce constat nous a fait réfléchir à la meilleure manière d'économiser l'eau. Nous avons donc décidé d'exploiter cette nouvelle superficie de toit pour récupérer les eaux de pluie dans une seconde citerne de 40 m3 enterrée. Après avoir demandé différents devis, c'est le béton qui s'est avéré le plus économique par rapport aux différentes autres matières (plastique, métal, membrane...). La collecte des eaux de pluie demande bien évidemment de concevoir tout un réseau d'adduction et d'évacuation avec des by-pass et des systèmes de trappes et de vannes qui permettent de diriger manuellement l'eau vers la salle de traite ou vers la fosse pour diluer le lisier si nécessaire. Cette installation ne met pas de mécanique compliquée en œuvre, on utilise simplement la gravité naturelle. Elle représente un investissement de 13 000 euros ».
La nouvelle salle de traite entrera en fonction à l'automne. La combinaison des deux citernes permet de stocker 100 m3, ce qui donne au Gaec des Perce-neige une autonomie de 25 jours environ.
Magdeleine Barralon
Prévention / La réserve de défense extérieure contre les incendies
« Dans l’Ain, le règlement départemental de la défense extérieure contre les incendies (DECI) impose aux exploitations, depuis une dizaine d’années, de se doter d’une réserve d’eau d’une capacité minimum de 120 m3 et qui augmente suivant la taille des bâtiments, du cheptel…», explique Tanguy Morel technicien conseil bâtiment à la chambre d’agriculture de l’Ain. « Nous conseillons aux agriculteurs de se doter d’une réserve quelle que soit la forme, d’une capacité supérieure à celle qui leur est imposée, où ils peuvent stocker les eaux de récupération. Tout en respectant les niveaux minimaux, ils disposent ainsi d’un volume d’eau pour certains usages comme le nettoyage des salles de traite rotatives gourmandes en eau. Pour que l’eau ne tourne pas au soleil, il est nécessaire que le réceptacle soit couvert. »Réglementation
La loi sur l’eau de 2006 prévoit que l’eau de pluie collectée à l’aval de toitures inaccessibles « peut être utilisée pour des usages domestiques extérieurs au bâtiment... » ; à l’intérieur des bâtiments « l’eau de pluie collectée à l’aval de toitures inaccessibles, autre qu’en amiante-ciment ou plomb, peut être utilisée pour l’évacuation des excreta et le lavage des sols... » L’eau de pluie collectée à l’aval de certaines toitures peut servir en agriculture : pour l’irrigation en volume limité, pour une réserve de défense incendie, pour le lavage des sols et le nettoyage du matériel non alimentaire et pour l’abreuvement des animaux en respectant certaines précautions.
