Accès au contenu
Expérimentation

Rencontre multifilière dans les Baronnies

Poursuivant au cœur des Hautes-Baronnies un important programme de recherche et d’expérimentation de techniques agricoles adaptées aux montagnes sèches, la ferme de l’Ardema vient d'organiser à Mévouillon une journée d’échanges professionnels multifilière.
Rencontre multifilière dans les Baronnies

Accueillis par Nathalie Gravier, présidente de l'Ardema*, et par le responsable administratif de la ferme, Benoit Chauvin-Buthaud, une cinquantaine d'agriculteurs de différentes filières, installés sur le territoire des montagnes sèches du sud de la Drôme, ont participé le 27 mai à Mévouillon à une journée « portes ouvertes ». Les essais sur espèces fourragères et plantes à parfum, aromatiques et médicinales (Ppam) conduits par les techniciens de la chambre de d'agriculture ont été présentés. Par ailleurs, deux thèmes concernant indifféremment chacune des filières de ce territoire du Sud-Drôme ont fait l'objet d'échanges : l'irrigation dans les Baronnies, d'une part ; l'utilisation de l'énergie solaire photovoltaïque en agriculture, d'autre part.

Ressource en eau et irrigation

Sur les bassins hydrologiques du Lez, de l'Eygues, de l'Ouvèze et de la Méouge, les surfaces irriguées représentent 1 330 hectares (ha), soit 3 % de la surface agricole utile (SAU), a indiqué François Dubocs, conseiller irrigation à la chambre d'agriculture. Un chiffre en diminution depuis 2000. Abordant le contexte réglementaire, il a présenté le schéma directeur d'aménagement et de gestion des eaux (Sdage). Son objectif vise à « atteindre l'équilibre quantitatif en améliorant le partage de la ressource et en anticipant l'avenir en vue d'une gestion durable et équilibrée de la ressource en eau ». Dans ce contexte très contraignant, l'irrigation repose sur un mix de trois possibilités : pompage en rivière, forage et retenue collinaire (ou réserve d'eau).
En ce qui concerne les prélèvements, les autorisations valables pour six mois sont coordonnées par la chambre d'agriculture dans le cadre de la procédure mandataire. Actuellement, les études « volumes prélevables » prévoient des réductions de 20 % en juillet et 40 % en septembre pour le Lez, de 40 % pour l'Eygues, de 30 % pour l'Ouvèze et de 50 % pour la Méouge. Fin 2015, les bassins du Lez, de l'Eygues, de l'Ouvèze et de la Méouge ont été classés en zones de répartition des eaux (ZRE). Ceci a pour conséquence la mise en place d'une gestion collective de l'irrigation par un organisme unique de gestion collective (OUGC).
La retenue collinaire est une solution intéressante pour stocker l'eau mais peut avoir un impact sur les milieux aquatiques et sur le régime hydrologique du bassin versant. La réglementation est plus ou moins complexe selon la situation et les retenues sont interdites dans le lit mineur d'un cours d'eau (barrage).
François Dubocs a aussi évoqué les possibilités de financement par l'Agence de l'eau, l'Europe, la Région et le Département.

Olivier Thiercy, François Dubocs, Nathalie Gravier et Benoit Chauvin-Buthaud ont animé la journée de rencontre à l’Ardema.

Solaire photovoltaïque

La matinée s'est poursuivie avec Olivier Thiercy, conseiller en énergie renouvelable à la chambre d'agriculture. A été évoquée l'opportunité pour un agriculteur d'utiliser l'énergie solaire photovoltaïque. Après un rappel sommaire du procédé et des caractéristiques d'une installation, il a souligné le très bon potentiel de l'utilisation de l'énergie solaire dans le quart Sud-Est de la France. Un agriculteur peut envisager d'investir seul ou de mettre à la disposition d'un investisseur une toiture ou un terrain. Le conseiller a également donné des informations sur le cadre réglementaire et la rentabilité des installations, ainsi que sur les évolutions prochaines.

Essais Ppam et fourrages

Cédric Yvin et Pierre-Yves Mathonnet, tous deux techniciens à la chambre d'agriculture, l'un basé à Montélimar et l'autre à Mévouillon, ont présenté les résultats des essais Ppam réalisés sur la ferme en 2015. Ont été mis en œuvre un programme de sélection variétale, des essais d'itinéraires techniques alternatifs en lavande de population, la mise en évidence de l'intérêt du semi direct et des techniques d'enherbement, la comparaison des systèmes de fertilisation sur la culture du lavandin. Parmi les expériences les plus innovantes, figurent les essais menés depuis deux ans pour protéger les plants de lavande bleue à bouquet sous des cages « anti-cicadelles », avec ou sans toit.
En matière de diversification des cultures en montagne sèche, Jean-Pierre Manteaux a présenté les essais de mélanges multi-espèces en prairie fourragère, essais de cultures céréalières en liaison avec des micros filières, choix des légumineuses et intérêt des variétés précoces. 

Alain Bosmans
* Ardema : association de recherche et de développement en montagne sèche.