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Bois et forêt

Réduire le morcellement de la forêt privée drômoise

L'union drômoise des forestiers privés (UDFP) insiste sur la nécessité de valoriser, gérer et exploiter la forêt, notamment par le regroupement des parcelles.

Réduire le morcellement de la forêt privée drômoise

 Deuxième département le plus boisé de Rhône-Alpes, la Drôme compte 320 000 hectares d'espaces forestiers. En matière économique, « cela représente 650 entreprises, 2 000 emplois et 200 millions d'euros de chiffre d'affaires », a indiqué André Aubanel, président de l'union drômoise des forestiers privés (UDFP), en assemblée générale le 19 mai à Valence. Il a pointé l'insuffisante valorisation de la forêt départementale, composée à parts égales de feuillus et de résineux. En cause, des surfaces forestières de petite taille mal entretenues, voire pas du tout. Car, à côté de la forêt publique, la forêt privée drômoise compte 48 000 propriétaires possédant quelque 230 000 hectares, soit une surface moyenne inférieure à cinq hectares.

Réduire le morcellement

Avec l'aide technique du centre régional de la propriété forestière (CRPF), l'UDFP cherche à valoriser cet espace encore trop morcellé. L'idée portée est celle du regroupement des parcelles pour assurer une meilleure gestion. « Il faut valoriser, gérer et exploiter la forêt », a insisté André Aubanel. Il a qualifié « d' avancée majeure » l'engagement du Département qui, en début d'année, a voté un programme triennal « bois et forêt » doté d'un million d'euros par an. De son côté, l'UDFP investit dans des tablettes GPS permettant aux techniciens du CRPF de localiser plus facilement parcelles et peuplements.Par ailleurs, André Aubanel s'est réjouit de la création, par la loi d'avenir agricole, des groupements d'intérêt économique et environnemental forestiers (Gieef). « Cela ouvrira la porte à certaines aides, si modestes soient-elles », a-t-il confié. A l'échelle de Rhône-Alpes, les forestiers privés ont obtenu que le Gieef fasse l'objet d'un plan simple de gestion concertée agréé par le CRPF. La dimension minimale retenue sera de 300 hectares en plaine et 100 ha et vingt propriétaires en zone de montagne.

Soutien confirmé du Département

Dans ses objectifs, l'union drômoise souhaite une amélioration des relations avec la fédération des chasseurs. « Nous voulons un équilibre cynégétique, a insisté André Aubanel. Les chasseurs ont besoin de nos territoires et nous de leur action. » Par ailleurs, la mise en place d'une mercuriale est également en projet. Mais, faute d'élève ingénieur, le suivi d'indices de la qualité et du prix du bois n'a pu être mis en œuvre depuis deux ans.
« Avec la création de Fibois, le Département est engagé depuis 2008 dans la filière bois », a rappelé Christian Morin, nouveau vice-président du conseil départemental en charge des transports, des bâtiments et de la filière bois. Evoquant le plan 2015-2017, que la nouvelle majorité ne remettra pas en cause, « il s'agit de mobiliser plus de bois de nos forêts locales, de valoriser toutes formes d'exploitation et de donner plus de visibilité à la filière », a-t-il ajouté. Pour les propriétaires forestiers drômois, les soutiens permettront notamment l'amélioration des dessertes ainsi que les échanges de parcelles afin de faciliter les regroupements pour une meilleure exploitation. Des essais de reboisement sont également prévus avec des essences nouvelles prenant notamment en compte les effets du changement climatique.

Christophe Ledoux

Gestion forestière / A l'assemblée générale de l'union drômoise des forestiers privés (UDFP), plusieurs organisations intervenant dans le développement de la filière bois et forêt ont été invités à se présenter.

Partenaires des forestiers privés

Président des Forestiers privés de France (Fransylva), Antoine d'Amécourt a rappelé les services de cette fédération, qui compte 40 000 adhérents (sur les 3,5 millions de propriétaires forestiers français). Outre les soutiens juridiques, sont menées des actions de lobbying ou encore de communication. Les adhérents bénéficient en outre d'un système d'assurance spécifique (Sylvassur).
Au sein de ses différents collèges, Fibra (fédération forêt-bois Rhône-Alpes) rassemble les acteurs de l'amont à l'aval. « L'objectif est de promouvoir l'usage multiple du bois local, de valoriser cette filière d'avenir », a expliqué Marinette Feuillade, déléguée générale. La structure, installée à Lyon (à Agrapole), compte huit salariés dont les missions touchent, entre autres, à l'économie, la formation et la communication.
Etablissement public, le centre régional de la propriété forestière (CRPF) « rend service aux producteurs forestiers et valorise leurs actions », a expliqué son directeur, Xavier Martin. Avec ses ingénieurs et techniciens, le CRPF agit pour professionnaliser la gestion forestière.
L'association pour le développement forestier du Vercors et du Royans (ADVR) a été créée en 1987. « Son but est d'améliorer les connaissances forestières de ses adhérents », a indiqué son président, Daniel Audeyer. Le travail se fait en lien avec les techniciens du CRPF.
L'association syndicale libre de gestion forestière (ASLGF) est, elle, « un peu comme un syndicat de propriétaires en ville, a expliqué Alain Jeune, président de celle de Dieulefit. Des propriétaires forestiers se regroupent et élaborent avec des experts un plan simple de gestion. » A terme, ce type d'association pourrait obtenir le statut de Gieef*.
Une autre forme de regroupement est la coopérative. « Notre cœur de métier, c'est la mobilisation du bois : marquage, coupe et exploitation », a indiqué Robert Solvignon, directeur administratif et financier de Coforêt. Cette coopérative forestière de la vallée de l'Azergues (69) compte 15 000 adhérents sur différentes régions. Son activité est encore « assez limitée » en Drôme.
Enfin, en matière de formation, le fonds Fogefor propose d'approfondir ses connaissances techniques au travers de stages de différentes durées. Des formations portant sur l'économie et le juridique sont aussi au catalogue. « Se former est essentiel, souligne Adrien Perge, président du Fogefor Drôme-Ardèche. Cela permet de valoriser son patrimoine forestier et de bien le transmettre. »
C. Ledoux

* Gieef : groupement d'intérêt économique et environnemental forestier.

 

Conjoncture /

Le prix moyen des forêts reste stableÀ 3 940 euros en 2014, le prix moyen d'un hectare de forêt non bâtie reste stable (- 0,1 % par rapport à 2013) pour la quatrième année consécutive, ont annoncé la Société forestière et la fédération nationale des Safer. Leur vingtième indicateur du marché des forêts, présenté le 21 mai, relève que le marché des forêts de 1 à 10 hectares est le seul marché immobilier qui ne connaît pas de crise depuis 2007. Cette tendance s'explique, selon l'indicateur, par la demande croissante des ménages en bois de chauffage. Les écarts de prix à l'hectare, entre les différentes classes de forêts (1-10 ha, 10-25 ha et plus de 25 ha) ont tendance à s'estomper, avec une augmentation plus forte du prix des petites forêts.

Du 12 au 14 juin /
Fête de la foret et de la montagne
La 14ème fête de la forêt et de la montagne se déroulera les 12, 13 et 14 juin à Lans-en-Vercors. Débardage insolite, bûcheronnage, marché bois et terroir et bien d'autres animations ponctueront cet évènement. A noter, le 12 juin se déroulera une vente de coupe de bois. Et le 13 juin sera organisé un colloque « produire et récolter durablement du bois en forêt de montagne ». Plus d'infos sur le site www.fetedelaforet.fr.