Remettre plus de sens dans nos assiettes

Circuits courts, circuits de proximité... Les Français sont de plus en plus attirés par une consommation éco-solidaire. Ces deux types de distribution font partie de la même famille mais ne sont pas exactement soumis à la même réglementation. Alors que le circuit court n'autorise qu'un seul intermédiaire entre le producteur et le consommateur, le circuit de proximité fixe la distance existante entre les deux - 30 kilomètres pour les produits agricoles simples comme les fruits et les légumes, 80 km pour ceux nécessitant une transformation. Un détail important pour l'Ademe, agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie. « Le critère de proximité » est essentiel car il permet une réduction des distances et peut conduire à une réduction des gaz à effet de serre ».
Modèles économiques probants
Les ventes directes à la ferme, les marchés, les Amap et les points de vente collectifs seraient donc la solution. Un producteur, un consommateur, aucun intermédiaire. Les Français l'ont bien compris. Cette habitude s'installe lentement mais sûrement dans les foyers. Les ventes directes concernent 28 % des exploitations rhônalpines contre 24 % il y a dix ans. Selon les dernières données publiées par Agreste en 2012, en Auvergne, la vente à la ferme concerne 63 % des exploitations impliquées dans les circuits courts. Malgré les efforts de l'État, les agriculteurs de la région demandent davantage d'aide et d'accompagnement. Les Jeunes agriculteurs réfléchissent à la création d'une plateforme structurée de vente directe de produits locaux. « Il faut se parler, mutualiser les compétences. Celui qui sait produire ne sait pas forcément vendre. Il y a un cap à passer », affirme Catherine Marcellin, chef du service économie agricole, agroalimentaire et des filières à la Draaf. « Cela suppose des modèles économiques probants, des achats groupés pour que producteurs et consommateurs s'y retrouvent ». Encore un peu balbutiante sur le sujet, la profession doit pouvoir et savoir se structurer pour répondre à un marché plus volumineux.
Créer des ponts
Alors qu'un Français sur deux estime ne plus savoir ce qu'il mange, beaucoup d'opérateurs ciblent le marché de la restauration collective. Sur ce segment, les potentiels de croissance semblent importants. « Dans notre région, 80 % des produits présents en restauration collective proviennent de régions lointaines », souligne Gérard Bazin, président de la chambre d'agriculture du Rhône. « Les collectivités n'exploitent pas assez les filières locales. Si on applique le code des marchés publics, le risque est de choisir les producteurs les mieux renseignés », reprend Catherine Marcellin. Quelle solution pour développer une production autonome régionale ? Localim, un programme national lancé en octobre dernier en lien avec le plan de soutien à l'élevage français, propose une boîte à outils pour inciter les acheteurs publics à dynamiser le marché local. L'objectif est simple : établir des ponts entre producteurs, transformateurs et acheteur en brisant la méconnaissance de l'autre. Et la peur pour les producteurs locaux, souvent seuls, de vendre à perte. « Ils ont besoin d'aide dans la logistique, l'acheminement des produits ». Des « solutions cruciales » sont indispensables pour valoriser un acte d'achat responsable et donner plus de sens au cycle de vie des produits.
A. Pelotier
Planète Appro : un Salon pour développer les circuits de proximité
Les 2 et 3 avril au Marché de gros de Lyon-Corbas se déroulera le premier Salon des professionnels des circuits alimentaires de proximité. Ce sera l’occasion de rencontrer l’ensemble des acteurs liés aux circuits de proximité : fournisseurs de l’amont, distributeurs, organismes de développement, prestataires de services, porteurs de projet d’initiatives locales, etc. Toutes les questions liées aux circuits de proximité trouveront une réponse lors de ce rendez-vous qui se déroulera sur plus de 2 000 m² avec une exposition de matériels de transformation, de commercialisation et d’élevage.