Réduire les intrants grâce à un bon usage du pulvérisateur

Alors que la pression de la société est de plus en plus forte envers les agriculteurs qui utilisent des produits phytosanitaires, la chambre d'agriculture de la Drôme a organisé, le 13 février, une journée Innov'action intitulée : « Quelles pistes pour réduire les doses de produits phytosanitaires grâce à la télédétection par drone et satellite ? »
Benoît Chauvin-Buthaud, ingénieur conseil spécialisé en arboriculture fruitière et agriculture de précision à la chambre d'agriculture, a accueilli une vingtaine d'arboriculteurs à Bésignan, sur une parcelle d'abricotiers d'Olivier Arnaud. « L'an dernier, quand les arboriculteurs ont commencé à traiter, nous avons ressenti une forte pression. C'est de là qu'est née l'idée d'organiser cette journée Innov'action, a expliqué Benoît Chauvin-Buthaud. Il est primordial de travailler sur une efficacité technique tout en prenant en compte les préoccupations du voisinage. »
Réduire le risque de dérive
Avec les conseils de Renaud Cavalier, expert machinisme et pulvérisation à la chambre d'agriculture du Gard, les arboriculteurs présents ont pu découvrir les différentes pistes à explorer pour limiter l'usage des intrants. « Le sujet de la dérive prend de plus en plus d'importance », a souligné le Gardois. Alors, comment la limiter ? « De nombreux réglages sont possibles pour réduire le risque de dérive. Cela demande de changer nos pratiques et de s'adapter », a-t-il poursuivi. Tout d'abord, il convient de modifier les buses de pulvérisation. Plus les gouttelettes sont fines, plus elles seront sensibles au vent et s'évaporeront dans l'environnement. En revanche, avec des buses anti-dérives de 250 microns (au lieu de 100), le risque est moindre et l'efficacité meilleure puisque seulement les feuilles sont touchées. Pour le confirmer, Renaud Cavalier a pu compter sur le soutien des équipes techniques de Syngenta, venues présenter l'outil Quali'Drop
Le concept est simple : placer des panneaux noirs en polyéthylène dans chaque rang traité puis pulvériser de l'argile diluée. Les impacts des gouttes apparaissent en blanc, révélant les zones plus ou moins atteintes. Ce service permet ainsi d'évaluer la répartition de la pulvérisation et de pouvoir agir sur un réglage plus précis du pulvérisateur.
« Des techniques peu coûteuses »
« La ventilation et la vitesse de turbine sont aussi un levier important à prendre en compte », a expliqué Renaud Cavalier. En privilégiant les premières vitesses et en adaptant le passage au stade de végétation, la dérive sera moindre. « Ce sont là des techniques peu coûteuses. Certes, changer les buses a un coût mais nous sommes obligés de modifier nos pratiques de travail », a indiqué l'expert machinisme et pulvérisation de la chambre d'agriculture du Gard. Pour finir, il a rappelé que le volume par hectare doit également être revu à la baisse. De nombreux leviers existent pour limiter la dérive des produits phytosanitaires.
Amandine Priolet
Agriculture de précision /Quelles pistes concrètes pour réduire les doses ?
Depuis l’été 2019, la chambre d’agriculture de la Drôme s’est dotée d’un drone pour proposer une nouvelle offre de service numérique via l’imagerie agronomique aérienne. Cette nouvelle technologie permet d’obtenir des renseignements sur l’état de santé des arbres et ainsi de localiser les zones du verger où des corrections agronomiques sont nécessaires. Il s’agit donc, au-delà d’améliorer la production de fruits, de pouvoir gérer et limiter l’usage des produits phytosanitaires. Ainsi, la dose de matière active peut être ajustée au volume exact de la végétation à traiter. Cette télédétection permet donc de mesurer la biomasse, d’avoir des indicateurs sur la teneur en chlorophylle ou en azote de la plante, sur la teneur en eau et donc le stress hydrique. En somme, l’imagerie agronomique donne à voir ce qui est invisible à l’œil nu.En ce sens, des essais sont régulièrement réalisés à la station d’expérimentation fruits Rhône-Alpes (Sefra), à Etoile-sur-Rhône. L’an dernier, celui effectué sur une parcelle d’abricotiers Bergeval avait pour but d’adapter le volume de bouillie au volume de feuillage en début de saison, afin de réduire la dose par hectare des produits phytosanitaires employés.
« La réduction du volume de la bouillie de traitement a permis de diminuer l’indicateur de fréquence de traitements d’un tiers sur la période principale de protection de l’abricotier (de la fleur au durcissement du noyau). Aucune incidence significative n’a été notée sur le développement des maladies de cette époque (monilia sur fleurs, oïdium, coryneum…). Ces résultats intéressants doivent être confirmés en multipliant les expériences de ce type et en continuant de tester d’autres indices de biomasse », explique Benoît Chauvin-Buthaud, ingénieur conseil spécialisé en arboriculture fruitière et agriculture de précision à la chambre d’agriculture de la Drôme. Par ce biais, les arboriculteurs détiennent peut-être une solution d’avenir quant aux attentes sociétales.
A. P.
