Accès au contenu
Découverte

Regard sur le nouveau centre pénitentiaire de Valence

D'une capacité de 464 places, le nouveau centre pénitentiaire de Valence est basé sur le concept d'établissement à réinsertion active.
Regard sur le nouveau centre pénitentiaire de Valence

Depuis la fin de l'année dernière, la maison d'arrêt située avenue de Chabeuil, dans la ville de Valence, n'héberge plus de détenus. Ceux-ci ont été transférés dans un nouvel établissement - flambant neuf - implanté à l'Est de la ville, chemin Joseph Astier, en direction de Malissard. Le chantier, confié au groupement Spie-Batignolles et évalué à 83 millions d'euros, avait débuté en décembre 2012.
Pendant quelques mois avant l'arrivée des détenus, les personnels de surveillance ont assuré la « garde des murs », tandis que le constructeur levait ses ultimes réserves. L'heure était également aux derniers préparatifs, tant sur l'organisation et le fonctionnement de la structure. La quasi-totalité des personnels - 309 au total, dont 270 surveillants - avait alors pris ses fonctions. Certains d'entre eux ont suivi également un important programme de formation. Des temps essentiels pour mieux les préparer aux différentes procédures et s'assurer qu'ils prennent bien leurs marques au sein du nouvel établissement avant l'arrivée des prisonniers.

Un établissement à « réinsertion active »

La "place centrale" permet d'aller vers tous les bâtiments de la prison.
Les cellules individuelles mesurent 8,5 m² en maison d'arrêt (peine d'emprisonnement inférieure à deux ans), 10 m2 en maison centrale (peine de longue durée).

Ce nouveau centre s'inscrit plus largement dans un programme national de construction de 5 000 places supplémentaires. Le projet a ainsi été défini par la direction de l'administration pénitentiaire en 2010 en prenant en compte le retour d'expérience de programmes précédents, des expérimentations positives de modèles étrangers - notamment de l'Espagne - ainsi que des dispositions de la loi pénitentiaire du 24 novembre 2009. L'établissement valentinois entend ainsi se baser sur un nouveau concept. Celui-ci porte un nom : établissement à réinsertion active (ERA). Il vise à améliorer les conditions de détention ainsi que les conditions de travail pour les personnels. Il veut également éviter une sortie dite « sèche » et ainsi préparer la réinsertion, prévenir la récidive et lutter contre le suicide.
Imaginez plutôt : un établissement d'une capacité de 464 places, avec une superficie d'environ 33 000 m², comprenant jusqu'à quatre étages pour les quartiers en maison d'arrêt et trois sur le quartier maison centrale. Pour atteindre ses objectifs, l'administration pénitentiaire a aménagé des cellules individuelles, à savoir 8,5 m² en maison d'arrêt, 10 m² en ce qui concerne la maison centrale. Les étages sont ouverts avec des coursives, les cours de promenades sont végétalisées et l'établissement fait la part belle à l'apport de la lumière naturelle. De quoi égayer quelque peu ce lieu réputé sinistre. Les surveillants pénitentiaires peuvent quant à eux voir à tout moment leurs collègues, de quoi lutter contre la sensation de l'isolement parfois vécue dans d'autres établissements.

Maintenir les liens familiaux

Les coursives de la maison centrale. Un terrain de sport extérieur.

A cela, s'ajoutent pour les détenus des salles de cours, une de musculation, une bibliothèque, un gymnase, des terrains de sport extérieurs... Cinq heures d'activités encadrées par jour sont d'ailleurs obligatoires. Afin de limiter les déplacements et donc les risques d'évasion, des salles de consultations et de soins médicaux sont également présentes dans l'établissement. Et pour mieux préparer la réinsertion au-delà des hauts murs, l'administration pénitentiaire a également mis en place pour les personnes détenues en maison centrale (peine de longue durée) des ateliers de confection de chaussures en cuir (découpe et assemblage). Celles-ci sont destinées aux personnels des prisons.
Préparer sa sortie, c'est aussi renouer avec sa famille. Si des parloirs sont proposés, des unités de vie familiales ont aussi été aménagées afin que les détenus puissent partager des moments avec leurs conjoints et même leurs enfants. Dans certains cas, cette « parenthèse » peut durer 72 heures à l'intérieur même de l'établissement. Ces appartements comprennent plusieurs pièces dont un petit salon, une cuisine, une chambre, du mobilier pour les enfants, une petite terrasse, un salon de jardin, une salle de bains, etc. Un gardien fait toutefois des rondes régulières afin de s'assurer que tout se déroule convenablement. Car l'établissement, aussi moderne soit-il, voire agréable selon les cas, reste un espace de privation de liberté. Les hauts murs qui l'entourent, les portes fermées à clé, les verrous, les postes protégés, les miradors, les surveillants ou encore les affaires confisquées dès l'entrée le rappellent bien. Tout comme les câbles déployés dans les airs pour empêcher les évasions par hélicoptère.

Aurélien Tournier

En savoir plus /

L'alimentation en milieu carcéral

Au centre pénitentiaire de Valence, c'est la société Gepsa (filiale de Cofely GDF Suez) qui a remporté le marché de la restauration. Elle l'a à son tour confié à un sous-traitant, Eurest, une marque du groupe Compass. Mais ce dernier ne souhaite pas s'exprimer sur cette activité. Toutefois, Jean-Luc Neirynck, référent national de l'alimentation à la direction de l'administration pénitentiaire, a bien voulu nous expliquer l'ensemble du processus. Concrètement, les détenus valentinois se voit proposer trois repas par jour, à savoir le petit-déjeuner, le déjeuner et le dîner. Certains peuvent être sans porc ou végétariens. Ces repas sont préparés et cuisinés sur place, par des détenus affectés au service général, accompagnés de personnels d'encadrement d'une société privée (Elior). En amont, Eurest propose des menus de saison à la direction de l'administration pénitentiaire. Il faut dire que des consignes sont données quant à leur élaboration, comme par exemple l'apport calorique. Pour améliorer l'ordinaire, les détenus peuvent aussi acheter d'autres produits - à l'exception des produits crus et surgelés - en « cantine », à travers un catalogue validé par le chef d'établissement. « Certains détenus préfèrent par exemple cuisiner », nous explique-t-on. Enfin, difficile de dire si l'approvisionnement en produits est local. En effet, le code des marchés publics ne permet pas encore aujourd'hui de privilégier les circuits courts. Cependant, les centrales d'achat ont pour habitude de travailler avec des groupements de distributeurs, ce qui laisse à penser que certains produits sont régionaux.