Remaniement régional chez Claas

Depuis plus d'un an, c'était devenu un secret de Polichinelle dans le monde du machinisme agricole : « Les Etablissements Chavanel reprennent la concession Vassilieff ! » disait-on ça et là à qui voulait bien l'entendre. A la rumeur, des signes avant-coureurs laissaient présager de grands remaniements dans la distribution de la marque. D'abord, la dénonciation du contrat de diffusion dès l'automne 2014 par la marque allemande à chacun de ses trois concessionnaires savoyards et, enfin, un problème de succession dans l'entreprise Vassillieff de Pont-de-l'Isère (Drôme). Il n'en fallait pas plus pour se jouer de pronostics dans le milieu des distributeurs. Et puis l'information est tombée début août, directement de Claas France : « Les produits Class seront distribués à partir du 5 août 2015 par le Groupe Chavanel qui reprend les actifs et le secteur de la Concession Vassilieff... ».
Un esprit de famille
Marius Chavanel est un septuagénaire qui a bâti un empire à la force du poignet en un peu plus de quarante ans. Il a démarré au début des années 1960 comme représentant en machines agricoles aux Etablissements Tranchant, à Sales, en Haute-Savoie. Dès 1969, il se mettait à son compte en Savoie, à La Motte-Servolex. Au fil des années, entouré d'abord de son épouse Madeleine et plus tard de ses deux fils, Franck et André, tous deux quadragénaires, ainsi que de ses salariés, il a tissé jour après jour sa toile dans les départements des Savoie. Le développement de l'entreprise s'est fait autant en interne que par le rachat de concessions savoyardes. L'entreprise Chavanel est aujourd'hui présente dans les métiers de la machine agricole, de la manutention, du bricolage, du pneumatique, de la distribution du gaz et du séchage en grange. C'était jusqu'au rachat de la société Vassilieff six bases, pour 37 millions d'euros de chiffre d'affaires et 152 salariés.
Il règne dans cette entreprise un « esprit de famille » comme l'a rappelé son dirigeant lors du lancement de l'entité Chavanel-Vassilieff, le 8 septembre à la base de La-Côte-Saint-André, en Isère : « Ici, c'est comme chez Claas, nous ne dépendons pas d'un grand groupe financier mais, bien au contraire, nous sommes indépendants et l'entreprise Chavanel reste familiale. »
Ce jour-là, le microcosme du machinisme agricole était réuni autour de la famille savoyarde pour connaître la feuille de route de la nouvelle division Chavanel-Vassilieff. Devant un parterre d'élus, de fournisseurs, de banquiers, d'entrepreneurs et d'agriculteurs, Thierry Panadero, directeur Claas France et Europe de l'Ouest, a rappelé que la marque était née en 1913 et qu'elle est toujours dirigée par la famille Claas. Depuis 20 ans, la croissance de ce constructeur est exponentielle, aidée en cela par l'arrivée sur le marché, dès 1995, des nouvelles générations de moissonneuses-batteuses et, en 2000, par le rachat des tracteurs Renault. Aujourd'hui, le constructeur réalise 3,8 milliards d'euros de chiffres d'affaires et emploie 11 400 salariés à travers le monde. Thierry Pandéro a exhorté la famille Chavanel à participer activement à « l'aventure de la marque ».
Une nouvelle logique d'entreprise
Tour à tour, les dirigeants du groupe Chavanel se sont succédés à la tribune pour exprimer l'engouement que l'entreprise avait pour ce nouveau défi. La distribution de la marque sur la Drôme, l'Ardèche, l'Isère et la Savoie s'inscrit pour eux dans une nouvelle logique d'entreprise. Ils recherchaient depuis quelques mois une marque « full liner », c'est-à-dire de gamme longue qui va du tracteur à la récolte jusqu'à la fenaison.
Marius Chavanel - dans son allant habituel et fort d'un groupe qui comptera désormais 240 collaborateurs avec l'intégration de l'entreprise Vassilieff - prévoit encore sept à huit embauches dans les prochains mois et se fixe un objectif ambitieux de 70 millions d'euros de chiffre d'affaires pour 2016. Nul doute que cette grande concession de matériel agricole, la plus grande de Rhône-Alpes, la 22ème en taille sur les 76 distributeurs que compte la marque en France, saura remplir ses objectifs pour ne pas décevoir son concédant. Sinon le jeu des chaises musicales initié ces derniers mois par plusieurs constructeurs pourrait bien continuer. Mais une chose est certaine, la création de cette concession importante entretiendra encore dans les mois à venir le jeu inextinguible des remaniements de distributeurs des marques de tracteurs sur ces départements.
Roland Meunier